jeudi 12 octobre 2023

Résistons à la pensée binaire, elle tue !

 Un jour ou l'autre, soit par lassitude intellectuelle soit par corruption idéologique, tout le monde cède à la pensée binaire.

Le drame vécu par les populations civiles en Israël depuis  ce samedi 7 octobre et maintenant à Gaza génère sur la scène politique française un insoutenable déchaînement de cette pensée binaire et c'est toute la conscience humaine qui sombre dans ses bas-fonds.

Ainsi, la plupart des députés de LFI refusent de convenir que le Hamas est une organisation terroriste et que la tuerie lors de la rave-party (désert du Neguev, 260 morts) et dans les kibboutz de Kfar Aza et Beeri (de 100 à 150 morts) constitue un crime contre l'humanité.

De l'autre côté de l'échiquier politique, une partie des Républicains et le RN (lequel espère lifter ses penchants délétères) proposent la suppression totale des aides financières, économiques et humanitaires à la population gazaouie déjà pourtant exsangue. Cependant qu'un ministre israélien la compare à des animaux alors qu'elle sert de bouclier aux bourreaux qui la gouvernent. 

Ces raidissements, assimilables à une forme de tribalisme, cabrent les corps et aveuglent les regards. Le langage est une thrombose où la langue se noie. Déprendre le soi du syndrome du camp retranché relève ici de l'utopie. 

Et pourtant. Avec la volonté de l'intelligence appliquée au concret, il serait possible de recouvrer la dignité la plus élémentaire. En déconstruisant les représentations acquises d'une situation qui dure depuis trop longtemps. Pour ne pas se tromper de cible. Les hommes à abattre jusqu'au dernier sont les chefs du Hamas et du Hezbollah libanais. Mais comment faire sur le terrain ? Avec quels moyens matériels et technologiques ? Tsahal cède déjà à la tentation de la terre brûlée. Les bombes sur Gaza répandent le sang des citoyens mais pas celui des dignitaires fanatiques et de leurs suppôts, à l'abri dans leurs bunkers et leurs souterrains, avec d'abondantes réserves d'eau et des générateurs d'électricité. Quant à Benyamin Netanyahou, d'extrême-droite, on ne saurait attendre de lui aucune modération pour épargner les civils. Espérons que le nouveau gouvernement de coalition, avec l'aide de la communauté internationale, saura mener des actions efficaces en évitant au mieux ce qu'on appelle pudiquement des dégâts collatéraux. D'autant qu'en France l'hydre antisémite, dont les têtes n'ont jamais été coupées, déverse ad nauseam son venin sur les réseaux sociaux. Le ministère de l'intérieur enregistre à ce jour plus de cent signalements. Et ce n'est pas l'interdiction des manifestations pro-palestiniennes sur le territoire national qui en tarira le flux. Cependant, la crainte du retour des attentats selon le mode opératoire du Bataclan ou de l'Hyper casher est légitime. Avec, en arrière plan, la jouissance mortifère des mollahs iraniens parmi d'autres...

En attendant l'évolution de cette situation inextricable qui ne pourra se résoudre que par la création d'un état palestinien démocratique, il s'agit d'affirmer un soutien sans faille aux familles israéliennes qui pleurent leurs morts et redoutent le pire pour leurs otages. Gardons en mémoire que même des bébés et des vieillards ont été décapités. Les Gazaouis ne sont pas des animaux mais les "fous" qui les oppriment, eux, sont pires que des animaux. Gloire enfin aux nombreux civils qui rejoignent l'armée et aux réservistes expatriés qui rentrent au pays. Comme l'a dit l'un d'eux, à mille milles de toute pensée binaire meurtrière, "que l'on soit de gauche ou de droite, religieux ou pas, l'important est de défendre le peuple et l'homme dans sa dimension universelle".

 

1 commentaire:

  1. Merci pour cet excellent papier .. qui a le mérite de l'intelligence ce qui semble se faire rare en ces temps tourmentés

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