( Le réel a, dit-on depuis la nuit des temps,
un double. Et ce double a aussi un double
qui a un double. Dans le hors-soi et l'ensoi.
Une multitude de mouvements se met en branle.
Et c'est ainsi que le réel n'en finit jamais de
ricocher.)
Nos parages de pierre nous perdent dans des coulisses de plomb. Des murs se dressent derrière les murs. Nous voyons des oiseaux traverser les étoiles aussitôt effacées. Nous entendons leurs chants engloutis par le souffle des confins. Et le temps ne dure plus autant avec la lumière. Sa texture s'est détirée. Quelques fissures sont apparues que notre conscience ne sait pas réparer. Le phénomène s'aggrave. Les fissures sont devenues des lézardes. Les lézardes sont devenues des brèches. Les brèches deviendront des précipices. Le futur y trébuche et nos corps y convulsent. Le passé réveille des souvenirs qui ne sont pas les nôtres. Le chant des oiseaux macère dans son sang.
Nous devons partir. Retrouver qui nous sommes. Hors les murs. Quatre cavaliers en redingote et une demoiselle à l'éventail ont osé le chemin des ponts sans parapet et des sables au bord de l'eau. Quand ils sont revenus, leur langue bondissait comme des cerceaux abandonnés sous le vent vert. Elle embrassait les rondeurs d'étain de la lune. L'espoir luisait.
Mais. Mais.
Y avait-il encore un lieu pour les mots ? Pourquoi se sont-ils éteints ?
Quelque chose a grondé sur les montagnes et dans les ventres. Les crinières des chevaux se sont dressées comme des épées. La demoiselle à l'éventail a pleuré. Les gestes des cavaliers suintaient la peur.
Peur des oiseaux lamés d'acier dans les orages. Peur des nuages d'où tombait une pluie jaune. Peur des arbres dont les troncs suppuraient. Peur des chancres flottants sur la crête des eaux et des ombres sans peau. Peur des rêves qui eux-mêmes avaient peur.
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(Le lieu des mots se trouve, qui sait,
dans les larmes de la demoiselle à l'éventail
quand elles se mettent à rire. Et ils ricochent,
cochent les cases du réel sans cesse décomposées.)
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