dimanche 23 juillet 2017

Sauvons la librairie Moreira da Costa à Porto !

Résultat de recherche d'images pour "livraria moreira da costa porto"Salah Al Hamdani et Isabelle Lagny, écrivains, découvrent à Porto la librairie Moreira da Costa. Ils sympathisent avec Angelo Miguel Gonçalves Carneiro qui leur montre quelques livres précieux. La sympathie grandit. La conversation prend un tour franchement amical. Miguel Carneiro conduit ses hôtes jusqu’à la cave et c’est l’éblouissement ! Ici repose depuis 1902 l’un des trésors culturels de Porto. Des milliers d’ouvrages très anciens en parfait état de conservation. Certains datent du dix-septième siècle et sont probablement des éditions rares, y compris dans la langue de Molière.
Miguel Carneiro est très ému. Il dit : «  Dans ma famille, nous sommes libraires depuis cinq générations. » Et il ajoute, en français : « Voilà mon paradis ! »
Mais un voile de tristesse traverse ses yeux :
« Le propriétaire de l’immeuble ne souhaite pas renouveler notre bail. La mairie de Porto doit décider dans les jours qui viennent de notre déménagement en banlieue. »
Soit avant la fin de ce mois de juillet. Une catastrophe pour Miguel Carneiro, son père et sa femme !
IL FAUT DONC SAUVER LA LIVRARIA MOREIRA DA COSTA.
En voici les coordonnées :
Livraria Moreira da Costa
Rua de Avis, 30   Porto
Tel (351) + 222 007 524
Voici aussi les coordonnées de la mairie de Porto :
Câmara Municipal do Porto
Geral : 222 097 000
Direção Municipal da Cultura e Ciência ˃ Departamento Municipal de Cultura
Maria Sofia Huet de Bacelar Sà Alves
Amis des livres, dépêchez-vous, il est presque déjà trop tard. Vous pouvez écrire en français, en anglais, en espagnol et en portugais bien sûr. Vous pouvez aussi demander Angelo Miguel Gonçalves Carneiro en ami sur Facebook pour lui témoigner votre soutien moral.
LES LIBRAIRIES SONT AUSSI DES ARMES CHARGEES DE FUTUR.

image de la librairie

mardi 11 juillet 2017

Retourner à Angoulême, 4

Résultat de recherche d'images pour "jean claude pirotte"Enfant, il venait là chaque automne, chaperonné par la vieille dame en gris qu'il appelait mémé. Le jardin vert. Il s'étonnait de ce nom mais n'en faisait pas part. On n'avait guère l'habitude, dans le village où il subsistait, des questions inutiles. Il y avait trop à faire avec les vaches et les veaux, les verrats, les cochons, et même les poules donnaient de l'ouvrage.

Au jardin vert, la vieille dame et l'enfant s'asseyaient toujours sur le banc du bassin au phoque et mangeaient à midi des tartines avec du jambon ou du fromage blanc. Une demi-pomme, une banane pas trop mûre, qu'un verre de limonade faisait couler, terminaient ce repas sur le pouce. 

L'enfant s'étonnait aussi du phoque : ses longues moustaches, sa peau luisante, les cris qu'il poussait. Etonnement tu encore, un autre prenant aussitôt la place dans sa tête venteuse. Les voitures par exemple : Aronde, Frégate, Simca Montlhéry, Panhard comme celle de l'instituteur, Traction avant plus noires que les corbillards, DS presque silencieuses et c'était comme une magie hors d'atteinte, surtout quand la berline était décapotable.

Puis deux heures sonnaient aux clochers à l'entour. La vieille dame et l'enfant se rendaient au cinquante-cinq rue de l'Arsenal. Il y avait là le magasin de vêture de l'assistance publique. On y fournissait le trousseau de l'année. L'enfant n'essayait pas les pantalons de gros drap. Ni les chaussures montantes pour l'hiver ni les sandalettes pour l'été. Un béret, survivance des années d'occupation, complétait le lot qu'on emportait le soir dans deux valises en carton bouilli.

Il ne fallait pas manquer le car qui partait de la place Bouillaud. Une heure de voyage à tressauter parmi des grands-pères à bretelles, des fumeurs de Gauloises papier maïs, des demoiselles de cinquante ans qui avaient raté leurs épousailles avec le seigneur, des boiteux et des boiteuses mal guéries de la polio, des cages à poules et des cages à lapin, des chiens pelés qu'on ne tenait pas en laisse.

L'enfant ne fermait pas les yeux. La fatigue le prendrait plus tard, vers ses quinze ans. Il regardait les champs, les poteaux en bois des lignes électriques, les bornes jaunes de la départementale, quelques bottes de paille oubliées, deux ou trois places où des buveurs piquaient du nez sur le Pernod.

Pensait-il à quelque chose ? L'assourdissant fracas de la carcasse du car l'amenait-il seulement à rêvasser ? 

Aujourd'hui, plusieurs décennies ayant glissé, instables durées, l'enfant juxtapose deux images :

Première image. L'enfant pousse la porte du cinquante-cinq rue de l'Arsenal.
Deuxième image. Au même instant, à deux kilomètres, sa mère qu'il ne connaît pas prépare le repas pour ses soeurs.

image de Jean-Claude Pirotte qui connut bien Angoulême et ses promenades.

image espritsnomades.com

Retourner à Angoulême, 3

Résultat de recherche d'images pour "angouleme"Dans une bourgade proche, chez l'une des cinq soeurs, on partage de midi jusqu'au soir salades et cochonnailles, vins rosés et vins rouges, mignonnettes allemandes à la prune ou au citron, à boire d'un trait comme à la régalade, en tenant sur le bout du nez la capsule en équilibre. On cause. On rigole. On prête l'oreille à tout ce qui fuse, petits mots, petits gravillons, petits éclairs dans l'éparpillement des joies. On dit des bêtises. On essaie de retrouver ce qu'on a oublié d'anglais pour échanger avec le couple allemand de la famille, venu en voiture de Stuttgart, mille kilomètres. 

Des enfants passent. Epanouis et rieurs. Une petite Bérénice cherche son Aurélien cependant que Juliette s'entraîne à la marche sur le parquet qui ondule de la terrasse. Passent aussi deux joueurs de foot en herbe et en boutons pour cause de varicelle, Enzo et Timéo. D'autres encore. Nino. Charline. Eléa qui plus tard ouvrira une académie de philosophie dans les nouveaux jardins d'Elée.

On se dit que ces enfants vivront des choses formidables. On se le répète. Encore et encore, fidèle qu'on demeure au pari pascalien. Puis on a le sourire pâle. Qu'a-t-on vécu, nous, de formidable ? Existerait-il une échelle du formidable, couchée dans une grange qu'on n'aurait pas vue ? Pas voulu voir ?

On boit un verre de vin capiteux comme on les assemble dans la région des Gigondas. Le sang du peuple. La sangre del pueblo. Quel beau nom pour un vin ! On monterait pour un peu sur la table et on adresserait aux cieux une harangue. On voudrait casser la margoulette à ce Dieu mort et enterré qui nous a dédaignés. Mais c'est pas là-haut qu'on la trouv'ra cette putain d'échelle du formidable. L'ici-bas colle à nos semelles et à nos rêves ordinaires. 

L'un des deux joueurs de foot traverse avec son maillot rouge de Barcelone. On lui caresse la tête. Il ouvre ses grands yeux clairs. Là est peut-être le premier barreau de l'échelle. A portée de soi et des autres. Un levain à pétrir. En un subtil dosage des perceptions et de la pensée. Une philosophie pratique. Allons, le deuxième barreau de l'échelle est solide aussi. Prenons-en le chemin et.

lundi 10 juillet 2017

Retourner à Angoulême, 2

Résultat de recherche d'images pour "palais de justice angoulême"Dimanche 9 juillet. Huit heures quarante-cinq. Pas un troquet pas une mobylette dans les rues du quartier du Palais. Je marche. Je pense que Simenon aurait pu donner une suite à son Homme de Bergerac. L'homme d'Angoulême. Oui, la lenteur de la ville autoriserait cela. Je marche encore. Je retrouve le restaurant La braise où je dînai hier. Repas convenable certes mais des hésitations dans le service. Des maladresses aussi. Péché véniel.
Entouré que je suis de violet en l'hôtel du Palais, moquette violette, lambris violets, table et radiateurs violets, me voilà fort toqué de la mitre épiscopale.
Sur la place Francis Louvel (1917-1944, Résistant fusillé à la Braconne), j'entends l'eau dans la fontaine. Cette permanence-là, de l'eau qui coule, avec le même bruit qu'elle a toujours eu, quels que soient les tumultes à l'entour. Et qui me ramène à ma condition de mortel. 
Voilà. C'est tout. Les souvenirs restent tranquilles dans leur boîte. Mes gestes ne retrouvent pas la fragilité adolescente qui les faisait trébucher. Il va être dix heures et le clocher de l'église Saint-André sonnera. Une autre permanence, plus affirmée, plus ancienne encore. L'homme d'Angoulême de Simenon rase les murs. Il vient de tuer son oncle qui l'a déshérité. Il envisage de fuir en Amérique du Sud. Ou au Dahomey. La fortune y sourit aux audacieux. On a vu des demi-sel s'enrichir en deux ans du commerce du bois. Mais L'homme d'Angoulême sait au fond de lui qu'il ne partira pas. Il n'a jamais su quitter sa mère.
Voilà. C'est vraiment tout. Ah ! non ! Pas complètement. Je note que la ville d'Angoulême a dû passer un marché avec Haribo qui a ramené sa fraise. On en trouve dans les salades de fruits frais et avec les grands crèmes.

Retourner à Angoulême, 1

Résultat de recherche d'images pour "hotel du palais angouleme"Prendre quai de Paludate à Bordeaux un Ouibus à destination d'Angoulême pour la modique somme de cinq euros quarante-cinq taxes comprises.
Lire pendant le voyage deux nouvelles amusantes de Sylvain Tesson avec la Russie de Poutine en toile de fond.
S'amuser des consignes de sécurité qui passent en boucle sur l'écran de l'autobus, en anglais et en français, le chauffeur étant dénommé "capitaine". 
Comprendre que le texte a été traduit de l'anglais  et non pas du français et expliquer ainsi ce curieux "capitaine".
Somnoler.
S'étonner du terminus à l'hôpital de Girac. Sous une chaleur qui plombe les gendarmes au ras de l'herbe. Prendre la ligne 1 pour un euro et quatre-vingt centimes et descendre en face des jardins de l'hôtel de ville.
Se souvenir qu'en mille neuf cent soixante et onze, jeune lycéen à Guez de Balzac, on venait s'y asseoir pour ne rien faire, hébété qu'on était déjà. 
Se rendre à l'hôtel du Palais, discuter avec l'hôtesse d'accueil fort sympathique et prendre possession d'une chambre dans les tons parme. Caresser le bois brut de la porte d'entrée, la pierre apparente et ses mémoires de fossiles.
Manger deux gâteaux secs au citron et boire des verres d'eau tiède avant d'inventer l'eau chaude.
Penser un peu. Mollement.
Commencer à entrer dans le souvenir. Andante.
Chercher sur le smartphone la librairie la plus proche pour faire deux cadeaux.
M.C.L. "Ici on aime les livres."
Considérer que La zone du dehors d'Alain Damasio conviendrait pour l'un d'eux.
Regarder la façade du Palais de justice construit en 1826, qui a des teintes de blonde de Saint-Emilion dans un ensemble proche du tuffeau tourangeau.
Ecrire ce texte en remerciant Georges Perec.
Attendre.
Sortir.
Flâner. 
Revenir. 
Sortir encore.

vendredi 7 juillet 2017

Dictionnaire des mots rares et précieux, lettre d

Résultat de recherche d'images pour "faux"En quatrième de couverture, les mots de Jean-Claude Zylberstein, directeur de la collection "Domaine français" chez 10/18 :
"Le meilleur moyen de préserver et même de développer l'usage de la langue française n'est certainement pas de prononcer des ukases et, à ce propos, de prétendre légiférer ou réglementer par décret. Non, c'est plutôt de s'y plonger avec gourmandise, en s'enivrant - s'il le faut - de ses mille ressources, délices et parfois énigmes. C'est pourquoi et en quoi ce Dictionnaire des mots rares et précieux est tout à la fois un outil de savoir, de recherche, de découverte et disons-le, enfin, de plaisirs infinis."

Dail, n. m. Pierre dure servant à aiguiser les faux.
(Ma grand-mère utilisait le mot dail pour la faux elle-même. Des gens trop fiers à son goût, elle disait : "Queu-là, i s'mouche pas avec un dail.)

Déhortation, n. f. Discours par lequel on dissuade quelqu'un d'accomplir une action.
(Alors que le mot exhortation tombe en désuétude chez les moins de trente ans, est-il raisonnable d'essayer de réintroduire son antonyme ?)

Demoisellage, n. m. Cout. anc. Célibat.
(Ce mot devrait figurer dans un cabinet de curiosités tant son goût en bouche est délicat quoique un peu suri.)

Dendrologie, n. f. Partie de la botanique qui traite des arbres.
(A cause des dendrites, j'aurais parié qu'il s'agissait de la science des cerveaux. Mais les arbres ont peut-être des cerveaux. Ne dit-on pas qu'ils pensent et communiquent entre eux...)

Détranger, v. tr. Détruire les taupes, les mulots et autres animaux nuisibles dans les jardins.
(Imaginons que ce verbe vienne à la connaissance du doux pays d'Aubagne où stagnent tant d'obsessions, imaginons l'extension qu'ils en feraient, avec les étrangers non européens...)

Diaphorèse, n. f. Méd. Transpiration
(Ayant confondu vitesse et précipitation, ces runners impénitents grattaient nerveusement leurs aisselles où sévissait la diaphorèse.)

Diplôme, n. m. Sorte de récipient muni d'une double paroi pleine d'eau, qu'on emploie pour chauffer au bain-marie les corps placés à l'intérieur.
(S'étonner toujours de ce qu'un mot peut avoir des sens tellement différents, au long cours de l'histoire de l'étymologie et des usages.)

Divan, n. m. Recueil de poésies arabes.
(Le lire en buvant une dive bouteille, les doigts de pieds en éventail sur le divan.)

Donzelle, n. f. Nom vulgaire d'un poisson, l'ophidie barbue, qui ressemble à une petite anguille et vit dans la Méditerranée.)
(Ecrire "Je vais pêcher des donzelles." ne pourra plus être considéré comme un propos misogyne. L'essentiel, c'est que ça frétille.)

image etymologieoccitane.fr

jeudi 6 juillet 2017

Dictionnaire des mots rares et précieux, lettre c

Résultat de recherche d'images pour "corbillard"Cacographie, n. f. Orthographe vicieuse.
(Aujourd'hui toute orthographe est une cacographie tant le sens même ordinaire s'en est perdu. Mettre un s voire un x au pluriel, voilà bien une cacographie don l'honête home se passerai volontié.)

Cagnard, n. m. Lieu ensoleillé à l'abri du vent. Toute espèce de coin pouvant servir d'abri aux vagabonds, arche de pont, porte cochère, etc.
(Aujourd'hui le cagnard est le soleil lui-même. Boudiou ! dit-on à Auriol, quel cagnard il fait, hein Marine !)

Calais, n. m. Sorte de panier à l'usage des marchands des halles.
(La Berthe, même le dimanche, ne sortait jamais sans son calais empli de dentelles d'Alençon.)

Cannabis, n. m. Nom scientifique du chanvre.
(Un dictionnaire témoigne des us et moeurs. Au début des années soixante, le pétard n'était pas encore à la mode.)

Carabin, n. m. Soldat de cavalerie légère au XVIème siècle. Petite pièce de peau formant jonction entre les doigts de gant.
(Une carabine pour le carabin de la soldatesque ressuscité en 1860 ? )

Carpologie, n. f. Science, étude des fruits.
(Attention au contre-sens qui pourrait vous rendre muet.)

Carreleur, n. m. Savetier ambulant.
(Les savetiers ambulants ayant disparu, le mot carreleur en perdit son arroi. Allait-il moisir dans quelque ergastule ? Un ouvrier qui passait par là, charroyant des carreaux sur son fardier, lui proposa son usage.)

Catgut, n. m. Boyau de mouton ou de chat employé en chirurgie pour les sutures.
(Le mot s'est tellement popularisé qu'on utilise désormais des chats chinois pour la texture. Et les cicatrices s'infectent...)

Catin, n. m. Bassin de réception du métal en fusion dans les fours à réverbère.
(La fusion pour le catin, les effusions pour la catin sous les réverbères.)

Célestine, n. f. Chim. Sulfate naturel de strontium.
(La jeune Céleste Albaret refusa d'empoisonner son illustre maître avec de la célestine.)

Cervelas, n. m. Mus. anc. Sorte de basson à huit trous, en usage à la Renaissance.
(Pour avoir trop joué du cervelas, la chevalière de la Gamarde défuncta d'une surdose de cholestérol.)

Chamade, n. f. Batterie de tambour ou appel de trompette indiquant qu'on veut traiter avec l'ennemi les conditions d'un armistice, d'une reddition, etc.
(L'amour, c'est la guerre continuée par d'autres moyens.)

Chapechuter, v. intr. Faire un léger bruit, chuchoter.
(Odette, qui n'aimait pas cacarder, chapechutait avec délices chez la duchesse.)

Charlot, n. m. Un des noms vulgaires du grand courlis. II A Paris, ancien nom populaire du bourreau.
(Traiter de charlot un grand courlis ne me donne guère envie de chapechuter. Ce blasphème sera puni par la bascule à Charlot.)

Chasse-cousin, n. m. Mauvais vin.
(Les cousines sont également invitées à prendre la tangente. Les neveux et les nièces itou. Mais pas les grands-pères et les grands-mères, déjà si aigres...)

Chien-assis, n. m. Constr. Petite lucarne ouverte dans un comble.
(La grisette dans sa chambre sans feu câlinait son bichon et regardait mélancoliquement la lune moucharde par le chien-assis.)

Clarence, n. f. Chaussure à semelle plate, sans talon.
(Clarence, le lion atteint de diplopie dans Daktari, portait des clarences pour mieux surprendre ses proies car les brindilles des baobabs ne craquaient pas sous leur semelle.)

Codéine, n. f. Chim. Alcaloïde découverte dans l'opium.
(Même observation que pour le cannabis. Quiconque a écouté les Pink Floyd ou King Crimson dans les glorieuses années soixante et dix sait ce que c'est, la codéine. Pardine !)

Coercer, v. tr. Retenir entre des parois, des tissus.
(Un zadiste particulièrement dangereux a été coercé en la forteresse de Nantes avant que de subir l'estrapade.)

Colombine, n. f. Agric. Fiente de pigeons et d'oiseaux de basse-cour utilisée comme engrais.
(L'argotique colombin aurait-il pris la suite de ce mot usé ? Une pensée tout de même pour la frêle Colombine énamourée. S'il elle savait, elle serait toute chiffonnée.)

Comparateur, n. m. Phys. Instrument permettant d'apprécier des différences extrêmement petites entre deux longueurs.
( Et aujourd'hui, on a les Trivago et autres Tripadvisor sur internet qui comparent les prix. Comme quoi...)

Confabuler, v. intr. S'entretenir familièrement avec quelqu'un.
(La chevalière de la Gamarde, qui avait ses excentricités, adorait confabuler avec son confesseur qu'elle recevait dans son phaéton.)

Conniller, v. intr. S'est dit autrefois pour se cacher comme les lapins.
(Supposons que le mot couniller à partie liée avec conniller.)

Contre-coeur, n. m. Constr. Fond de la cheminée. II Plaque en fonte que l'on place à cet endroit de la cheminée.
(Le contre-coeur, lourd de la suie des siècles, dissimulait une cavité emplie de bêtes mortes.)

Corbillard, n. m. Primitivement, nom du coche d'eau qui faisait le service entre Paris et Corbeil.
(Notre corps étant composé à soixante-quinze pour cent d'eau, le glissement sémantique du corbillard est tout à fait logique.)

Couard, adj. m. Blas. Se dit du lion représenté portant la queue entre les jambes.
(Un mot réservé à l'art du blason devient un mot populaire au fil du temps. Imaginer ce lent voyage du vocable.)

mercredi 5 juillet 2017

Dictionnaire des mots rares et précieux, lettre b

Résultat de recherche d'images pour "guez de balzac en charente"La sélection pour les lettres c, d et e est prête mais je ne suis pas certain d'aller jusqu'à z. Qu'importe ! C'est un plaisir de comparer l'ahah qui est une ouverture  avec l'haha qui est une fermeture dans un mur ou n'importe quel obstacle qui gêne le chemin. 

Bachelette, n. f. S'est dit d'une jeune fille gracieuse, bonne à marier.
(Bérangère, toute nouvelle bachelière qui n'était ni ronchon ni dondon, était aussi une bachelette fort au goût des godelureaux.)

Baudelaire, n. m. Armur. Sorte de grand coutelas de guerre, à lame légèrement courbée.
(Imaginons que Baudelaire, en ses affres, ait voulu s'ouvrir le ventre avec un baudelaire...)

Balanophage, adj. Zool. Qui se nourrit de glands.
( La grisette Ninon, qui s'en allait de la poitrine et c'en était pitié, gardait la funeste réputation d'avoir été fort balanophage. (Bref !)

Balzac, n. m. Vitic. Nom d'un cépage de l'Angoumois.
(Il y a, en Charente, un bourg nommé Balzac et un auteur moraliste du XVIIème siècle qui s'appelait Guez de Balzac. Il a donné son nom à un lycée où je fis quelques apparitions entre 1971 et 1973.)

Banquier, n. m. Navire pêchant la morue sur le banc de Terre-Neuve.
(Le capitaine du banquier suçait le sang de ses marins comme son oncle banquier suçait le sang de ses clients.)

Bartavelle, n. f. Sorte de grosse perdrix rouge, propre au Midi.
(Cet oiseau reste bien connu des Provençaux dont le cerveau n'est pas encore à cent pour cent disponible au Front National.)

Bavière, n. f. Archéol. Partie de l'armure qui protégeait le menton et le cou.
( Tous les Bavarois devraient porter une bavière qui protègerait aussi  leur tête des idées chères aux Provençaux. Voeu pieux ?)

Biopsie, n. f. Méd. Examen d'un fragment de tissu prélevé sur le patient.
(Terme aujourd'hui fort connu, surtout quand on a dépassé cinquante ans... Ou l'examen est pratiqué à tout-va et creuse le tissu de la Sécu...)

Bogue, n. f. Enveloppe piquante de la châtaigne. II Sorte de pelle à boue.
(Curieux que la bogue de la châtaigne ait été considérée comme un mot rare à une époque où chaque écolier l'observait et la dessinait dans son cahier de travaux pratiques. En fait, c'est de nos jours que ce mot est devenu plus rare.)

Bolduc, n. m. Ficelle ou ruban de couleur servant à attacher les paquets.
(Les cadeaux étaient moins nombreux dans les années soixante qu'aujourd'hui. Maintenant, la moindre merdouille achetée à la Foirfouille est enrubannée ad nauseam. Alors, le moindre trouduc connaît le mot bolduc, même moi !)

Boubouler, v. intr. Crier, en parlant du hibou.
(Mot sympa, tout en rondeurs accortes. Je bouboulerais volontiers le soir au fond des bois en pensant au vieil Alfred de Vigny, lequel avait un castel en Charente si ma remembrance reste bien membrée.)

Bouquin, n. m. Embouchure d'un cor de chasse. Petit bout d'ivoire, d'ambre, de corne, que l'on fixe au tuyau d'une pipe.
(En relisant les bouquins du vieil Alfred nommé ci-dessus, je pense au bouquin de son cor... La mort du loup, vous vous souvenez ?)

Brailler, v. tr. Saupoudrer de sel les harengs.
(Rien avoir avec les mômes qui braillent et c'est heureux. Mais dites-moi, saupoudrer du sel ça pléonasme un tantinet, non ?)

Brunette, n. f. Chanson galante d'un air simple et facile à retenir.
(Cette chanson douce pouvait aussi s'adresser aux blondes, cela va aussi bien en le disant.)


image du lycée Guez de Balzac charentelibre.fr