Le collectif de poésie Pour Le Moment lira des textes d'autrices et d'auteurs contemporains à la bibliothèque municipale des Capucins (Bordeaux) à 18 h :
Mila Tisserant, Contre-fugue, éditions du cygne, 2022
Pascale Petit, Sujets d'émerveillement, éditions Série discrète, 2024
Thierry Metz, Lettres à la bien-aimée, éditions Gallimard, 1995
Perrine Le Querrec, Ruines, éditions Tinbad, 2017
Ivar Ch'Vavar, Les Glandes Tyroliennes, éditions Flammarion, 2008
Alexandre Gouttard, Dommage, éditions de la Crypte, 2024
Marlène Tissot, & compagnie, éditions mgv2>publishing, 2015
Christophe Sanchez, La femme au balcon, éditions Tarmac, 2024
Raphaëlle George, Éloge de la fatigue, éditions Lettres Vives, 1985
Michel Suffran, Clairières dans la ville, éditions Pleine Page, 2013
Grégory Rateau, Le Pays incertain, éditions de la rumeur libre, 2024
Ces voix, à bas ou à haut bruit, sont à la fois différentes et semblables pour dire les petites fêlures de l'humain comme ses grands précipices. L'humour teinté d'ironie voisine avec quelques imprécations et c'est ainsi que le bouquet de la poésie nous enivre de mille et une senteurs, à effeuiller du bout de la langue.
Extraits :
"Tu t'ignorais toi-même mon pauvre, pauvre Arthur Rimbaud... La poésie française ne s'en trouve que plus amochée. Elle a traîné dans les gares, les aéroports les baraques. Voilà que maintenant elle traîne ses printemps. Reviens vite ou bien crève." (Mila Tisserant)
"elle trame à t'épier // parée, elle m'attire / piratée, elle trame / la réalité empêtrée / elle aime être à part / la tête emplie rare / prête, elle t'aimera / elle trime à épater / elle trame à t'épier / tapie, elle m'arrête / elle mate à étriper". (Pascale Petit)
"Être où le mot est une chambre. / Lui voler sa blancheur, son dallage, sa table. Où peut-on imaginer que je sois avec mes mains de maçon ? / Là. Précis comme l'allège d'un mur. Mais toujours dans la chambre où chaque soir je t'allume un petit cahier avec des yeux de merle." (Thierry Metz)
"Pour Unica je vois de grandes villes abandonnées, des rues vides, maisons exsangues, cours dévastées. Pour Hans, je vois des grottes et des gouffres, des cavernes creusées dans les flancs, des murmures, des silhouettes : c'est la porte qu'il referme, la Poupée en voile noir au fond de la chambre." (Perrine Le Querrec)
"Vous cherchez la poésie avec la vue, des gros yeux. Je vois vos gros yeux qui sont dans la nuit. Je vois vos gros yeux qui cherchent peureusement, je vois vos groseilles, vos perles de rosaire - je vois votre gros sel, je vois la route avec du goudron." (Ivar Ch'Vavar)
"Je ne me suis jamais battu que contre moi-même / Je n'ai jamais traité personne de fils de pute à part toi Alejandro / Je n'ai jamais cassé la gueule qu'à des reflets / Et puis j'ai jamais voulu tuer personne moi / Je ne pense pas que ce soit normal Alejandro." (Alexandre Gouttard)
"Non / je ne suis pas d'accord / le silence n'a rien de gracieux / d'élégant ou de / docile / parfois le silence / c'est juste des mots qui restent coincés / des choses trop grosses pour passer dans le gosier / un peu comme des grenades / qui finissent par nous exploser en dedans." (Marlène Tissot)
"Il y a un calme étrange ce matin sur les balcons. La chaleur n'est pas encore arrivée. Chaque fenêtre peu à peu s'éveille, étire ses longs volets comme on le fait de nos bras. Et ça craque. On entend les os de la rue se déboîter. Ici une épaule grince, là on joue des coudes pour bien démarrer la journée." (Christophe Sanchez)
"Comme la fatigue se porte bien en nous, / elle nous gagne sans nous atteindre si nous ne cédons pas. / Seule, elle peut nous donner un peu de cette secrète intelligence / qui ne nous appartient pas / et qui garde en nous / malgré soi la mémoire de tout ce qui est humain." (Raphaëlle George)
"Maja vestida d'un lambeau d'arc-en-ciel, elle rayonne encore, éclairant la nuit épaisse. Au fait, de quelle voix chantait-elle donc, notre alouette à l'œil vif ? Ah ! Sûrement pas la ritournelle des chastes perruches ou des serins apprivoisés !" (Michel Suffran)
"Pluies frileuses / alopécie du ciel / loin des cascades à présent stériles / qui ne viendront plus adoucir mes nuits / toutes ces "villes intérieures" du manque / ne reflètent que soupirs / parapluies décoratifs / imperméables à vif remisés / dans les zones d'ombre, inutiles" (Grégory Rateau)
Cette lecture musicale sera suivie d'un entretien avec la poétesse Ysiaka Anam, auteure notamment de Et ma langue se mit à danser, éditions La Cheminante, 2018 et Nos peaux en portent les sillons, éditions Atlantiques déchaînés, 2024.
Le collectif Pour Le Moment remercie la bibliothèque municipale de Bordeaux ainsi que Thierry Castets, de la bibliothèque annexe des Capucins.
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