L'Etat...
L'Etat évoque le président de la République, les services publics qu'il assure (impôt, école, hôpital, police...) et le territoire qui délimite son champ d'action. Une réflexion philosophique permet de clarifier et d'articuler ces différentes dimensions.
Une réalité historique :
L'Etat est une forme d'organisation sociale spécifique à distinguer d'autres types de groupements humains (tribu, clan, cité antique). Elle a connu de nombreuses évolutions au cours des siècles depuis les monarchies absolues jusqu'aux Etats démocratiques contemporains.
Un concept politique et juridique :
L'Etat est défini comme l'autorité suprême qui s'exerce sur un peuple. Il ne doit pas être confondu avec les gouvernants. Les responsables d'un gouvernement changent, l'Etat reste. Le pouvoir étatique est permanent. Intemporel, situé au-dessus de la société, garant des lois communes, il veille (en principe) au bien de tous sans être la propriété de personne.
Un outil au service de la société :
Les services publics de l'Etat permettent d'harmoniser les relations entre les différents acteurs de la société civile (individus, associations, entreprises...). Ils garantissent (en principe) que les intérêts particuliers ne mettent pas en péril le bien commun.
... Et une société sans Etat ?
L'Etat étant souvent perçu comme une institution trop rigide, la tentation d'imaginer une société dont les membres seraient capables de veiller par eux-mêmes à la satisfaction de leurs besoins est forte.
Selon Thomas Hobbes, la rivalité pour obtenir des biens, la méfiance pour protéger ces biens et la fierté qui pousse les individus à des luttes pour le prestige sont le propre de l'homme et donc incompatibles avec une société sans Etat. Les hommes sont par nature incapables de vivre en harmonie s'ils ne sont pas soumis à une puissance supérieure.
Les hommes possèdent cependant un langage commun et la raison pour communiquer et s'entendre, et ainsi dépasser leurs conflits en prenant des décisions collectives. C'est le point de vue d'Aristote qui considère que l'homme est par nature un animal sociable et politique.
Il existe en effet des exemples historiques de collectivités organisées fonctionnant sans autorité supérieure. L'ethnologue Pierre Clastres montre qu'il existe des micro sociétés en Amazonie qui refusent toute hiérarchie et tout pouvoir institué supérieur aux membres du groupe. Ces arguments ne suffisent pas à prouver qu'une société moderne pourrait se passer d'un Etat mais montrent qu'on peut imaginer des rapports sociaux pacifiques et durables sans sa présence.
Le projet d'une société sans Etat devient légitime si on considère que l'Etat favorise certains intérêts particuliers au détriment du bien commun. Selon Marx, l'Etat est un "boa constrictor qui enserre le corps social" au service de la classe dominante qui contrôle la production économique.
La position radicale de l'anarchisme estime que l'Etat est une institution superflue voire dangereuse qui empêche la société de développer son plein potentiel. De la disparition de l'Etat ne naîtrait pas le chaos mais, au contraire, l'ordre spontané d'une société apte à s'organiser elle-même.
Il reste difficile d'imaginer nos sociétés actuelles privées d'un pouvoir centralisé mais réfléchir à une société sans Etat n'est pas inutile. Selon Locke, les peuples ont un droit de résistance lorsque l'autorité légale viole leurs droits fondamentaux (égalité devant la loi, liberté de la presse...)
PS : Les (en principe) sont de la main du rédacteur...
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