Héloïse Roquencourt est née le 19 mars 2001. Après des études en histoire de l'art à la prestigieuse école du Louvre, elle devient libraire et écrit de la poésie. Nous lui avons déjà consacré une chronique en 2024. Le texte qui suit, où l'on devine comme une mystique tracassée (bien entendable en nos temps chavirés... y compris par un "athée mal repenti"*), est publié sur Facebook. Et c'est un bonheur de le recopier ici. En attendant la parution de son premier livre, que nous lirons fébrilement.
Tu te souviens
la chute du visage - ce matin
et la pierre laissait passer l'archer.
Qu'il faille mourir -
tu le sais depuis longtemps déjà.
Comme un cerf - dans les vêpres pourpres -
tu attends la flèche.
La grange est en feu. Un agneau git sa cendre dans le pré.
Il s'est endormi autour d'œillets des champs clairs.
Tu sens que l'agneau était un ange.
L'ange sourit sous sa chair sa joie devant la mort.
Il murmure dans la tienne.
Tu viens boire sa cendre de sang noir - les poignards.
Tu écoutes
Qu'il faille mourir...
Tu viens te coucher devant la pierre.
Tu attends l'archer. Tu sors déjà ton cœur
devant ta poitrine.
Comme un cerf - dans les vêpres pourpres -
tes deux pupilles obscures attendent.
* Pierre Michon, in Vies Minuscules
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