L’art et…
L’art
est une activité par laquelle on produit quelque chose. Si les artisans
fabriquent des objets utiles, les artistes créent
des œuvres que nous valorisons pour leur beauté.
La diversité des productions artistiques dans toutes les civilisations en fait
une dimension essentielle de la culture.
Qu’on soit spectateur ou producteur, amateur ou professionnel, nous sommes
sensibles à l’art parce qu’il manifeste la
liberté et la puissance de l’esprit humain.
Une
imitation sélective :
Selon
la conception classique d’Aristote dans la Poétique,
l’artiste doit imiter le réel avec habileté et sélectionner avec soin ce qu’il
imite. Par exemple, le peintre Zeuxis choisit plusieurs modèles de jeunes
filles pour représenter un idéal de la beauté féminine car aucune d’elles
n’était une incarnation parfaite de la beauté. Le réel est rarement l’expression de l’idéal.
Pour
le spectateur, le plaisir vient non seulement de la beauté du résultat mais
aussi d’une certaine séduction exercée par l’art capable de créer l’illusion : on aime se
raconter une histoire, s’identifier à des personnages, être surpris ou trompé
par les formes qu’on perçoit.
Une
expression de l’esprit :
Avec
l’art moderne, une œuvre n’est plus une
fidèle copie du réel et ne prétend plus être belle. Sa valeur est davantage
liée à l’esprit et à la liberté d’un
artiste. Aujourd’hui, notamment dans le cadre des performances, c’est
l’artiste lui-même qui s’expose.
…Le
beau
Pour
Hume, on dit qu’une chose est belle quand on éprouve le plaisir des sens. Et si l’objet a de plus une utilité, il sera
d’autant plus facile de l’apprécier. Intervient alors le jugement de goût qui varie selon les milieux sociaux et les époques.
Il s’applique à l’art mais aussi à un paysage, le chant d’un oiseau…
Ce jugement de goût est
nécessairement subjectif. Comme dit Bachelard, l’esprit
poétique s’oppose à l’esprit scientifique en ce qu’il projette ses émotions sur
le monde au lieu d’essayer de le voir tel qu’il est. On parle alors de jugement esthétique (du mot grec
aisthesis « sensation). Impossible donc, de répondre à la question :
« Qu’est-ce que le beau ? » Un certain Hippias répond à
Socrate : « Le beau, c’est une belle jeune fille. » Et Socrate
de lui montrer qu’il s’agit seulement d’un exemple et non d’une définition. Un
cheval peut être beau, une marmite aussi.
Enfin,
pour Kant, le beau nous intéresse parce qu’il présente une analogie avec le bien. Il nous fait entrer dans un plaisir désintéressé distinct de
l’agréable. « Le beau est le symbole du bien moral », écrit-il dans
la Critique de la faculté de juger.
Le
bonheur et…
L’homme
est un éternel insatisfait. Il veut toujours avoir plus pour atteindre un
bonheur supérieur. Cette quête n’est pas qu’un problème pratique. Certains
pensent que le bonheur est une affaire
de chance alors que d’autres en font un
véritable programme politique, (la vie radieuse en Corée du Nord par
exemple…). Comment la philosophie peut-elle nous aider à penser le
bonheur ?
Un
idéal difficile à définir :
Le bonheur n’est pas simplement le
plaisir ou la joie. C’est un état de satisfaction totale
et durable où nos aspirations les plus importantes sont réalisées. Défini comme
le but ultime de l’existence, il
oriente plus ou moins toutes nos actions. Mais Sénèque observe : « Tout
le monde veut une vie heureuse, mais lorsqu’il s’agit de voir clairement ce qui
la rend telle, c’est le plein brouillard. » L’argent ne fait pas le
bonheur, la santé est nécessaire mais ne suffit pas. Quant à l’amour, il
apporte autant de soucis que de satisfactions… Nos désirs étant souvent
contradictoires et les principes généraux de l’amitié, de l’amour étant si
flous, que le bonheur reste un idéal mal identifié, « un idéal de l’imagination »
selon Kant.
Une
entreprise personnelle :
La quête du bonheur est limitée par
la nécessité du devoir moral et l’obéissance aux lois.
Un être civilisé s’impose des obligations et restreint ses satisfactions, dit
Freud. Le but égoïste du bonheur individuel peut nous conduire à préférer notre
intérêt au détriment de celui d’autrui.
Rien
ne nous empêche, cependant, de cultiver
notre jardin à la façon de Voltaire. En privilégiant une forme de sagesse
et de connaissance de soi, en
essayant de profiter simplement de
l’instant présent.
…
La succession des plaisirs
Platon
prête à Calliclès dans Gorgias des
propos radicaux. Pour lui, les valeurs morales ne sont que des conventions
voulues par la masse des faibles pour se protéger des individus forts. La vie
n’a pas d’autre sens que la recherche effrénée du plaisir, au mépris des lois
et de la morale. La conception de Socrate se trouve évidemment à l’opposé :
le bonheur se trouve dans une vie
tempérante (modérée dans l’usage des plaisirs) consacrée à la recherche de la
sagesse.
Le
renouvellement de la satisfaction, promis notamment par la société de consommation,
lasse rapidement. Il faut donc varier les plaisirs. C’est le point de vue de l’hédonisme : la vie est courte,
il faut profiter du jour présent sans trop penser au lendemain.
Mais
l’ivresse du plaisir indique plus probablement un malheur qu’on veut oublier.
Dans les Pensées, Pascal dit du
divertissement qu’il est une activité plus ou moins futile qui nous évite de penser à notre misère,
à savoir notre crainte de la mort.
Il
faut donc sélectionner les plaisirs. Le
secret de la vie heureuse se trouve dans le discernement pour maintenir
l’absence de trouble (ataraxie). C’est le point de vue des épicuriens.
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