Sa mémoire reste calme
Son pas est plus délié dans les rues dérobées
Pour inventer des histoires
De corridors interminables
Elle s’y perdra sans retour
A moins que dans sa foulée
Toute à ses anciennes peurs
Elle imagine une trouée comme une bouche
Et des sucs et des gangues et des muqueuses
Oh comment résister pense-t-elle
En s’accotant à une vitrine
Retournée à la poussière
Constance sent dans son corps
Un point de fièvre qui bat
Quelqu’un vient et son ombre est fragile
Sous la lumière basse
Vite il faut partir ne pas rencontrer son regard
Les yeux d’Emma sont des papillons
Dans la foule
Ou des oiseaux bariolés pourquoi pas
Pour mieux voir dans le gris et plus loin
Des touches de jaune des touches de vert
Tremblantes
Et c’est un paysage de nulle part
Qui apparaît
A composer selon l’humeur et la rumeur
Emma va retrouver son amoureux
Mais la passion a perdu des couleurs
Le fil des jours s’est émoussé
Comment tenir l’équilibre
Si l’amour ne tourne pas rond
Emma vacille un peu
La foule n’est plus qu’une échine
Sans frisson ni regard
Le gris a couché tous les désirs
Dans une fatigue sans nom
Le paysage n’a pas fini de se défaire
Emma voudrait être laide
L’eau après les bateaux qui s’éloignent
Mathilde se fond dans l’effacement
Du sillage
Son voyage est plus léger vers le grand
Large
Elle pense à son aïeule à ses amours tumultueuses
Le verbe qu’elle gardait haut
Dans le feu des passions
Et son souffle tourne court
Vite un appui contre le vertige
Mathilde se retourne vers la ville sans mirage
La lumière crue des vitrines la rassure
Une ombre sur la promenade
Croise un instant la sienne
Aussitôt disparue
Nastassia regarde la rue comme au cinéma
Passe un cortège de voitures noires
Une sirène en contrebas signe
Une urgence
Rien d’autre dans cette image qui
Traverse
Le corps immobile de Nastassia
Les mots manquent pour dire
La présence effacée
Les voitures pourraient passer longtemps encore
Et la sirène hurler dans l’air
Durci comme une pierre
A l’autre bout de la rue un homme
Pressé
Ferme une porte derrière lui et se
Dissout
La marche peut reprendre son cours improbable
Emma parle aux oiseaux
Posés comme des jouets sur la place
Un filet d’eau dans une vasque
Repousse au loin la rumeur de la ville
C’est un jour de bonheur qui fait couler
La langue
Le ciel n’a pas besoin d’être bleu
Quand les oiseaux répondent
Avec leurs facéties
Emma sautille et ses cheveux ont des ailes
Elle sourit au passant reconnu dans la foule
Qu’arpente-t-il sans cesse
Et qu’il ignore
Comment faire avec cette question tellement vieille
Mais voilà que d’un souffle
Le vent balaie tous les embarras
La lumière restera claire jusqu’au soir
Pierre Soulages ladepeche.fr
Pierre Soulages frenchmorning.com
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