Au petit matin un grand fracas nous a réveillés.
Les fenêtres ont explosé. Du verre partout.
Je suis descendue chercher la mémé. Elle dormait. Elle était sourde.
Mamama, lève-toi, il se passe quelque chose.
C'est peut-être la fin du monde, j'ai pensé.
Maman m'a dit : ne marche pas pieds nus.
J'ai préféré ne pas l'écouter.
J'ai couru à la porte. Suis sortie dans la rue.
Les voisins en pyjama, moi
en chemise de nuit,
le ciel, violet.
C'est la fin du moooonde ! - a crié la mémé.
J'avais treize ans, j'étais vierge et
ne croyais pas en dieu. J'ai couru mettre un pantalon.
Je suis retournée dans la rue. Tout le monde regardait le ciel violacé.
La terre continuait à trembler. La fumée
prenait mes poumons, je ne pouvais presque plus respirer.
Maman, c'est la fin du monde ? demande mon frère
en traînant par terre un sac à dos plein de petits soldats de plomb.
Maman à genoux, disant :
C'est ma faute, c'est ma faute, c'est ma très grande faute.
Les sirènes de la police, les balles perdues dans l'air.
Cris.
Maman debout enlacée à mémé.
Mon frère debout enlacé à maman.
Premier plan.
Je ne tiens pas debout et mes bras
ne parviennent pas à m'enlacer.
Deuxième plan.
J'ai couru au coin de la rue. Cinquante mètres.
Il n'y avait plus de coin.
Mes pieds ensanglantés.
Hors champ.
*
En la madrugada un estruendo nos despertó.
Las ventanas explotaron. Vidrio esparcido.
Bajé a buscar a la abuela. Dormía. Era sorda.
Mamama, levántate, algo está pasando.
Si esto es el fin del mundo, pensaba.
Mamá me dijo : no andes descalza.
Preferí no escucharla.
Corrí a la puerta. Salí a la calle.
Los vecinos en pijamas, yo
un camisón puesto,
el cielo, violeta.
¡ Es el fin del mundoooo ! - gritó la abuela.
Tenía trece años, era virgen y
no creía en dios. Corrí a ponerme un pantalón.
Volví a la calle. Todos mirábamos el cielo purpúreo.
La tierra seguía temblando. El humo
se apoderaba de mis pulmones, casi no podía respirar.
Mamá, ¿ es el fin del mundo ?- preguntaba mi hermano
arrastrando una mochila llena de soldaditos de plomo.
Mamá arrodillada en el suelo, diciendo :
Por mi culpa, por mi culpa, por mi gran culpa.
Las sirenas de la policía, las balas sueltas en el aire.
Gritos.
Mamá de pie abrazada a mi abuela.
Mi hermano de pie abrazado a mi madre.
Toma uno.
No puedo mantenerme de pie y mis brazos
no me bastan para abrazarme.
Toma dos.
Corrí a la esquina de casa. Cincuenta metros.
No había más esquina.
Mis pies ensangrentados.
Fuera de foco.
Ce poème de Luisa Fernanda Lindo se trouve dans l'anthologie Lima escrita, choisi par Carlos Villacorta Gonzales.
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