dimanche 16 avril 2023

Fiches de secours pour le bac philo 2023 (6)

 

 Le langage…

Le langage est un outil de communication mais dit aussi quelque chose du rapport au réel et de l’ensemble de nos représentations. Quand nous nous exprimons dans une langue étrangère, nous sommes souvent déstabilisés, comme si les mots nouveaux et leur grammaire ouvraient sur une autre représentation du réel.

Un moyen de communiquer et d’exprimer :

Le langage désigne tout système de signes et de règles permettant la communication ou l’expression. Un signe doit exprimer une chose et donc la rendre présente. Il doit pouvoir être perçu en tant que signe. On parle ainsi du langage de l’informatique, des fleurs, des corps…

Une faculté créatrice :

Le langage permet d’apprendre, d’utiliser et de créer des systèmes de signes. Ces systèmes sont appelés des langues et diffèrent en fonction des cultures. Le linguiste Ferdinand de Saussure observe que le lien entre le signifiant (image acoustique, le mot lui-même) et le signifié (la chose associée au signe) n’est pas naturel car il dépend de la pluralité des langues.

Celui qui est doté à la fois du langage et d’une langue jouit de la parole. Elle n’est pas nécessairement vocale : les sourds-muets parlent aussi. Elle est un acte singulier et créateur. Par conséquent, s’il existe bien un langage informatique, les ordinateurs ne parlent pas pour autant. Leurs messages ne résultent d’aucune intention personnelle, ils ne sont pas maîtrisés.

La question du langage animal :

La question est de savoir si le langage humain est plus perfectionné que le langage animal ou s’il y a entre eux une différence radicale.

…Et peut-on tout dire ?

Il nous arrive d’avoir du mal à nous exprimer. S’agit-il d’une défaillance de notre part ou notre parole est-elle impuissante à dire certaines choses ? Pour Hegel, la pensée ne précède pas le langage. Il n’y a pas, d’une part, une pensée pure (subjective et intérieure) et, d’autre part, une parole objective et extérieure qui la recueillerait. Nous ne prenons conscience de nos pensées que lorsqu’elles sont formulées. Puisqu’on ne peut pas penser en dehors du langage, car il révèle la pensée, il ne peut la trahir.

Il semble pourtant que nous rencontrions parfois les limites du langage quand nous cherchons à exprimer nos pensées. Soit nous avons une incompétence linguistique particulière, (alors que la parole participe de le pensée selon Merleau-Ponty) soit notre pensée est obscure. Mais pourquoi faudrait-il faire de la clarté le critère d’une pensée ? Nos sentiments et nos sensations ne sont pas toujours clairs. Ils sont toujours en mouvement et nous viennent par bribes éclatées et contradictoires. Leur vérité ne réside pas dans la forme logique du langage. Bergson considère que nos intuitions, complexes, échappent au langage qui va jusqu’à les dénaturer.

Cette insuffisance du langage manifeste en réalité sa puissance. Exprimer une réalité singulière implique de lutter contre la logique propre au langage. En se tournant vers un usage esthétique de la langue, débarrassé du souci de dire la vérité.

La liberté…

Les hommes aiment la liberté au point que certains sont prêts à se battre et mourir pou elle. Mais de quelle liberté parle-t-on ? La liberté politique octroyée aux citoyens d’un Etat ou la liberté personnelle, cette absence de contrainte dont il nous arrive souvent de rêver ? En outre, si la liberté est désirable, elle peut aussi être difficile à assumer. Et il y a peut-être des formes illusoires de liberté.

Un statut politique :

Dans les sociétés antiques, la liberté était réservée aux citoyens (ni esclaves, ni prisonniers). Ils étaient les seuls à prendre part aux décisions politiques. La liberté politique n’est pas l’indépendance totale mais le pouvoir de faire ce que les lois permettent.

Un pouvoir intérieur :

Il faut distinguer le libre arbitre qui permet d’opérer par soi-même et sans contrainte des choix et l’autonomie qui permet de poser soi-même la règle à laquelle on obéit. La liberté suppose la conscience pour évaluer les choix possibles et implique la responsabilité morale et juridique : si l’homme est l’auteur de ses actes, il doit aussi en répondre.

Une confrontation avec le monde :

On peut affronter des difficultés tout en restant libre de ses choix. La liberté s’éprouve donc dans l’action, dans la confrontation avec le monde, dans le travail qui peut nous permettre de réaliser nos volontés.

…Et est-on libre de changer le cours de choses ?

Il faut d’abord distinguer ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous. Selon les stoïciens, le cours des événements nous échappe mais nos pensées nous appartiennent. L’homme libre est le sage qui sait prendre du recul alors que la foule est aliénée. La liberté est un pouvoir d’agir sur soi-même et non sur le cours du monde.

Mais existe-t-il pour autant un destin qui s’impose à nous ? Les Anciens y croyaient mais, cependant, Epicure écrit : « l’avenir n’est ni tout à fait à nous, ni tout à fait hors de nos prises ». Aristote ajoute que l’homme est « le principe des futurs ». Rien n’est écrit d’avance.

Et pourtant de nombreux déterminismes peuvent peser sur nous. Le poids de l’inconscient selon Freud ou l’influence de la société selon Marx. Sans oublier les lois de la nature elle-même, dont les causes et les effets s’enchaînent de façon nécessaire. Or, la science n’a rien à voir avec la croyance ou le destin.

Pour Kant, l’homme est libre quand il peut imposer sa volonté contre son penchant naturel. Il prend l’exemple de quelqu’un à qui l’on propose de faire un témoignage sous peine de mort. S’il n’est déterminé que par son instinct de survie, il accepte immédiatement. Mais sa conscience peut lui dire qu’il peut refuser. Il est alors libre.

 

La nature…

Nous voulons dominer la nature mais nous devons aussi la préserver. Nous la connaissons par la science mais elle se dévoile aussi par sa beauté. Elle nous renvoie de plus à notre personnalité profonde dont on ne sait pas toujours quand la suivre et quand la réprimer.

C’est ce qui fait d’un être ce qu’il est :

A l’origine, il s’agit du principe interne de production et de développement d’un être. Dans un sens plus large, la nature d’un être désigne son essence, soit ce qu’il est en son fond, ce qui le définit.

On nomme « artificiel » tout ce qui ne résulte pas de l’action consciente de l’homme. On oppose aux instincts naturels et innés tout ce qui est conventionnel ou acquis, donc « culturel ».

C’est l’ensemble des phénomènes :

Dans la pensée moderne, la nature est l’ensemble des choses connaissables par la science et transformables par le travail. La maîtrise théorique permet une maîtrise pratique. Descartes dit que nous sommes capables de « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la Nature ». Cette nature est assimilée à la matière et l’homme, en tant qu’être pensant, lui fait face plus qu’il n’en fait partie. Mais, comme le dit Spinoza, n’est-ce pas considérer à tort l’homme « comme un empire dans un empire » ?

Nature et monde :

Aujourd’hui, notre souci n’est pas tant de dominer la nature que de la préserver. Hans Jonas alerte sur le caractère « périssable » et « fragile » d’une nature dont nous sommes devenus les « gardiens ». Au-delà de notre responsabilité, notre rapport au monde doit être repensé. On ne peut le réduire à un objet, donc à une nature connaissable et façonnable à merci.

…Et faut-il suivre la nature ?

Pour John-Stuart Mill, suivre la nature est un principe désastreux. L’action humaine infléchit au contraire le cours des choses pour faciliter la vie et trouver le bonheur. Ce serait aussi une doctrine immorale. Elle tue impitoyablement et à grande échelle les hommes bons comme les mauvais (maladies, catastrophes naturelles). Elle anéantit le fruit du travail. De même, elle inspire les mauvais sentiments (égoïsme, méchanceté…) qui semblent notre pente naturelle. Il est préférable de suivre notre raison. Sous la forme du calcul utilitariste : chercher toujours le plus grand bonheur possible pour le plus grand nombre de gens.

On ne peut prétendre déduire ce qui est juste de ce qui est naturel. Rousseau écrit que suivre ses penchants naturels ne peut pas constituer une règle de conduite. En fait, la culture corrige la nature, nous élève et apprend la maîtrise de soi. Pour Freud, la civilisation doit tout faire pour limiter l’agressivité naturelle. Sinon, l’homme reste un loup pour l’homme.

Mais l’homme ne peut totalement s’affranchir de la nature. Aujourd’hui, nous nous sommes trop éloignés d’elle. L’homme oublie que sa survie passe par la préservation des écosystèmes. Selon Jonas, il faut réinventer une « éthique de la nature ».

La raison…

Nous voyons la raison comme un guide pour nous orienter face à la réalité mais la philosophie envisage d’autres voies pour nous éclairer.

La raison est un pouvoir de l’esprit :

La raison permet de distinguer le vrai du faux et le bien du mal. Il y a donc un usage théorique (connaître le réel au moyen des idées) et un usage pratique (émettre des jugements moraux fondés sur des principes).

La raison veut rendre raison :

La raison a l’ambition de comprendre le pourquoi des choses mais aussi pourquoi elles sont ainsi et pas autrement. Ce qui aboutit à la métaphysique : connaissance des réalités immatérielles telles que Dieu, l’âme ou les idées au moyen des seules ressources de la raison (les concepts, la logique). Un tel projet théorique vise à nous réconcilier avec le monde.

La raison doit se critiquer elle-même :

La raison doit interroger  ses propres limites. Elle n’a d’usage légitime que dans les sciences où elle montre aussi ses limites, dit Pascal. Opposé au dogmatisme de la métaphysique, Kant propose une attitude critique de la pensée vis-à-vis d’elle-même.

… Et est-ce seulement par la raison qu’on peut accéder au réel ?

Pour Platon, les sens ne nous livrent que l’apparence des objets. La raison nous en fait connaître la réalité en nous permettant d’accéder aux idées dont ils ne sont que la copie.

C’est par la méthode dialectique, donc au moyen du seul discours, qu’on accède à la connaissance du réel. Par le jeu des questions et des réponses et au moyen de l’argumentation, on peut progresser vers la recherche de la vérité.

Dans La République, Platon imagine des hommes prisonniers d’une caverne. Ils prennent les ombres sur les murs pour la réalité. Ils seraient aveuglés si on les amenait au grand jour. Nous sommes tous dans la caverne, nous prenons le sensible pour la réalité et il nous est difficile de nous affranchir des apparences pour progresser jusqu’aux réalités idéales.

En effet, les sens nous trompent souvent. Descartes prend l’exemple du bâton qui, plongé dans l’eau, donne l’illusion d’être rompu. La raison rectifie cette erreur et l’explique par la réfraction. Elle est « la puissance de bien juger et distinguer le vrai d’avec le faux ».

Ce serait pourtant une erreur de croire que la raison permet à elle seule de connaître le réel car l’expérience reste nécessaire pour cela. L’empirisme est la doctrine philosophique qui considère que toutes nos connaissances sont d’abord le résultat de l’expérience.

De plus, notre rapport au réel dépasse la connaissance scientifique. Il n’est pas le fait de la pensée pure mais plutôt du corps et du quotidien, du travail, de l’art, etc. C’est pourquoi Heidegger dénonce la tyrannie du « principe de raison » : calculer, organiser, mesurer, rendre des comptes sont les obsessions de la raison. Il faut donc se garder à la fois de surestimer la raison et de la censurer.

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