mercredi 19 février 2025

Relire L'enfant de Jules Vallès, ce plaisir-là


J'ai lu L'enfant de Jules Vallès il y a quarante-huit ans si j'en crois la date que j'ai écrite sur la première page : 19.10.77. Pauvre Jacques Vingtras qui préférait batifoler dans les champs plutôt que de s'échiner sur les déclinaisons latines même s'il y réussissait fort bien ! Il s'en est pris des "brûlées", des "roulées", des "trépignées" ! Les horions pleuvaient de partout. De la mère. Du père. Des pions. Des professeurs. C'était son lot et il l'acceptait le moins mal possible. Avec humour même s'il grinçait des dents. Avec le secours des livres surtout. Ah ! la solitude de Robinson ! Et puis, à l'époque, les parents avaient quasiment droit de vie et de mort sur leur progéniture. Le chapitre XIX, intitulé Louisette, en témoigne dramatiquement. "On la tua tout de même. Elle mourut de douleur à dix ans... Et on ne l'a pas guillotiné, ce père-là ! On ne lui a pas appliqué la peine du talion à cet assassin de son enfant, on n'a pas supplicié ce lâche, on ne l'a pas enterré vivant à côté de la morte ! "Veux-tu bien ne pas pleurer", lui disait-il, parce qu'il avait peur que les parents entendissent, et il la cognait pour qu'elle se tût : ce qui doublait sa terreur et la faisait pleurer davantage."


Alors Jules Vallès crie : "Je défendrai les DROITS DE L'ENFANT, comme d'autres les DROITS DE L'HOMME."

Je ne sais pas à quand remonte cette expression, droits de l'enfant, mais je n'imagine pas qu'elle était répandue au dix-neuvième siècle. En tout cas, relire ce roman un peu autobiographique permet de renouveler le plaisir de la langue, entre phrasé populaire et phrasé savant. Relirai-je Le bachelier et L'insurgé ?  Je ne sais pas davantage. Il y a tant à relire parmi les grands livres ! 

Enfin, pour mémoire, rappelons que L'enfant fut dénoncé à sa parution par la morale bourgeoise au prétexte qu'il abîmait l'image de la mère éternelle... Zola, heureusement, prit sa défense.

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