Elaine Vilar Madruga est une jeune poète cubaine (et aussi auteur de science fiction déjà prolifique) dont je traduis quelques textes pour une parution dans la revue Recours au Poème en septembre. J'aime ce travail d'exploration de sa langue et de son univers. J'aime la participation d'Elaine à mon défrichement. Bref, une bien belle aventure. Je vous offre ce poème, Maternité, en avant-première. Savourez-le car je n'en mettrai pas d'autres ici. Il faudra attendre septembre, comme de juste.
Ma grand-mère prodigue ses soins à la femme sénile
qui n'est ni sa soeur ni son sang,
celle qui lui refusa il y a longtemps déjà
un bout d'étoffe vénitienne
et cracha dans le bol où ma mère, trois ans,
buvait son lait du matin :
ce lait d'exil et de suint,
épidémie blanche de la crème qui bourgeonne, jardin des bactéries.
Les cris s'égrainent un à un.
Ils veulent parler de cette autre vie
Ils veulent parler de cette autre vie
gravée sur les piliers de la maison
pendant que la grand-mère savonne l'étrange femme,
l'offrande vaudou,
la misère de la peste,
les tournesols flétris des plaies.
Elle n'espère plus rien de la vie.
Et l'un et l'autre attendent seulement
le bain de six heures et le repas à sept,
le déjeuner de pain et de mort,
tout ce sacrifice que ma main eut à faire.
(Muchas gracias Elaine, trabajar contigo me encanta. Ya te lo dije. )
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