Remonter du sommeil comme d'une glaise trop humide. Cette sensation-là dans le soir aperçu par la fenêtre. Un vent fort s'est levé pendant qu'on dormait. La tourbe se sera tassée au pied du seringat. C'est là peut-être qu'on s'est enfoncé, dans un corps indéfini. Sans mémoire de sang.
*
On lit un livre sur les arbres. On lit un livre sur les pierres. L'éternité fragile dans les veines du bois comme dans les veines du galet. On s'apaise à cette idée qui réunit tous les corps. Le souffle accompagne mieux les humeurs dans la sonde. On décide que demain sera un jour étale. Sans éclats. On imagine déjà les traits du paysage qu'on portera en marchant dans la maison. On voit un cerisier au chevet d'un jardin sec. Un pétale tremble dans l'air. Une pointe d'obsidienne luit parmi des gravillons. Quelle entaille dans la rêverie du promeneur ? L'horizon est-il si ténu dans sa fuite ? On ramène sur soi la couverture de laine rouge. On a des fourmis le long des jambes. On pense aux arbres et on pense aux pierres. Au pétale qui n'en finit pas de trembler.
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On se souvient qu'on a été opéré à douze ans des végétations. On a gardé l'image d'un masque noir sur le visage. Comme un poulpe. Redoutait-on, déjà, les humidités des corps ? On ferme les yeux et le mot végétations vibre d'un sombre écho. Un arbre pousse dans la vessie. Racines de pierre au coeur des plis. Epanchements d'humus mais de quel ventre ? On pense à une mère dans ses fièvres. On noircit l'image. Quelqu'un d'autre aurait la tentation du bleu ou du jaune. A-t-on jamais vraiment aimé le bleu ? N'était-il pas trop vaste là où on a grandi ? Le jaune effrayait-il à ce point l'enfant perdu ? On ne sait plus dire. La mémoire se défait comme une terre pauvre. On ferme les yeux.
image planete-cristal.net
(Cet article est le quatre-centième de ce blog. Je ferai un petit bilan. )
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