Les grandes ruptures historiques, appelées "hiatus" par Peter Sloterdijk entraînent de fait des ruptures de légitimité. Les courroies de transmission des héritages y compris aux plans symbolique et imaginaire ne fonctionnent plus ou mal nonobstant les arrangements des pratiques ordinaires et les retouches aux dispositifs légaux. Les us et coutumes rangés au musée des vieilleries, place à la modernité qui multiplie les excédents de réalité pour assurer son pouvoir et créer ses propres légitimités !
En s'appuyant sur le célèbre "Après nous le déluge" de la marquise de Pompadour et le non moins fameux "Pourvu que ça dure" de la mère de Napoléon quelques décennies plus tard, Peter Sloterdijk revisite les grands hiatus de l'histoire mondiale. Les révolutions française et américaine, le léninisme, mais aussi le christianisme et le passage du moyen âge aux Temps modernes. Ces phénomènes concernent également les domaines de la littérature et de l'art,sans oublier la sphère privée familiale. Avec cette interrogation récurrente : "la question de savoir si la civilisation moderne mènerait à un nouvel enracinement de l'être-là dans le monde ou une fuite en avant hors du monde, travestie en progrès".
Si brillant soit-il dans son fort volume Après nous le déluge, Peter Sloterdijk n'en reste pas moins humble et lucide. Les études sur la filiation constituent encore aujourd'hui une terre inconnue pour la recherche et la méthodologie peine à retrouver des recombinaisons transparentes entre histoire sociale et histoire du droit, philosophie et littérature pour creuser "le motif de la descendance illégitime" qui constitue pourtant le sel de cet ouvrage.
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