La revue La piscine étant graphique autant que littéraire, je choisis cette fois-ci de donner la priorité aux images pour évoquer le numéro 3 autour du thème de l'éternel et de l'éphémère.
Après les aulnes d'Isabelle Rivière est une photographie qui nous montre le dos d'une femme. Elle porte un vêtement de corps pelucheux. Les lavages ont estompé les dessins d'ailes ou de feuilles en plein vol, certaines étant décolorées. Tout en haut du dos, à la limite entre le tissu et la peau, une marbrure reprend ce motif de l'aile et de la feuille. Dans un effacement troublant qui dit les solitudes.
Le vieil homme d'Audrey Kahl, également photographié de dos, est si maigre que ses omoplates pourraient percer sa chemise. Il se tient dans l'espace étroit de sa chambre, entre la table de nuit et le lit. A quoi occupe-t-il ses mains ? Audrey Kahl écrit : "Devant la porte de sa prochaine enfance, il se balance." Cette chambre est en fait une antichambre dont il ne reviendra pas.
Lavertezzo (village d'une vallée suisse) de Solenne Bouis montre la photographie d'un paysage pris dans une tourmente indéfinissable. Seul un arbre se devine clairement dans la masse noire piquetée d'éparpillements blancs. Proche de l'abstraction pure, cette image ne dit pas ce qui vole ainsi dans l'air. Mais, là encore, une grande solitude est palpable.
Emprunte-instants d'Armance de Seingalt photographie une silhouette assise sur un tabouret haut. On croit deviner son visage effacé tout en ayant l'impression qu'elle nous tourne le dos. Plus explicite, une femme debout pose son menton sur l'épaule de la silhouette cependant qu'une présence ombreuse tient l'image dans un équilibre qui angoisse le regard insécure.
Dans Fragile, la photographe Louise Imagine dévoile ce que la fleur du chardon a d'éphémère et d'éternel dans ses représentations symboliques. Deux mains, l'une claire et nue, l'autre floue sous une manche, tiennent ensemble la tige de la fleur. On ne peut pas savoir quelle main donne et quelle main reçoit. Il y a là tout un geste à supposer, délicat, presque invisible.
Tu ne pourras fuir d'Arnaud Martin est la photographie d'une peinture. Une silhouette visible seulement à partir du ventre semble marcher dans un espace plâtreux indéterminé. Quelque chose la pousse dans le dos et brouille les lignes de son visage. Voit-elle au moins quelque chose avec ses lunettes floues ? L'humaine condition est-elle ainsi absurde jusqu'au malaise ?
Parmi les photographes, le paysage [fissuré] de Pascal Reydet et celui plus métallique de Guillaume Flandre retiennent également le regard qui s'attarde. Mais donnons la parole à la petite fille de Tamara Jullien qui attend devant une porte fermée. "C'est quoi ? cette histoire de la vie", semble-t-elle nous dire.
De nombreux textes en vers ou en prose, brefs ou plus longs cheminent avec les images dans les durées de l'éternel et de l'éphémère. Le lecteur appréciera notamment ceux de Brigitte Giraud, Jean-Yves Fick, Audrey Gilles et Fabrice Farre. Signalons enfin Comédie humaine de Raymond Alcovère. Balzac rêve que Dumas, Proust (qu'il ne connaît évidemment pas) et Stendhal se retrouvent au purgatoire. L'eau-de-vie coule à flots. Les menteuses claquent du bec.
Bref ! Lisez cette quatrième livraison (il y a un numéro zéro) de la Piscine au prix doux de 15 €. En lien sur ce blog.
image 1 : Isabelle Rivière, Après les aulnes, loeildelaphotographie.com
image 2 : Audrey Kahl, Le silence des bavards, Kahl-instagram
image non disponible pour Solenne Bouis
image 3 : Armance de Seingalt, La sieste en août, armance-de-seingalt.tumblr.com
image 4 : Louise Imagine, Aube nouvelle, flaneriequotidienne.wordpress.com
image 5 : Arnaud Martin, Anachorète, artcompulsion.com
Ces images ne sont pas celles du numéro 3 de La piscine. Solenne Bouis peut si elle le souhaite adresser un cliché à l'adresse suivante : dboudou@wanadoo.fr
De nombreux textes en vers ou en prose, brefs ou plus longs cheminent avec les images dans les durées de l'éternel et de l'éphémère. Le lecteur appréciera notamment ceux de Brigitte Giraud, Jean-Yves Fick, Audrey Gilles et Fabrice Farre. Signalons enfin Comédie humaine de Raymond Alcovère. Balzac rêve que Dumas, Proust (qu'il ne connaît évidemment pas) et Stendhal se retrouvent au purgatoire. L'eau-de-vie coule à flots. Les menteuses claquent du bec.
Bref ! Lisez cette quatrième livraison (il y a un numéro zéro) de la Piscine au prix doux de 15 €. En lien sur ce blog.
image 1 : Isabelle Rivière, Après les aulnes, loeildelaphotographie.com
image 2 : Audrey Kahl, Le silence des bavards, Kahl-instagram
image non disponible pour Solenne Bouis
image 3 : Armance de Seingalt, La sieste en août, armance-de-seingalt.tumblr.com
image 4 : Louise Imagine, Aube nouvelle, flaneriequotidienne.wordpress.com
image 5 : Arnaud Martin, Anachorète, artcompulsion.com
Ces images ne sont pas celles du numéro 3 de La piscine. Solenne Bouis peut si elle le souhaite adresser un cliché à l'adresse suivante : dboudou@wanadoo.fr
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