lundi 3 avril 2023

Fiches de secours pour le bac philo 2023

 L’art et…

L’art est une activité par laquelle on produit quelque chose. Si les artisans fabriquent des objets utiles, les artistes créent des œuvres que nous valorisons pour leur beauté. La diversité des productions artistiques dans toutes les civilisations en fait une dimension essentielle de la culture. Qu’on soit spectateur ou producteur, amateur ou professionnel, nous sommes sensibles à l’art parce qu’il manifeste la liberté et la puissance de l’esprit humain.

 

Une imitation sélective :

Selon la conception classique d’Aristote dans la Poétique, l’artiste doit imiter le réel avec habileté et sélectionner avec soin ce qu’il imite. Par exemple, le peintre Zeuxis choisit plusieurs modèles de jeunes filles pour représenter un idéal de la beauté féminine car aucune d’elles n’était une incarnation parfaite de la beauté. Le réel est rarement l’expression de l’idéal.

Pour le spectateur, le plaisir vient non seulement de la beauté du résultat mais aussi d’une certaine séduction exercée par l’art capable de créer l’illusion : on aime se raconter une histoire, s’identifier à des personnages, être surpris ou trompé par les formes qu’on perçoit.

Une expression de l’esprit :

Avec l’art moderne, une œuvre n’est plus une fidèle copie du réel et ne prétend plus être belle. Sa valeur est davantage liée à l’esprit et à la liberté d’un artiste. Aujourd’hui, notamment dans le cadre des performances, c’est l’artiste lui-même qui s’expose.

 

…Le beau

Pour Hume, on dit qu’une chose est belle quand on éprouve le plaisir des sens. Et si l’objet a de plus une utilité, il sera d’autant plus facile de l’apprécier. Intervient alors le jugement de goût qui varie selon les milieux sociaux et les époques. Il s’applique à l’art mais aussi à un paysage, le chant d’un oiseau…

Ce jugement de goût est nécessairement subjectif. Comme dit Bachelard, l’esprit poétique s’oppose à l’esprit scientifique en ce qu’il projette ses émotions sur le monde au lieu d’essayer de le voir tel qu’il est. On parle alors de jugement esthétique (du mot grec aisthesis « sensation). Impossible donc, de répondre à la question : « Qu’est-ce que le beau ? » Un certain Hippias répond à Socrate : « Le beau, c’est une belle jeune fille. » Et Socrate de lui montrer qu’il s’agit seulement d’un exemple et non d’une définition. Un cheval peut être beau, une marmite aussi.

Enfin, pour Kant, le beau nous intéresse parce qu’il présente une analogie avec le bien. Il nous fait entrer dans un plaisir désintéressé distinct de l’agréable. « Le beau est le symbole du bien moral », écrit-il dans la Critique de la faculté de juger.

 

 

Le bonheur et…

L’homme est un éternel insatisfait. Il veut toujours avoir plus pour atteindre un bonheur supérieur. Cette quête n’est pas qu’un problème pratique. Certains pensent que le bonheur est une affaire de chance alors que d’autres en font un véritable programme politique, (la vie radieuse en Corée du Nord par exemple…). Comment la philosophie peut-elle nous aider à penser le bonheur ?

 

Un idéal difficile à définir :

Le bonheur n’est pas simplement le plaisir ou la joie. C’est un état de satisfaction totale et durable où nos aspirations les plus importantes sont réalisées. Défini comme le but ultime de l’existence, il oriente plus ou moins toutes nos actions. Mais Sénèque observe : « Tout le monde veut une vie heureuse, mais lorsqu’il s’agit de voir clairement ce qui la rend telle, c’est le plein brouillard. » L’argent ne fait pas le bonheur, la santé est nécessaire mais ne suffit pas. Quant à l’amour, il apporte autant de soucis que de satisfactions… Nos désirs étant souvent contradictoires et les principes généraux de l’amitié, de l’amour étant si flous, que le bonheur reste un idéal mal identifié, « un idéal de l’imagination » selon Kant.

Une entreprise personnelle :

La quête du bonheur est limitée par la nécessité du devoir moral et l’obéissance aux lois. Un être civilisé s’impose des obligations et restreint ses satisfactions, dit Freud. Le but égoïste du bonheur individuel peut nous conduire à préférer notre intérêt au détriment de celui d’autrui.

Rien ne nous empêche, cependant, de cultiver notre jardin à la façon de Voltaire. En privilégiant une forme de sagesse et de connaissance de soi, en essayant de profiter simplement de l’instant présent.

… La succession des plaisirs

Platon prête à Calliclès dans Gorgias des propos radicaux. Pour lui, les valeurs morales ne sont que des conventions voulues par la masse des faibles pour se protéger des individus forts. La vie n’a pas d’autre sens que la recherche effrénée du plaisir, au mépris des lois et de la morale. La conception de Socrate se trouve évidemment à l’opposé : le bonheur se trouve dans une vie tempérante (modérée dans l’usage des plaisirs) consacrée à la recherche de la sagesse.

Le renouvellement de la satisfaction, promis notamment par la société de consommation, lasse rapidement. Il faut donc varier les plaisirs. C’est le point de vue de l’hédonisme : la vie est courte, il faut profiter du jour présent sans trop penser au lendemain.

Mais l’ivresse du plaisir indique plus probablement un malheur qu’on veut oublier. Dans les Pensées, Pascal dit du divertissement qu’il est une activité plus ou moins futile  qui nous évite de penser à notre misère, à savoir notre crainte de la mort.

Il faut donc sélectionner les plaisirs. Le secret de la vie heureuse se trouve dans le discernement pour maintenir l’absence de trouble (ataraxie). C’est le point de vue des épicuriens.

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