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Constance retrouve dans la ville
Le chemin de ses enfances
La rue de l’ormeau mort
Puis les hautes fenêtres de la caserne
Avant le boulevard
Qu’elle traversera craintive
Comme quand elle avait dix ans
Mais sans le parfum doucereux des
Nostalgies
Constance se méfie depuis toujours
Des images qui trompent la mémoire
Elle ne lève pas les yeux vers le ciel
Où vont des gris trop tourmentés
Elle ignore un homme à son balcon
Son sourire est tellement ridicule
Elle fixe au bout de ses bottines un reflet
tremblant
On dirait un frisson pense-t-elle
En relevant son col
Le frisson d’une peau émue
Et elle sourit
Sans voir qu’une ombre la dépasse
Nastassia hésite au bord de la foule
Imagine un poulpe qui ondule
Une sueur acre monte à ses narines
Dans quels troubles désirs a-t-elle macéré
Nastassia sent ses nerfs courir sur sa peau
Comment traverser la houle
Et rejoindre sans flétrir
L’homme qui l’attend fiévreux
Comme elle est fiévreuse
Elle ferme les yeux très fort
Les piétinements sont plus sourds
Sous un ciel de cuivre
Des ombres dessinent des chimères
Sur les vitrines où la lumière pisse
Puis d’un ahan hautain ah la belle image
Pour une femme si romanesque
Elle se retrouve de l’autre côté des corps
Quelqu’un la regarde et elle ricane
Déjà prête à la colère
Mathilde vient tous les jours regarder
Les bateaux qui sont comme des châteaux
Un parfum d’œillet à ses cheveux
Fait partie du voyage
Retourner là-bas quand elle pourra
Si loin qu’elle ne parvient plus à nommer
Les hautes herbes qui fléchissent
Au pied de la colline
Avec des remuements de bête
Sa langue aussi est un paysage flou
Dans lequel elle s’efface
Comment s’appartenir quand le rêve est si mou
Que les désirs se fanent
Un marin sur une échelle de coupée
Observe des pas perdus sur le quai
Un promeneur avec son chien
Un autre avec sa solitude
image Willem de Kooning
image Willem de Kooning
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