mercredi 3 juillet 2024

Je ne parviens pas à y croire


Je ne parviens pas à y croire.

Un poète, connu et reconnu, s'apprête à voter pour le Rassemblement National. 

Je ne parviens pas à y croire. Je me dis qu'un homme de culture tel que lui, au moment ultime, ressaisira son entendement. Les voix de Montaigne, de Camus, de Morin, de Simone Veil et Geneviève de Gaulle-Anthonioz viendront à son secours.

Mais je me dis qu'un autre intellectuel de haut niveau, Raphaël Enthoven, tient les mêmes propos et il n'est pas le seul. 

Alors quoi ?

Je ne sais pas.

Mais tout de même ! Un poète !

De surcroît porté à l'humanisme par sa foi catholique !

Non. Je ne parviens pas à y croire. 

Je ne parviens pas à comprendre.

Comment les représentations symboliques et imaginaires de cet auteur, de cet honnête homme, ont-elles pu céder aux sirènes d'une idéologie ségrégationniste ? Comment peut-il se plier aux mantras de l'ipsédixitisme vomi à longueur d'antenne sur tous les plateaux télévisuels ? Comment, dans les profondeurs de sa psyché, les forces de la débâcle terrassent-elles toute autre considération ?

Comment ? Comment ?

Il dit qu'il combat l'antisémitisme. C'est absolument nécessaire.

Il dénonce Mélenchon dont les outrances répétées sont en effet très détestables. Son incapacité à reconnaître que le Hamas est un nid de terroristes qui assassinent le peuple palestinien estomaque bien du monde à gauche.

Et il dénonce aussi Macron, son "fascisme en layette rose". Oui. Vous avez bien lu : "fascisme en layette rose".

Quelle inversion dans les valeurs morales !

Macron est criblé de défauts mais fasciste, non. Ben non !

 

Loin de moi l'idée d'opposer mécaniquement un camp du bien à un camp du mal. Il me reste assez de philosophie et de connaissances historiques pour ne pas m'aventurer dans cette voie stérile.

Mais. Mais.

Est-ce à dire qu'un anti-arabes est plus fréquentable qu'un antisémite ? 

Est-ce à dire qu'un Libanais a moins le droit de vivre qu'un Israélien ?

Bien des écrivains, Semprun, Lévi, Littell..., ont démonté les engrenages qui broient la pensée de l'homme ordinaire et la poussent vers l'abjection. Il est avéré qu'il y avait à la tête du troisième Reich des intellectuels pour entériner la Solution finale.

Et j'entends mon poète se récrier : l'histoire n'est pas une photocopieuse. Bardella n'est pas Hitler. Il a raison.

Mais alors, pourquoi écrit-il que Mélenchon et sa bande sont des "bolcheviques hirsutes et livides" ?

L'histoire n'est pas une photocopieuse, ni dans un cas ni dans l'autre. Ah ! Monsieur le poète, vous perdez votre assiette et voyez la lumière à l'endroit des ténèbres. Je vous prédis bien des "pesanteurs de tête" si, le 7 juillet, vous y ajoutez la perte de l'honneur.



2 commentaires:

  1. Je ne sais pas de quel poète tu parles, mais que dire d'un chasseur acharné de nazis ?

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  2. Enthoven, intellectuel de haut niveau????

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