Elle dit que son visage n'est pas sûr
La lumière est mauvaise
Aux plis des lèvres
Et ses yeux s'en ressentent
Je la regarde avec mon silence
Où les mots croupissent
Et mes gestes sont des moignons
Elle pleure un peu
Je pleure un peu
Je fouille le ciel où reste un fond de bleu
Je cherche le vol d'un oiseau
Une trouée dans les nuages de papier mâché
Un éclair à foudroyer nos ombres
*
Elle dit que sa voix n'est pas sûre
Son grain épais ne remonte rien
Du marécage au creux du ventre
De la solitude blottie dans le silence
Quand la mère traquait la suie trop noire
Et la neige trop blanche
Quand le père n'était qu'un corps
Prisonnier des vents de sable
Qui le hantaient encore
*
Elle dit que sa mémoire n'est pas sûre
Les souvenirs ont pris des rides
Comme la pomme abandonnée
Qui a roulé sous la table
J'imagine ce qui s'en va de nos corps trop seuls
Je voudrais que ma main les rattrape
Et qu'ils s'attardent au regard d'un oiseau
D'une fleur coupée dans un col de cygne
Ou d'un petit caillou blanc
Qui aurait gardé toutes nos joies
Je reste longtemps avec ce désir qui me fige
Sans pouvoir lui appartenir
*
Elle dit que notre jardin n'est pas sûr
Des lignes sont à reprendre
Qui accusent la fatigue de l'été
Les ombres glissent mal le long des murs
Les fleurs ont la tête un peu lourde
On ne sait jamais dans quel silence
La solitude va se cacher
Elle me dit de venir voir où sa main
A retouché le désordre
Pour qu'on puisse tenir encore
Le temps qui nous reste
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