La culture et...
La culture englobe toute activité ou production humaine. Transmise de génération en génération, elle définit notre identité au niveau des individus, des groupes sociaux, des nations et même de l’espèce humaine. Elle s’opposerait donc à ce qu’il y a de naturel, d’inné, voire de sauvage en l’homme. Pour certains, elle marque la rupture avec le règne animal. Pour d’autres, elle n’est qu’un vernis qui cache mal notre nature profonde.
La
transformation de la nature par l’homme :
La
culture est une réalité universelle qui comprend des productions matérielles (vêtements, outils, œuvres d’art…),
intellectuelles (langues, idées…) et morales (habitudes, valeurs, croyances…)
Elle se réfère aux éléments qui sont acquis, inventés ou créés par l’homme,
puis transmis à travers les générations. Le phénomène culturel est donc au
fondement de l’histoire humaine.
Un
ensemble particulier d’institutions :
Dans une perspective sociologique
ou ethnologique, la culture est un ensemble de pratiques propres à une société
précise. La culture de la corrida en Espagne par exemple,
celle du théâtre No au Japon… Ces différents systèmes culturels évoquent la
notion de civilisation qui induit parfois une
hiérarchie entre les cultures. Certaines seraient plus évoluées, « le
ballet classique à Paris » par exemple, et d’autres plus barbares,
« les danses africaines ». Danger de racisme.
Un
développement individuel :
La
culture désigne ici l’ensemble des connaissances acquises par un individu qui
lui permet de développer ses idées, ses goûts, son jugement.
…La
dénaturation de l’homme ?
Pour
Jean-Jacques Rousseau, la faculté de se perfectionner, qui fait de l’homme un
être de culture, l’éloigne de la nature
et devient la source de tous ses malheurs.
L’homme « retombe plus bas
que la bête » lorsqu’il oublie ou est privé de ce qu’il a acquis. Ne
possédant plus l’instinct propre à l’animal, il est alors démuni. Et
devient moins bon, voire mauvais. Les guerres, les crimes, l’esclavage en
témoignent tout au long de l’histoire. Rousseau émet l’hypothèse que l’homme
primitif est innocent.
Pour
Edgar Morin, cette question n’est pas bonne. Les évolutions culturelles et anatomiques de notre espèce ont toujours
été interdépendantes, les avancées des premières rendant à chaque fois
possibles les secondes et réciproquement. L’espèce humaine se caractériserait
donc par le changement et l’acquisition plutôt que par une nature stable et
définie une fois pour toutes.
Et
Jean-Paul Sartre ajoute que l’homme s’invente lui-même au gré de ses projets.
Son existence seule le définit.
Difficile en tout cas de distinguer
en nous ce qui relève de l’inné et de l’acquis.
Le
devoir et…
Les
parents doivent éduquer leurs enfants, le soldat fait son devoir en tuant des
hommes et les citoyens doivent obéir à la loi. Le devoir désigne ici un
principe d’action qui semble s’opposer au plaisir ou à la liberté. Mais aider
un vieil homme à traverser la rue relève aussi du devoir. Dans ce cas, il nous
semble que nous sommes libres de ne pas le faire. Nous le faisons car une voix
intérieure nous y incite. D’où vient-elle ? Comment s’est-elle formée en
nous ?
Un
principe d’action :
Ce
principe circonscrit mes obligations. Ce
que je dois faire découle d’une loi ou d’un règlement qui détermine ma fonction
ou mon statut. Par exemple, un fonctionnaire ne doit pas afficher ses
opinions politiques ou religieuses. Cette obéissance fait-elle obstacle à notre
liberté ? Le devoir est-il une nécessité, une contrainte ? Un citoyen reste libre d’obéir ou non à
telle ou telle loi qui lui semble injuste. Mais de là à dire que le devoir
s’adresse toujours à un être libre, le modeste rédacteur que je suis émet des
doutes…
Une
obligation morale :
Elle
ne se réfère pas à un règlement ou à une loi mais au bien du point de vue moral. Mais comment la morale nous
prescrit-elle ses obligations ? Sont-elles
absolues ou seulement relatives ? Selon Kant, chacun peut découvrir ses devoirs
absolus en écoutant sa raison.
…
Le devoir d’aimer autrui
Dans
les Evangiles, Jésus dit : « vous aimerez votre prochain comme
vous-même. » Mais comment un
sentiment peut-il faire l’objet d’un impératif ? Kant distingue l’amour qui n’émane pas de notre volonté et la
bienveillance qui, elle, relève d’un acte volontaire. Efforcez-vous de
faire du bien à autrui, que vous l’aimiez ou non.
Pouvons-nous
cependant faire le bien indépendamment de notre sensibilité et de notre
intérêt ? Dans Le Fondement de la
morale, Schopenhauer soutient
qu’aucun homme ne peut faire abstraction de sa sensibilité. La forme impérative
prise par la morale n’appartient qu’à la morale théologique. Elle reste une
abstraction vers laquelle rien ne nous attire.
Et
pourtant des actes de justice et de charité existent. Ils ne proviennent pas
d’une loi morale mais d’une intuition.
Par-delà les siècles et les continents, les différences religieuses et
culturelles, nous savons où est notre devoir. Car nous sommes capables de compassion, dit Rousseau qui voit là un
« sentiment naturel ».
De
la compassion seule découlent les devoirs de justice qui nous portent à ne pas
vouloir nuire aux autres et les devoirs de charité qui nous portent à les aider. Le devoir n’est donc pas un principe d’action
abstrait. Au contraire, nous en avons l’intuition immédiate sous la forme
d’ « un acte dont la simple omission par moi cause à autrui un
dommage, c’est-à-dire, lui fait injustice ».
Nous avons le devoir de compassion
car il nous lie à l’ensemble des êtres vivants, en qui nous reconnaissons notre
profonde identité, et que nous devons aider.
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