Il dit que son corps n'est pas à sa place
Et regarde sa main où la peau fait des plis
Il cherche un éclat de plâtre sur le mur
Où se blottir comme dans un silence
Elle écoute sa solitude sans nom ni lieu
Du mauvais sang la lui aura donnée
Elle dit qu'il faut remonter loin pour comprendre
Et que c'est une fatigue toutes les nuits
Quand le froid la prend jusqu'aux yeux
Il dit elle dit il redit elle redit
Leurs mots vont encore dans un peu de joie
Et s'arrêtent au passage des oiseaux
Qui signent dans la lumière blanche
Des petits bouts d'éternité
Le sang a encore du bon pour tendre la main
Même si elle tremble
*
Il dit qu'il reste dans les vertiges inaboutis
Des premiers regards et des premiers mots
Il dit que ses gestes sortent mal de son corps
Comme s'il n'avait pas fini de naître
Et revoit sa mère allongée dans la mort
Qui ne sentait plus sa misère
Sur un drap trop blanc
Une ombre passe qu'il faudrait saisir avant la chute
Un silence lui emboîte un pas feutré
Elle ne dit rien garde aussi ses gestes en dedans
*
Il dit que leurs mots ne sont pas lettre morte
Pour apaiser la soif des oiseaux
Leur souffle tient encore dans le bestiaire
Des premiers émois
Elle dit avec ses yeux qui tremblent
Le partage des heures sombres
Qu'ils éclairaient après la fatigue
Elle dit que le mot amour n'a rien perdu
Sur le chemin où ils continuent d'aller
Et on le cueille quand passent sur les lèvres
Des envies de joies lentes
Les replis ne manquent pas dans les marges
Loin des tumultes qui montent de la chair
Il sourit et se tait son visage a pâli
Quelques traits déjà se défont
C'est quoi vraiment le mot amour
*
Il dit que tout devient plus fragile dans le regard
Les couleurs débordent la matière
Et les émois les sentiments
La chair a jauni comme le rire
Les joies pourtant s'amusent encore
D'un chat qui bondit sur son ombre
Les mots retrouvent les petites beautés
Qu'on voit dans les jardins
Et elle s'abandonne aux déplis murmurants
De sa robe à fleurs électriques
Elle dit que le bleu du ciel ne tournera pas
Que le vol des oiseaux garde la ligne
L'équilibre du monde tiendra jusqu'à la nuit
*
Il dit que sans elle la réalité l'aurait tué
Ses yeux se seraient ternis lentement
Comme des vieux rebuts de verre
Sa peau aurait gardé sous le suint
Les solitudes et les mots endormis
Elle ne dit rien
L'image d'un cloporte la traverse
La bête est sur le dos
Incapable de se retourner
Elle pourrait pleurer
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