vendredi 17 mars 2023

La page blanche, N° 59 & 60

La revue de poésie La page blanche a été fondée en 2000 par Constantin Pricop, Pierre Lamarque et Mickaël Lapouge dans la région bordelaise. Elle est aujourd'hui dirigée par Matthieu Lorin. Disponible sur internet, elle paraîtra aussi en papier dès le mois prochain.

Le numéro 59 d'avril 2022 publie le quatrième chapitre du roman de Constantin Pricop, La nouvelle éducation sentimentale, et renoue ainsi avec la tradition feuilletoniste. Le lecteur trouvera dans cette livraison un long poème anaphorisant de Jean-Michel Maubert intitulé Je ne suis pas là. Emilie Panisset propose sept poèmes de son recueil inédit Asile. La rubrique Poètes du monde ouvre sa page à Samuel Beckett avec un extrait de Peste soit de l'horoscope et autres poèmes ainsi qu'à Sarah Kane avec un passage de Amour de Phèdre. Enfin, les Notes de... donnent la parole à Jérôme Fortin (La science à gogo) dont l'humour grince aux commissures et à Tom Saja (La nuit est une chienne pour le chien) qui considère dieu comme un "maçon de pacotille".

Dans le numéro 60 de juillet 2022, Jean-Louis Van Durme, Bruno Giffard, Gorguine Valougeorgis et Tristan Felix sont les Poètes de service et ils le font bien. Dans "la solitude comme malentendu originel", quand "la langue recule entre ses dents de désolation". Avec des yeux "devant les yeux qui cachent la vue des oiseaux comme les chimères dans le congélo" et des "corps balancés en plein vol [qui] crèvent le cristallin des nues". La rubrique Poètes du monde ouvre sa page à quelques vers de René Char extraits de Commune présence et à la proclamation signée Angèle Vannier, laquelle "adhère aux filles de joie qui se promènent dans les chansons à boire. Suit un Zoom sur... Abdellatif Laâbi où l'auteur évoque l'évolution de la disposition spatiale de ses textes. Quelques poèmes, Vers l'autre rive et Prière notamment, en témoignent. Enfin, dans Notes de..., Patrick Modolo propose un nouvel art poétique, celui de la transprose : "et je me prends à écrire en transprose        comme on prendrait le transsibérien        et mes vers se heurtent au chaos des chemins        non ferrés".


Extraits N° 59


Question


Tu sais bien que ce monde n'épargne pas les rêveurs

(alors, dis-moi, pourquoi continues-tu

d'errer dans ce jardin des pluies ?)

Là où des feuillages ploient sous

la lumière translucide,

où la poussière se laisse voir

presque à l'oeil nu

dans les déplacements et les ondulations indiscernables

du vent et des ombres

on dit 

que l'air est plein de particules (Clément Gustin)


Rêve de colle


J'ai rêvé qu'il pleuvait de la colle. Que je restais collé à une belle inconnue, très douce (nez contre nez bouche contre bouche). Et que les méchantes personnes qui tentaient de nous séparer dans le rêve se débattaient, impuissantes, à vingt mètres de nous, collées à l'asphalte. (Fabre-Arsène Dulac)


Extraits N° 60


Cette lumière rasante    qui vous prend de côté    scindant les passants en deux    une partie que l'on dit saine


et une autre honteuse        vois-tu, j'ai une tendresse pour la bassesse        des jambes se baladeraient sans disgrâce        sans toutes ces faces encravatées        qui conspirent à longueur de journée        sur comment s'y prendre sans bavure        pour tuer le soleil        et museler sous peu

son éternel disciple        porteur de feu. (Grégory Rateau)


Sur le carrelage

A force de gratter les case vides

Le silence des bleuets (Sandy Dard)


Lectrices, lecteurs, n'hésitez pas à vous coller à la version papier de La page blanche dès avril qui vient, pour la modique somme de 5 euros.

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