lundi 21 août 2017

Le souvenir du commencement

Résultat de recherche d'images pour "dominique boudou"Le souvenir du commencement de l'écriture, on ne l'a jamais.  On cherche la première fois dans les dépouilles de l'enfance. On l'invente puisqu'on n'a rien gardé de nos mots qui trébuchaient. On fabrique le décor d'une chambre nue, d'une chaise qui grinçait, de la page qu'une ampoule en surplomb jaunissait grain à grain. On imagine la position du corps penché. Maladroite. Corps et mots c'est pareil.
Comment faire pour qu'ils tiennent debout ?
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On ne sait pas que le chemin durera toute la vie. On ignore même qu'il s'agit d'un chemin. Les mots se perdent trop vite. Ils n'ont pas la force encore de figurer des cailloux.

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Naître à la langue qu'on n'a pas reçue. Avec laquelle on a marché de travers sur des chemins qui n'avaient pas de lignes pour aboutir. Dans une solitude qu'on emplissait pourtant de conversations à voix haute. Et qui effrayaient jusqu'aux oiseaux. C'est là, peut-être, non un commencement mais une origine. Qu'on cherchait dans une fièvre dont on ignorait tout. Puisqu'on ne savait rien, de là d'où on venait.
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Le début de la face nord. Dans cette absence qui ne se connaissait pas.
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(J'ai mis ça pour vous reposer de Filiu que vous ne lisez pas alors que c'est lui qui compte en ce moment. Quant à la photo, Brigitte Giraud et mézigue rendions hommage à l'engagement d'un militant communiste à Bacalan et à Bordeaux, Vincent Maurin. Tout ça n'a rien à voir, apparemment. Et pourtant...)

J.P. Filiu, Les Arabes, leur destin et le nôtre, 4

Résultat de recherche d'images pour "jerusalem""L'Arabie Saoudite tire les plus grands bénéfices du déni européen du droit des peuples arabes à l'autodétermination. Plus d'un siècle de Renaissance arabe, loin d'avoir forgé des liens durables entre les puissances européennes et les Arabes de la Nahda, aboutit au contraire à la consécration d'un Etat saoudien fondé sur une idéologie anti Nahda, le wahhabisme. Bien avant la découverte du pétrole, il faut voir dans cet implacable processus une des raisons majeures de l'affaiblissement des Lumières arabes.
Un résultat aussi calamiteux, loin d'être le fruit d'être un sombre complot, découle du refus persistant des décideurs français et britanniques de traiter les Arabes sur un pied d'égalité, alors même que les deux empires coloniaux ont sollicité l'alliance des Arabes contre l'ennemi turco-allemand. Il n'y a pas plus de conspiration machiavélique dans la bombe à retardement que constituent les mandats* en termes de démographie et de frontières. Mais l'imposition par des puissances extérieures de la domination des chrétiens au Liban ou des Sunnites en Irak ne peut qu'alimenter les interprétations paranoïaques, qui font florès aujourd'hui.
Ibn Saoud, malgré les profits qu'il engrange de cet aveuglement occidental, s'interrogera bien plus tard, devant un président américain, sur cette volonté de faire payer aux alliés arabes les fautes d'autrui. Pour les Arabes, avoir été traités comme des ennemis par les Européens, auprès de qui ils s'étaient loyalement engagés en amis, laissera un profond sentiment d'injustice. Organiser des élections et promouvoir une constitution n'aura en effet pas suffi aux Arabes pour enrayer la machine infernale des mandats.
Le visiteur de l'Orient arabe ne sera donc pas étonné qu'on lui renvoie "Sykes-Picot*" et "Balfour*" à la figure, même s'il n'était pas né lors de telles forfaitures. Il ne faut pas y voir une volonté de culpabiliser l'Européen au nom d'une repentance plus ou moins instrumentalisée. Non, il y a bien une incompréhension profonde de la part des Arabes : comment la France et la Grande-Bretagne ont-elles pu adopter une politique moralement aussi discutable, mais surtout stratégiquement aussi hasardeuse ? Un siècle plus tard, nous payons encore, en termes de "retombées" des crises moyen-orientales, le prix de notre décision de soumettre les Arabes plutôt que de nous les associer.
(pages 64 à 66)

Note du copiste

Les mandats décidés par la SDN en 1920 désignent des mandataires français et britanniques pour remodeler des frontières, reconnaître provisoirement des nations indépendantes... en obtenant d'abord l'accord des populations concernées... L'Irak se soulève contre l'occupant britannique dans un jihad de libération et est sévèrement réprimé. Les Français écrasent de même les combattants nationalistes en Syrie...

Mark Sykes et François Georges-Picot organisent en 1916 le partage du Moyen-Orient entre les deux empires coloniaux et trahissent la parole donnée au chérif Hussein dont ils réduisent le royaume à une portion congue.

La déclaration de lord Balfour stipule en 1917 qu'un foyer national pourra s'établir pour le peuple juif en Palestine, en tenant compte des droits civils et religieux des communautés non juives.

image de Jérusalem

dimanche 20 août 2017

J.P Filiu, Les Arabes, leur destin et le nôtre, 3

Résultat de recherche d'images pour "mohamed bouazizi"" La prise du pouvoir par les Jeunes-Turcs à Constantinople, en 1908, est initialement bien accueillie par les militants arabes, d'autant qu'elle s'accompagne d'une plus grande liberté de la presse (d'où la publication de seize journaux arabes à Bagdad, douze à Beyrouth et six à Jérusalem). Mais le nationalisme turc de plus en plus affiché des nouveaux dirigeants entre en conflit avec la sensibilité arabe, d'autant qu'ils paraissent au moins passifs, au mieux complaisants, envers l'immigration juive en Palestine. Le mouvement sioniste, fondé par Theodor Herzl en 1897, est un moment tenté par une implantation en Ouganda. Cette option est rejetée après la mort d'Herzl en 1904, d'où une alya (montée) vers la Palestine qui va, en dix années d'immigration soutenue, amener les Juifs à constituer un dixième de la population de cette province ottomane.
Deux frères chrétiens de Jaffa, les Issa, lancent en 1911 le journal Palestine pour dénoncer la menace sioniste) et la complicité ottomane. Des sociétés secrètes se créent sur le modèle italien, tel Al-Fatat (La Jeunesse) en 1911, ou Al-Ahd (Le Pacte) en 1913. Ce dernier groupe est structuré autour d'officiers arabes de l'armée ottomane, scandalisés par la perte de la Libye par les Jeunes-Turcs au profit de l'Italie. Un "Congrès arabe" se tient même en juin 1913 à Paris, à l'initiative de nationalistes syriens et égyptiens. Mais ce Congrès a beau se conclure par un vibrant "Vive la patrie arabe !", il est dénoncé en Palestine pour n'avoir pas soulevé la question sioniste, sous la pression des "hôtes" français.
Le monde arabe du Congrès parisien de 1913 est radicalement différent de celui de l'expédition d'Egypte de 1798-1801. L'Algérie est sous le joug français depuis 1830 et le Maroc vient de passer sous le double protectorat de la France et de l'Espagne. La Libye est tombée, en 1911, sous la coupe d'une Italie bien décidée à se tailler sa part de l'accaparement colonial. Quant à la Grande-Bretagne, elle a entamé à Aden en 1839 son implantation sur la côte méridionale et orientale de la péninsule Arabique, poursuivie avec méthode d'Oman jusqu'au Koweït.
La Renaissance arabe a été une entreprise multiforme d'émancipation intellectuelle, d'affirmation nationaliste, d'aggiornamento islamique, de développement économique, de rationalisation administrative et d'avancées institutionnelles. Ja mais autant d'Arabes n'avaient été en relation avec d'autres Arabes, au sud de la Méditerranée comme dans la diaspora, en vue de façonner une vision des Lumières qui leur soit propre, enracinée dans une langue, une culture et une fierté nationales. Une ambition aussi vaste ne pouvait que déboucher sur des résultats contrastés, souvent frustrants.
Les Arabes de la Nahda* ont été meurtris de leur impuissance à endiguer l'expansion coloniale. Les deux dynasties modernisatrices d'Egypte et de Tunisie, affaiblies par des crises financières à répétition et par le refus populaire de la conscription, ont dû se soumettre à Londres et à Paris. La synthèse arabe entre le nationalisme et l'islamisme, galvanisée par la récente poussée sioniste, ambitionne dès lors de réaliser ses aspirations à la faveur du premier conflit mondial. C'est pourtant une nouvelle défaite historique qui attend les Arabes.
(pages 38 à 41)
Note du copiste : Mouvement intellectuel de renaissance en Tunisie.

image de Mohamed Bouazizi, 1984-2011, immolé par le feu en Tunisie. 

samedi 19 août 2017

J.P Filiu, Les Arabes, leur destin et le nôtre, 2

Résultat de recherche d'images pour "sadiq bey"" Lumières de Tunis et black-out occidental

Ahmed Ier, bey de Tunis de 1837 à 1855, né d'une mère sarde, parle mieux l'italien que le turc. C'est d'ailleurs en arabe qu'il correspond avec la Sublime Porte. Son grand projet est l'académie militaire du Bardo, ouverte dès le début de son règne avec des instructeurs français et italiens. Le souverain tunisien est fastueusement reçu par Louis-Philippe en 1846, année où la Tunisie abolit l'esclavage, deux ans avant la République française.
L'héritage d'Ahmed Ier est cependant moindre que celui de ses deux successeurs, Mohammed Bey, au pouvoir jusqu'en 1859, et Sadiq (Sadok) Bey, au règne long de vingt-trois ans. Le "Pacte de paix sociale" (Ahd al-aman) de 1857, placé "sous le double signe de la foi et de la raison", met un accent inédit sur la maslaha, l'intérêt général, donc le service public. La constitution, adoptée en 1861, est la première du monde arabe et elle devance de seize ans la constitution ottomane (qui sera par ailleurs très rapidement suspendue).
Ce texte fondateur consacre un pouvoir politique distinct de la religion. Il ne spécifie même pas que le chef d'Etat doive être musulman... C'est cependant l'instauration dans ce texte de la conscription qui va déclencher en 1864 une jacquerie majeure et la suspension de la constitution, sur fond de crise financière. L'oeuvre modernisatrice reprend une dizaine d'années plus tard... : réforme des douanes, de la justice et des propriétés islamiques (waqflhabous) et ouverture du collège Sadiqi (en l'honneur du souverain), institution laïque destinée à la future élite.
La France et l'Angleterre... ne laissent pas la dynamique modernisatrice portée par les dynasties de Tunisie et d'Egypte se développer. En 1881, la France impose son protectorat à la Tunisie. L'année suivante, le Royaume-Uni occupe militairement l'Egypte...

Islamistes et nationalistes

L'imprimerie arabe, implantée à Alep dès le XVIIIème siècle, ne concerne longtemps que les chrétiens d'Orient, pour des tirages très limités... Bonaparte prend soin d'amener en Egypte une imprimerie en caractères arabes, et même d'en transporter une lors de la campagne de Palestine, à des fins de propagande. Mohammed Ali fonde en 1822 l'imprimerie de Boulaq, au Caire. Les imprimeries arabes se multiplient au cours du XIXème siècle, avec la publication d'au moins 10 000 ouvrages, soit plus de titres que durant le millénaire précédent de l'histoire arabe.
Le passage de l'arabe à l'imprimé engage un processus de "laïcisation" d'une langue jusqu'alors confinée au cadre dogmatique de la mosquée ou de l'enseignement islamique. Même si ces textes imprimés demeurent souvent de caractère religieux, leur diffusion sans précédent dans un espace qui ne l'est pas en change le statut. C'est une langue nouvelle qui émerge, plus déliée, accessible à des cercles sensiblement plus vastes, ainsi mis en relation de manière inédite. La diffusion parallèle de journaux, même si leur tirage reste modeste, participe de ce flux de circulation des idées.
(pages 28 à 33)

vendredi 18 août 2017

J.P. Filiu, Les Arabes, leur destin et le nôtre, 1

Résultat de recherche d'images pour "mahmoud darwich"L'an dernier, après l'attentat de Nice, j'ai abondamment annoté l'ouvrage de l'historien Jean-Pierre Filiu intitulé Les Arabes, leur destin et le nôtre. Il a été publié en 2015 aux éditions La découverte. Dans l'ordre et sans commentaire, je vous livre les extraits que j'ai soulignés à l'époque.

"A la veille de l'expédition d'Egypte, le monde arabe est, pour sa plus grande part, intégré directement ou indirectement à l'Empire ottoman. Le sultan de Constantinople est reconnu comme le souverain légitime, au nom duquel la prière est prononcée le vendredi, les impôts prélevés et les militaires mobilisés... Le degré de contrôle de la Sublime Porte est variable : elle pèse de tout son poids sur les provinces d'Alep et de Damas, qui gardent l'accès aux Lieux saints de La Mecque et de Médine, ainsi que sur celles de Mossoul, de Bagdad et de Bassora, frontalières de l'Empire perse ; les Mamelouks d'Egypte, représentants officiels de l'autorité du sultan, ont plusieurs fois tenté de détourner à leur profit le pouvoir local ; enfin, les principautés dites "barbaresques", dont l'économie dépend largement de la course en Méditerranée, ont consolidé une autonomie de fait en contrepartie du versement d'un tribut régulier à Constantinople." (pages 19 et 20)

" A la différence des monarchies du Maroc, du Yémen et d'Oman, toutes trois assises sur la légitimité religieuse de leur souverain, l'Arabie centrale voit émerger en 1744 une forme inédite de contestation du régime ottoman. Un "pacte" est conclu entre le prêcheur Mohammed Ibn Abdelwahhab et la famille des Saoud, qui trouve dans l'intolérance agressive de la doctrine "wahhabite" (du nom de son fondateur) la justification de campagnes contre les tribus environnantes. Nul n'aurait alors pu imaginer l'extraordinaire postérité que connaîtra ce foyer wahhabite, enclavé et aride, dans le développement de l'islamisme contemporain.
Les quatre espaces arabes qui se construisent ainsi "hors champ" de la domination ottomane sont à la fois circonscrits et périphériques. Le pouvoir du sultan-calife de Constantinople est en revanche affiché avec faste lors de l'organisation annuelle de caravanes du pèlerinage vers La Mecque à partir de Damas, d'une part, et du Caire, d'autre part (Bonaparte prend soin d'assurer un tel rituel dans une vaine tentative pour enraciner l'occupation française de l'Egypte). Les beys de Tunis et les deys d'Alger envoient chaque année une expédition itinérante, dite mahalla, collecter l'impôt au nom du sultan ottoman dans l'arrière-pays, en un geste d'affirmation de leur pouvoir local comme des soumissions à la Sublime Porte." (pages 22 et 23)

PS : Les cartes importées depuis Google sont illisibles, les légendes notamment. Je conseille vivement leur consultation sur un média approprié.

Image de Mahmoud Darwich, conscience universelle

jeudi 17 août 2017

Dictionnaire des mots rares et précieux, lettre v

Résultat de recherche d'images pour "eddy mitchell la dernière séance"Voilà. C'est la dernière séance mais Eddy Mitchell a décliné mon invitation. Bast ! Les mots que j'ai relevés dans cet incomparable Dictionnaire des mots rares et précieux au cours de cet été ont autant de gouaille que lui. Amusez-vous avec eux si vous voulez. Choisissez un mot pour chaque lettre et rédigez un texte bref. Il sera totalement incompréhensible et c'est ainsi qu'il prendra tout son sens. Je remercie les quelques lecteurs qui m'ont fait part de leur enthousiasme. Les dictionnaires de tout genre ne manquant pas, je renouvellerai peut-être l'expérience dans un autre veau, pardon, dans un autre champ.

Veau, n. m. Agric. Place où le blé manque dans un champ.
(Dans les années soixante, la France était encore largement rurale. Le général de Gaulle, en lettré de pointe, savait ce qu'il disait en traitant les Français de veaux. Ben oui, infoutus de cultiver le blé comme il aurait fallu.)

Verge, n. f. Liturg. Grand morceau de baleine que porte un bedeau quand il est en fonction à l'église. II Moeurs et Cout. Tenir un héritage par la verge : recevoir du seigneur, ou de l'un de ses officiers, un petit bâton appelé verge, comme emblème d'une acquisition.
(Oui, je sais, c'est facile. Le cardinal Barbarin, primat des Gaules et de la gaule, se souvient avec émotion de ses premiers pas en la sacristie de...)
(Il est de notoriété publique que le comte de Broglie tenait fermement son héritage par la verge. Son suzerain, que nous aurons la délicatesse de ne point nommer, s'en est fort plaint dans ses mémoires.)

Villeux, villeuse, adj. Hist. nat. Qui est velu, couvert de poils.
(C'était là un vielleux si villeux qu'on ne savait plus dire s'il était vieux.)

Virgule, n. f. Horlog. Montre à virgule : celle dont la verge ne porte qu'une seule saillie, en forme de crochet ou de virgule.
(Difficile en effet de ne faire qu'une saillie avec une verge en virgule qui pendouille. Et le temps passe, passe, à tel point qu'on ne reconnaît même plus les montes, oh ! les montres.)

Vulvaire, n. f. Bot. Plante à odeur fétide appelée vulgairement arroche puante.
(En votre vulvaire, madame, j'ai bien compris que la savonnette à vilains n'avait point rempli son office dans son entièreté : ça sentait encore fort la caque. Mais c'est pas grave, je calfouette grave itou.)

mercredi 16 août 2017

Dictionnaire des mots rares et précieux, lettre t

Résultat de recherche d'images pour "léo ferré"Tabac d'Espagne, n. m. Nom vulgaire d'un papillon d'Europe dont les ailes sont d'un roux très clair.
(On me pardonnera de préférer le tabac de Sienne, plus soutenu, plus odorant. Léo Ferré aussi le prisait fort.)

Tafouilleux, n. m. Homme chargé de ramasser les objets que charrie la Seine.
(La guilde des tafouilleux a fait un sitting devant l'Hôtel de ville pour dénoncer une surcharge de travail. En trois jours, ils ont repêché trois montres achetées frauduleusement par Julien Dray, deux manuels du parfait attaché parlementaire ayant appartenu à Pénélope Fillon, six tableautins du dix-septième siècle qui décoraient la studette de Claude Guéant et deux sacs de capotes anglaises usagées dont Dominique Strauss-Kahn refuse de reconnaître la propriété. Ils disent aussi avoir repéré le scooter de François Hollande et les poignées d'amour dont Nicolas Sarkozy qui a eu bien du mal à se débarrasser.)

Taisson, n. m. Autre nom du blaireau. 
(Une pensée émue pour ce pauvre Guy Béart, Guitou pour ses intimes, Toutou pour les méchants. Que serait-il advenu de lui si Gainsbourg l'avait traité de taisson ?)

Taphéphobie ou taphophobie, n. f. Pathol. Crainte irraisonnée d'être enterré vif.
(Docteur, c'est quand j'ai vu tous ces sarcophages vibrionner autour de mes oreilles et se mettre à chier dedans que j'ai commencé à souffrir de taphéphobie. Comme vous n'êtes pas un frelampier façon Totophe André, je compte sur vous.)

Tatane, n. m. Arbre du Paraguay utilisé par les Indiens pour fabriquer des canots.
(J'aime à penser, quand mes souvenirs au coin de la flambée s'alanguissent, que les sabots de ma grand-mère étaient taillés dans un tatane imputrescible.)

Taupe-grillon, n. m. Nom vulgaire de la courtilière, appelée aussi taupe-volante
(Quand les taupes-grillons, comme les emmerdements, voleront en escadrille, le président Chirac sortira de sa réserve et roulera une galoche à Julie Gayet, le crayon tout émoustillé.)

Téléologie, n. f. Doctrine philosophique des causes finales, c'est-à-dire celle qui explique les êtres par le but apparent auquel ils semblent destinés.
(A la vérité, c'est plus compliqué que ça mais j'ai oublié. Et j'ai la flemme de chercher dans mes dicos de philo. De toute façon, aucun ne dit la même chose que l'autre. Alors...)

Tire-verge, n. m. Outil de fabricant de bas.
(Ah ! Ah ! vous croyez que. Ben non. Je n'ai rien à déclarer de particulier sur ce savoureux vocable ; ça vous apprendra !)

Tonlieu, n. m. Droit payé pour les étalages dans les foires ou les marchés.
(Pour avoir lu, jeune, de nombreux romans historiques, le mot tonlieu me séduit encore. Comme champart, du reste. La part du champ, fallait y penser, hein ?)

Touille-boeuf, n. m. Espèce de chien de mer. 
(Je savais les boeufs très fréquents sur terre et pas seulement en Paca. J'ignorais qu'on en trouvait aussi beaucoup en Méditerranée.)

Triqueur, n. m. Sur la Seine, ouvrier qui fait le tri du bois flotté.
(Mais pourquoi voudriez-vous que j'aie toujours l'esprit mal placé ? C'est que je suis trinqueur autant que triqueur, voilà tout !)

Trou-madame, n. m. Sorte de jeu qui se joue avec treize petites boules qu'on pousse dans des trous marqués de différents chiffres.
(Le croque-monsieur, qui venait de changer de voilure, avisa une accorte grisette et lui demanda si une partie de trou-madame saurait l'agréer. Las, la belle fort crêtée se rebéqua et le croque-monsieur, tout marri, retourna à ses amours coutumières.)

Trousse-galant, n. m. Maladie violente et rapide qui emporte le patient en peu de temps.
(Le dictionnaire ne dit pas si la maladie en question est d'origine vénérienne. )

mardi 15 août 2017

Dictionnaire des mots rares et précieux, lettre s

Résultat de recherche d'images pour "sapèque"Safre, adj. Goulu, glouton.
(Cette damoiselle fut assez safre pour bâfrer en dix minutes une douzaine d'oublies arrosées d'armoise. Après quoi elle rota si puissamment que le tapis-franc en fut tout ébaubi. Le vielleux lui-même, qui était borgne, vit tout un firmament quand la poitrine d'icelle se souleva comme un vérin.)

Santon, n. m. Religieux musulman. II En Algérie, petit monument contenant le tombeau d'un santon.
(J'y suis pour rien moi mais vous comprenez bien sûr que vous comprenez les santons de Provence ah ah hi hi vl'à t'y pas asteurre qui sont d'venus musulmans le cul prêt à péter du côté de La Mecque ah ah hi hi j'y suis pour rien moi...)

Sapèque, n. f. Petite monnaie de cuivre chinoise et indochinoise.
(En souvenir de mes lectures du Hollandais Van Gullik. Les enquêtes du juge Ti. Les sapèques avaient si peu de valeur qu'elles se présentaient en ligature, espèce de cordelette sur laquelle on enfilait les pièces trouées.)

Sarcophage, n. m. La mouche grise de la viande.
(La prochaine fois que vous châtierez d'un coup de tapette bien appliqué un sarcophage par trop imprudent, vous aurez une pensée émue pour les sarcophages du prieuré où gisent depuis Mérovée des pauvres bougres victimes de sarcophages.)

Scaphocéphale, adj. Anthrop. En forme de barque. Se dit de crânes dont la forme rappelle celle d'une petite barque ou d'une nacelle.
(Je pense au crâne de presque feu le président Ghichcard d'Echtaing, lequel reniflait les jottes prou rebondies des caravelles en les prenant pour des avions de chasse.)

Seille, n. f. Seau fait en boissellerie, sans cercle, muni d'une anse de bois.
(En Charente, on disait sieau. Le mot seillée exprimait le contenu du sieau. "Va don au poué prende une seillée d'eau et muse pas.)

Serpillière, n. f. Au sens figuré : linceul de toile grossière pour enterrer les pauvres gens.
(Terrible ! Passer la serpillière toute sa vie, chez les riches qui se font enterrer dans du chêne, et finir enveloppé dans son outil de travail ! C'est dégoûtant.)

Sidéromancie, n. f. Art de prédire l'avenir en interprétant la façon dont brûlent des brins de paille jetés sur des fers rouges.
(Ce pauvre con de Christophe André, après la néphélomancie, s'adonne maintenant à la sidéromancie. Il a entreposé des bottes de paille dans son garage, entre ses livres à colorier et sa poupée gonflable et, du soir au matin, on le voit penché sur un brasero avec une loupe. Si les brins se tordent avant la combustion, c'est un signe d'énergie négative. S'ils crament direct, c'est tout le contraire : l'avenir est assuré. Et Totophe se frotte les mains en pensant au tabac que fera son prochain book sur la question.)

Soda, n. m. Ancien terme de médecine : violente douleur de tête.
(J'ai toujours pensé que le coca c'était dégueu. En voilà la preuve.)

Souloir, v. intr. Avoir coutume, avoir l'habitude de. (Mot du vieux français, usité encore quelquefois à l'imparfait.)
(Je pense au verbe soler en espagnol, d'un usage courant.)

Spodomancie, n. f. Art divinatoire pratiqué à l'aide de la cendre.
(Quand ce con de Christophe André s'apercevra qu'il y a aussi du grain à moudre avec la cendre, il fera brûler sa poupée gonflable et se condamnera à la paluchation. Bien fait pour sa chetron !)

Suites, n. f. pl. Véner. Les testicules du sanglier.
(Il avait de la suite dans les idées mais du mou dans ses suites. L'une ne pouvant aller sans les autres, il n'engendra que des avortons baveux qui n'eurent même pas d'idées.)

image de sapèque sans ligature.