Combien de commencements inaperçus
Dans la vie minuscule
Sous les allèges qui ne tiennent plus
Au creux des fissures
Où vont les petits peuples des animaux
Il s'en est fallu de peu croit-on
Pour que le regard s'attarde
A la naissance d'un brin d'herbe
Mais le chemin s'abolit déjà
Qu'on aurait pu voir
*
Ce qui n'est pas encore là dans un visage
Le regard en imagine l'instant
Et le réel s'y tient plus qu'ailleurs
Toute une petite philosophie du presque
Prend son branle si peu sûr
Mais voilà que surgit un chien courant
D'une allée qu'on n'avait pas vue
Et le visage ne tient plus qu'à un fil
*
Le réel serait une résille sans rien dedans
Quelles formes contiendrait-elle
Passées et à venir
L'arbre nu au coeur de l'hiver
S'étonne du vent décousu entre les mailles
Il attend que la neige ineffable
Donne au paysage des lignes provisoires
Où il saura se retrouver
*
Une lampe s'éteint dans la chambre
Un geste lisse le pli d'un drap défait
Un grain de plâtre va tomber du mur
Ces instants seront presque un ensemble
Qu'on voudrait arranger pour dire une
Présence
Avec un peu de mélancolie
On ricane
*
Pourquoi tant de mélancolie
Dans la rumeur des gares
Quand la lumière est un peu sale
On observe les pas perdus des attentes
On devine les visages presque défaits
Aucun trait ne saura les reprendre
La vie n'est plus tout à fait là
Et pas encore ailleurs
Même les pigeons sont suspendus
(In On voudrait dire suivi de Presque)
Photo de Ruben Markaryan
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