mardi 8 novembre 2022

Combien de commencements inaperçus


Combien de commencements inaperçus

Dans la vie minuscule

Sous les allèges qui ne tiennent plus

Au creux des fissures

Où vont les petits peuples des animaux

Il s'en est fallu de peu croit-on

Pour que le regard s'attarde

A la naissance d'un brin d'herbe

Mais le chemin s'abolit déjà

Qu'on aurait pu voir


*

Ce qui n'est pas encore là dans un visage

Le regard en imagine l'instant

Et le réel s'y tient plus qu'ailleurs

Toute une petite philosophie du presque

Prend son branle si peu sûr

Mais voilà que surgit un chien courant

D'une allée qu'on n'avait pas vue

Et le visage ne tient plus qu'à un fil


*

Le réel serait une résille sans rien dedans

Quelles formes contiendrait-elle

Passées et à venir

L'arbre nu au coeur de l'hiver

S'étonne du vent décousu entre les mailles

Il attend que la neige ineffable

Donne au paysage des lignes provisoires

Où il saura se retrouver


*

Une lampe s'éteint dans la chambre

Un geste lisse le pli d'un drap défait

Un grain de plâtre va tomber du mur

Ces instants seront presque un ensemble

Qu'on voudrait arranger pour dire une

Présence

Avec un peu de mélancolie

On ricane


*

Pourquoi tant de mélancolie

Dans la rumeur des gares

Quand la lumière est un peu sale

On observe les pas perdus des attentes

On devine les visages presque défaits

Aucun trait ne saura les reprendre

La vie n'est plus tout à fait là

Et pas encore ailleurs

Même les pigeons sont suspendus


(In On voudrait dire suivi de Presque)

Photo de Ruben Markaryan

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