La revue Phaéton, sous la houlette de l'écrivain Pierre Landete, nous revient cet automne avec un fort volume consacré à la ville de Bordeaux. La première partie constitue un ensemble de contributions universitaires.
Jean-Rodolphe Vignes évoque l'exil à Bordeaux de Gabriel de Tarega, médecin victime de l'Inquisition à la fin du quinzième siècle en Espagne, et le développement parfois tumultueux de l'hôpital Saint-André. Cet article très documenté pourra faire penser aux aventures de Zénon dans L'oeuvre au noir de Marguerite Yourcenar.
Viennent ensuite deux études très détaillées, (Charles-Henry Cuin, Gérard Hirigoyen et Amélie Villéger), sur Emile Durkheim installé à la faculté de Bordeaux mais impatient de rejoindre la Sorbonne pour faire connaître la sociologie naissante.
Le lecteur retiendra aussi l'hommage rendu à Ludovic Trarieux par Robert Badinter en 1984 grâce à la verve de Bertrand Favreau dans son texte intitulé L'inauguration. Garde des Sceaux en 1895, Ludovic Trarieux prend courageusement la défense de Dreyfus et se retrouve au ban de sa famille politique dévorée par l'antisémitisme. N'ayant pas la plume aussi acérée que celle de Zola, son combat connaît un retentissement moindre mais le conduit à fonder la Ligue française des droits de l'homme et du citoyen en 1898. Près d'un siècle plus tard, l'hommage de Robert Badinter n'est pas unanimement applaudi. La gangrène antisémite corrompt toujours certains esprits. La veuve d'un ancien bâtonnier lâche ce trait glaçant : "Après tout Dreyfus n'était peut-être pas coupable".
La partie centrale de la revue est consacrée aux écrivains qui ont séjourné ou vécu à Bordeaux, de la fin de l'Antiquité à nos jours. On retrouve Ausone, les inséparables Montaigne et La Boétie, le romantique allemand Hölderlin, la féministe Flora Tristan que la bourgeoisie bordelaise haïssait, Jean de la Ville de Miremont fauché par la guerre en 1914, et, plus près de nous, Jean Vautrin le gouleyant, Thierry Metz l'incomparable ou, encore, Jean Forton dont Pierre Veilletet (absent de cette brève anthologie) était l'un des plus fidèles admirateurs. Quelques auteurs vivants sont également présents dont Florence Vanoli, Brigitte Giraud, Eve de Laudec et Isabelle Mayereau, parolière et chanteuse qui connut la notoriété à la fin des années soixante-dix.
La dernière partie réunit des textes sans liens précis : traité d'héraldique, nouvelle policière, glossaire du bordeluche et questionnaire de Proust parmi d'autres curiosités. Notons plus particulièrement, sous la plume ciselée de Patrick Rödel, les relations ambivalentes que François Mauriac entretint toute sa vie avec Bordeaux ville de son enfance. " On oublie trop souvent que l'essentiel des romans mauriaciens n'ont pas Bordeaux pour cadre, mais ces bourgs des Landes où l'ennui est le terreau des plus sombres passions."
Enfin, Phaéton accorde une place non négligeable aux illustrations. La photo en médaillon de la couverture nous montre la fameuse Jaguar en équilibre au bord du vide dans un étage du parking cours Victor Hugo. On note aussi un dessin de Goya, autre exilé à Bordeaux, une gravure du temple des Piliers de Tutelle fort apprécié d'Ausone, une Nature morte et bouteille vide de Geneviève Larroque, un mascaron de la Place de la Bourse, une photographie de la Cité du vin signée Letizia Felici, une toile d'Alfred Smith montrant Le quai de Bordeaux, le soir en 1892...
La revue Phaéton est disponible dans les librairies bordelaises et parisiennes ( Les cahiers de Colette, 4ème ; Librairie Pippa, 5ème ; Amalivre, 15ème et Librairie de Paris, 17ème). Egalement sur internet pour la somme de 20 €.
image phaéton cervantes.fr
image Ludovic Trarieux dreyfus-culture.fr
La dernière partie réunit des textes sans liens précis : traité d'héraldique, nouvelle policière, glossaire du bordeluche et questionnaire de Proust parmi d'autres curiosités. Notons plus particulièrement, sous la plume ciselée de Patrick Rödel, les relations ambivalentes que François Mauriac entretint toute sa vie avec Bordeaux ville de son enfance. " On oublie trop souvent que l'essentiel des romans mauriaciens n'ont pas Bordeaux pour cadre, mais ces bourgs des Landes où l'ennui est le terreau des plus sombres passions."
Enfin, Phaéton accorde une place non négligeable aux illustrations. La photo en médaillon de la couverture nous montre la fameuse Jaguar en équilibre au bord du vide dans un étage du parking cours Victor Hugo. On note aussi un dessin de Goya, autre exilé à Bordeaux, une gravure du temple des Piliers de Tutelle fort apprécié d'Ausone, une Nature morte et bouteille vide de Geneviève Larroque, un mascaron de la Place de la Bourse, une photographie de la Cité du vin signée Letizia Felici, une toile d'Alfred Smith montrant Le quai de Bordeaux, le soir en 1892...
La revue Phaéton est disponible dans les librairies bordelaises et parisiennes ( Les cahiers de Colette, 4ème ; Librairie Pippa, 5ème ; Amalivre, 15ème et Librairie de Paris, 17ème). Egalement sur internet pour la somme de 20 €.
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