mercredi 12 avril 2023

Fiches de secours pour le bac philo 2023 (5)

 

L’existence humaine…

Penser l’ensemble de l’existence humaine relève de la philosophie. La raison s’offre pour nous éclairer mais rien ne garantit qu’elle soit la seule voie possible tant l’homme reste parfois un mystère pour lui-même. Faudra-t-il constater le caractère insaisissable voire absurde de l’existence humaine ?

Seul l’homme existe au sens fort :

Exister au sens fort implique la conscience de soi. L’homme se représente le cours de son existence, se demande quel sens il peut lui donner. Il est à la fois acteur et spectateur.

Essence et existence :

Le mot existence (du latin sortir de) qualifie au départ la créature par opposition au créateur. En faisant exister les choses, Dieu les fait sortir du néant où elles seraient restées si telle avait été sa volonté. On peut alors les considérer sous le point de vue de l’essence (ce qu’elles sont) ou de l’existence (le fait qu’elles sont). Selon Leibniz, Dieu conçoit ces essences comme des possibles qu’il choisit de faire exister ou non.

Sartre pense le contraire. L’existence précède l’essence. Une fois au monde, l’homme doit se faire lui-même, par ses propres choix, il est donc responsable de ce qu’il est.

La condition humaine :

Sartre retient l’idée de « sortir de soi » car la conscience se projette vers un objet ou un avenir qu’elle veut se donner. Le vertige de la liberté et l’angoisse de la finitude devant l’imperfection de la conscience incitent à parler de condition humaine plutôt que de nature humaine.

…Et peut-on rendre raison de notre existence ?

Pour Leibniz, seule la métaphysique (au-delà des lois physiques de la nature) peut répondre à cette question fondamentale : Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Dieu a créé le meilleur monde possible parmi une infinité de mondes possibles. Le mal y existe dans la perspective d’un plus grand bien. Exemple : Judas trahit le Christ mais Dieu permet cette action pour que les hommes soient sauvés.

Mais toutes les souffrances peuvent-elles trouver une telle justification ? Dans Le concept de Dieu après Auschwitz, Hans Jonas montre que les horreurs nazies sont incompatibles avec toute théodicée (justification religieuse de la bonté par le mal lui-même).

Plus modestement, on peut essayer d’expliquer l’existence par les causes objectives de la science. L’homme n’échappe pas à certains déterminismes (éducation, milieu social, époque historique). Ainsi Auguste Comte veut rendre compte de l’existence humaine au moyen de la sociologie.

Merleau-Ponty préfère évoquer l’expérience vécue, la décrire plutôt que d’en rendre raison.

Selon Kierkegaard, la philosophie a laissé de côté la difficulté de l’angoisse voire du désespoir. Il lui paraît assez vain de vouloir rendre compte de l’existence du monde, il faudrait d’abord donner du sens à sa propre vie.

L’inconscient…

La psychanalyse désigne l’inconscient comme une partie de notre esprit qui nous est inconnue. Pourquoi certaines de nos pensées nous paraissent-elles si étranges ? A quel point l’inconscient détermine-t-il notre caractère et notre façon d’agir ?

Ce qui n’est pas conscient :

L’influence que la société exerce sur nous, dans nos habitudes et nos coutumes, voire l’idéologie, échappe à notre conscience : on n’a pas besoin d’y penser. Mais l’inconscient est un terme surtout employé en psychanalyse. Pour Freud, sont conscients les processus psychiques dont nous avons une perception immédiate. Par opposition, sont inconscients ceux qui sont actifs sans que nous le sachions.

Ce qui est refoulé par la conscience :

Le préconscient peut facilement devenir conscient. L’inconscient reste maintenu à l’écart de la conscience par le refoulement. Il est un ensemble de pensées non seulement inconnues du sujet mais refusées par lui. L’inconscient se heurte à une résistance ou une censure. Freud compare la vie psychique à « une arène où luttent en permanence des tendances opposées.

Ce qui nous détermine :

Sartre réfute l’idée que l’inconscient influencerait notre caractère et nos pensées. Le déterminisme de la psychanalyse est selon lui exagéré car il remet en cause notre liberté.

… Et une pensée peut-elle être inconsciente ?

Pour Leibniz, il faut distinguer « percevoir » et « apercevoir ». Nous ne nous rendons pas compte de toutes les perceptions qui ont lieu dans notre esprit. L’impression ressentie est proportionnelle à celle du stimulus extérieur. Par exemple, l’habitude d’entendre un bruit constant (comme celle d’une chute d’eau) fait qu’on ne le remarque plus alors qu’un bruit inhabituel attire notre attention. On peut donc également penser sans nous en apercevoir, de façon inconsciente.

Mais l’idée d’une pensée inconsciente est-elle vraiment pensée ? Le verbe penser signifie former des représentations : juger, imaginer, désirer, vouloir… Elles supposent nécessairement une forme de conscience. Selon Descartes, l’esprit est « la chose pensante ».

Ce que nous faisons sans y penser relève plutôt du corps que de l’esprit. La digestion et la  circulation du sang se font inconsciemment. De même on fait ses lacets sans y penser. C’est que la pensée ne se réduit pas à la conscience. C’est dans les moments de crise intérieure ou d’hésitation que nous sommes le plus conscients mais, le reste du temps, la pensée s’élabore sans attention particulière car la conscience n’est pas sollicitée.

La pensée doit être redéfinie comme vie intérieure qui se déroule sans que nous en soyons informés. Nietzsche considère dans Le gai savoir que tous les êtres vivants, à leur manière, pensent « même s’ils ne le savent pas. La pensée désigne une vie intérieure et intime, à la fois plus confuse, plus profonde et moins contrôlable, car elle est l’expression de l’instinct.

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