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jeudi 28 novembre 2019

Se retirer dans un jardin

Résultat de recherche d'images pour "soulage peintre"Se retirer dans un jardin
Et regarder un canard en plastique
Un enfant l'aura perdu
Sa laideur pour un peu nous ferait du bien
Les rumeurs de la ville gargouillent encore
Les lumières sont flasques sur les visages
Où passent des envies déjà vieilles
Petites géographies de la sueur
Et du désir inassouvi
Mais que vivre dans ce havre en toc
Où les ombres ne vont jamais debout
Les oiseaux ricanent à nos soupirs
Les ricochets sur l'étang font des flops
On tourne de guingois
Autour d'un banc qui nous repousse
Et l'ennui grommelle dans la gorge
Il faudrait retrouver l'allonge ordinaire
Des mots qui étreignent
La joie
S'abreuver de nouveau aux humeurs
Qui allègent
Le ciel n'est pas si bas
Et l'horizon garde la ligne
Quand le corps se déplie

Soulages slash-paris.com




mardi 19 novembre 2019

Se retourner sur un visage

Résultat de recherche d'images pour "soulage peintre"
Se retourner sur un visage
Ce geste dans la foule
Quand le bruit assourdit
Quelques traits nous restent
Qu'on voudrait assemblés avec la fatigue
Dans la fabrique d'un souvenir à sa mesure
Mais on presse le pas
On n'a rien reconnu de ce qui hante la peur
Si au moins il pleuvait
Si le tumulte poissait
Les peaux blanches et les yeux délavés
On comprendrait que la mélancolie soit risible
On reprendra bientôt la marche et l'ennui
Parmi les ombres sans soupirs
On ne sait pas vouloir autre chose
Chercher dans la multitude
Cet autre qu'on ne sera jamais
Notre désarroi n'a pas assez de flou
Pour trouver un visage

image Pierre Soulages

dimanche 19 février 2017

Darwin à Bordeaux, cet espace-là

Darwin à Bordeaux est un grand ensemble de commerces biologiques au circuit court, de jeunes entreprises innovantes dans l'infographie ou le design, d'ateliers divers (apiculture pédagogique, serre maraîchère sous igloo façon Mario Merz, vélos à réparer soi-même...) et de pistes de skateboard.Résultat de recherche d'images pour "darwin bordeaux"
La structure occupe l'ancienne caserne Niel sur la rive droite non loin du parc des Angéliques où le talentueux cirque Romanes a trouvé refuge.
Il fait doux s'y promener quand le soleil prend de l'avance sur le printemps. L'ambiance est calme, sympathique, détendue. Le décor, essentiellement constitué d'objets de récupération, n'offense pas le bon goût. Les buveurs de smoothies aiment se blottir en amoureux dans de vieilles cabines de manèges et s'adonnent à des parties de baby-foot comme dans les estaminets. Vous l'aurez compris, on aime ici la mode vintage des années soixante aux années quatre-vingt... et l'Angleterre de Churchill dont une citation joliment graffitée nous annonce qu'avec de la volonté on peut réussir et qu'il le faut.
Loin de moi l'idée de dire du mal de cet espace Darwin que Marion Cotillard herself honora de sa présence ecofriendly three months ago. Même si, le samedi après-midi, il y a foule à pied à vélo et en trottinette, même si les chalands font longtemps la queue aux caisses de l'épicerie, les pensées flottantes n'y sont pas agacées. Les enfants blonds évitent de crier. Les adolescents assis en rond tiennent de suaves conciliabules. Les chiens eux-mêmes gardent le poil lustré des belles toisons et s'empêchent de japper.
Cependant, incapable de m'abstenir de tout esprit critique, je me pose des questions. Au-delà du louable message écologique et solidaire, comment le modèle économique et social est-il mis en oeuvre ? Il a le mérite de créer des emplois et j'espère que la rentabilité du site permettra de les pérenniser, voire d'en générer de nouveaux. Mais je voudrais connaître le montant du salaire versé à la caissière, au serveur du bar, à l'animateur des ateliers. Je voudrais connaître le taux de rémunération des heures supplémentaires, les garanties inscrites dans les contrats d'embauche. Is it bad to ask that ? A la vérité, je n'aimerais pas que Darwin, so kindly, soit une vitrine du capitalisme déguisé en mamie gâteau. Il en existe. Nous ne l'ignorons pas. La prochaine fois, promis, je mènerai mon enquête. 
En attendant, je retournerai au cirque Romanes. Là, au moins, je suis sûr que le décor ne trompe pas. Et la poésie est toujours au rendez-vous.Résultat de recherche d'images pour "cirque romanes bordeaux"

image Darwin lala-architectes.com
image cirque Romanes rue89bordeaux.com

samedi 28 janvier 2017

Utopie aujourd'hui, réalité demain

Texte à crier pour défendre les libertés, les droits de l'homme et la justice sociale considérés comme des utopies par les forces de l'argent. Mise en voix avec choeur et percussions.Chacun pourra augmenter ou réduire à sa façon ce texte que j'offre à qui en voudra.


- Décret du 27 avril 1848 instituant l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises. Le patronat hurle à l'utopie et au déclin de la France.

- Loi du 28 mars 1882 instituant la scolarité primaire obligatoire et gratuite jusqu'à l'âge de treize ans. Le patronat hurle à l'utopie et au déclin de la France.

- Loi du 13 juillet 1906 instituant le dimanche comme jour férié. Le patronat hurle à l'utopie et au déclin de la France.

- Loi du 23 avril 1919 instituant la journée de travail de huit heures. Le patronat hurle à l'utopie et au déclin de la France.

- Loi du 31 mai 1933 instituant la gratuité de l'enseignement secondaire public. Le patronat hurle à l'utopie et au déclin de la France.

- Loi du 11 juin 1936 instituant deux semaines de congés payés. Le patronat hurle à l'utopie et au déclin de la France.

- Ordonnances des 4 et 19 octobre 1945 instituant la Sécurité sociale. Le patronat hurle à l'utopie et au déclin de la France.

- Loi du 16 mai 1969 instituant la quatrième semaine de congés payés. Le patronat hurle à l'utopie et au déclin de la France.

- Loi du 1er décembre 1988 instituant le Revenu Minimum d'Insertion. Le patronat hurle à l'utopie et au déclin de la France.

- Loi du 13 juin 1998 instituant la réduction du temps de travail à 35 heures par semaine. Le patronat hurle à l'utopie et au déclin de la France.

- 2017, l'homme politique Benoît Hamon milite pour un revenu universel de base. Le patronat hurle à l'utopie et au déclin de la France.

Ces utopies sont devenues des réalités. Dans une vingtaine d'années, le revenu universel de base deviendra une réalité. 

L'utopie est une force contre les forces de l'argent.
L'utopie est une force pour les droits humains.

Jésus-Christ est mort assassiné pour ses utopies
Thomas More est mort assassiné pour ses utopies
Jean Jaurès est mort assassiné pour ses utopies
Federico Garcia Lorca est mort assassiné pour ses utopies
Jean Zay est mort assassiné pour ses utopies
Parouir Sevak est mort assassiné pour ses utopies
Martin Luther King est mort assassiné pour ses utopies
Salvador Allende est mort assassiné pour ses utopies
Pablo Neruda est mort assassiné pour ses utopies

Les forces de l'argent assassinent des religieux, des hommes politiques, des journalistes, des écrivains, des chefs d'Etat, des militants des droits de l'homme, des militants de l'écologie, des photographes de presse, des poètes, des avocats, des médecins, des lanceurs d'alerte, des informaticiens, des scientifiques, des caricaturistes, des pamphlétaires, des enseignants, des citoyens, des hommes et encore des hommes, des femmes et encore des femmes, des enfants et des adolescents, des pays tout entiers, des continents avec leur faune et leur flore, des océans avec leur faune et leur flore.

Les banques internationales assassinent.
Les groupes pétroliers assassinent.
Les laboratoires pharmaceutiques assassinent.
Les investisseurs de l'immobilier assassinent.
Les producteurs de pesticides assassinent.
Les fabricants de béton assassinent.
Les marchands de canons assassinent. 
Les exploitants des forêts assassinent.
Les industriels du textile assassinent.
Les industriels de l'agroalimentaire assassinent.

Pour l'argent l'argent l'argent l'argent
encore encore encore encore
toujours toujours toujours toujours
davantage davantage davantage davantage

Des citoyens soumis aux idéologies de droite dénoncent comme utopiques les libertés, les droits de l'homme et la justice sociale et demeurent silencieux devant la puissance des assassins.
Des citoyens soumis aux idéologies de gauche dénoncent comme utopiques les libertés, les droits de l'homme et la justice sociale et demeurent silencieux devant la puissance des assassins.

Parce que les utopies, au fil des luttes sociales, deviennent des réalités pour le plus grand bien commun.
Parce que les utopies sont "le rivage auquel l'humanité sans cesse aborde*".

* Oscar Wilde

lundi 23 janvier 2017

Pensée positive ? Mon cul !

L'enseigne de la grande distribution Carrefour y est sans doute pour quelque chose : il faut positiver !
Depuis une vingtaine d'années, au fur et à mesure que la modernité ravale l'humain au niveau d'un déchet, (pape François dixit), la pseudo science de la psychologie positive le débite en tranches comme du saucisson :
- pensée positive
- mémoire positive
- émotion positive
- énergie positive
- attitude positive (transformée en positiv' attitioude par Jean-Pierre Raffarin en 2004)

Avec ce corollaire à la mortadelle sur les réseaux sociaux : " Si tu veux être triste vis dans le passé, si tu veux être inquiet vis dans le futur, si tu veux être en paix vis dans le présent."Résultat de recherche d'images pour "rosette de lyon"

Comment ne pas succomber à une ire légitime devant ces sottises, relayées notamment par l'intellectuel de la charcuterie Christophe André ? Comment ne pas voir qu'il s'agit là d'une nouvelle croyance pour duper les ignorants, savamment mitonnée par les hérauts du libéralisme décomplexé ? Afin de mieux les soumettre. Encore et toujours davantage.

Je pense à tous ces sociologues, ces philosophes, ces anthropologues, ces économistes qui s'efforcent, avec l'humilité du vrai savant, d'énoncer et d'élucider le réel. 

Je pense aux enseignants, aux éducateurs, aux médecins, aux animateurs engagés sur le terrain du quotidien là où il saigne et qui refusent, comme les chercheurs, le simplisme et le réductionnisme de la pensée binaire.

Je pense à la consternation qui les mine, au découragement qui les menace.

Comment résister aux forces qui organisent l'ignorance en découpant en morceaux les perceptions de l'humain et du temps ? Quels arguments simples mais pas simplistes leur opposer, sujet après sujet, pour ensuite les rassembler dans la globalité du réel ?

Prenons l'exemple d'un verre aperçu sur une table. Si je suis pessimiste (donc soit-disant négatif), je vois le verre à moitié vide. Si je suis optimiste (donc soit-disant positif), je vois le verre à moitié plein. Voilà une assertion qui ne résiste pas à l'examen. Un verre à moitié vide est dans le même temps de la perception un verre à moitié plein. Qu'un sujet, mis à l'épreuve de ses émotions, de ses sentiments, mobilise sa volonté pour voir le plein plutôt que le vide, tant mieux. Joyeux, il saura savourer une rosette de Lyon en complétant son verre à moitié plein avec du Chambertin. Est-il pour autant optimiste et donc positif ? Bien sûr que non ! Il est seulement, à ce moment précis, un sujet qui désire déguster une rosette de Lyon copieusement arrosée de Chambertin, tout en sachant que c'est mauvais pour la santé. La pensée positive se transforme en pensée négative. Et l'optimisme cache mal le pessimisme de l'individu condamné par ses excès de bouche.Résultat de recherche d'images pour "chambertin grand cru"

Autrement dit, séparer le bon grain de la pensée dite positive de l'ivraie de la pensée dite négative est une escroquerie intellectuelle. Et il en va de même pour le temps en supposant qu'il existe. Le passé et le futur ne sont pas des caissons étanches. Quant au présent, oups, il a déjà filé...

Alors oui. Pensée positive ? Mon cul !

Et vive le saucisson !

Image 1, rosette de Lyon. espritrestauration.fr
Image 2, Chambertin. wine-searcher.com

samedi 21 janvier 2017

Jean-Pierre Nercam dit Nâzim Hikmet

Depuis quelques années, le metteur en scène Jean-Pierre Nercam offre au public des récitals de poésie. Apollinaire, Aragon, Eluard, Nâzim Hikmet... Dire " Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre " à voix nue et faire oublier le chant de Jean Ferrat démontre un talent longuement mûri sur l'établi de l'émotion et de la langue. Jean-Pierre Nercam a une connaissance intime des silences de la poésie. Il a aussi, dans l'offrande, la simplicité des humbles, qui ne triche pas avec la fragilité de l'humain.
Son compagnonnage fraternel avec le musicien Gérard Hello (guitare, oud, saz) exprime dans les regards échangés comme dans le partage des fredonnements les tendres beautés de l'ordinaire. Même si, au détour des suspens ou au coeur du poème, des ombres tragiques nous font frissonner...
Le spectacle donné au théâtre du Cerisier dans le quartier de Bacalan à Bordeaux, sur la vie et l'oeuvre de Nâzim Hikmet, m'a profondément ému. 
Membre du parti communiste turc, traqué, incarcéré pendant quinze ans (douze mois pour un seul poème en 1933), exilé en URSS puis en Pologne, Nâzim Hikmet incarne la figure de l'écrivain résistant. Sa poésie du quotidien élémentaire, avec ses personnages d'épiciers, de cordonniers, de tailleurs, de voisins en bleu de travail, d'enfants gourmands et d'espiègles amoureuses, de chats et d'oiseaux porte à hauteur d'homme les valeurs universelles de la paix et de la liberté. Nâzim Hikmet dédaigne les plastrons des métaphores. Il préfère l'humour sur lui-même, du genre [je ne crois en rien mais il m'arrive de lire dans le marc de café] et manie aussi bien la fable naïve que le manifeste engagé. Dans la Turquie d'aujourd'hui, oppressée par un dictateur islamiste, souhaitons que ses vers continuent de courir dans les rues, parmi les étals aux parfums de safran et sur les lèvres des belles énamourées.Résultat de recherche d'images pour "nazim hikmet"

Extraits :

Les lampes de l'épicier Karabet sont allumées,
Le citoyen arménien n'a jamais pardonné
Que l'on ait égorgé son père
Sur la montagne kurde
Mais il t'aime,
Parce que toi non plus tu n'as pas pardonné
A ceux qui ont marqué de cette tache noire
Le front du peuple turc.

*

Je suis dans la clarté qui s'avance
Mes mains sont toutes pleines de désir
Le monde est beau
Mes yeux ne se lassent pas de regarder les arbres
Les arbres si verts, les arbres si pleins d'espoir
Un sentier s'en va à travers les mûriers
Je suis à la fenêtre de l'infirmerie
Je ne sens pas l'odeur des médicaments
Les oeillets ont dû s'ouvrir quelque part
Etre captif, là n'est pas la question
Il s'agit de ne pas se rendre
Voilà

Photo de Jean-Pierre Nercam et Gérard Hello par Vincent Maurin
Portrait de Nâzim Hikmet, leblebitozu.com


mercredi 18 janvier 2017

36 choses à faire avant de mourir

Hervé Bougel, éditeur néo bordelais au Pré carré, propose à qui le souhaite de rédiger une liste numérotée de 36 choses à faire avant de mourir. Je trouve l'idée séduisante. J'en aime le caractère injonctif. Plus qu'un désir, il exprime une volonté. Une volonté avant la mort. Dont l'urgence est évidemment plus marquée si le rédacteur entre dans l'âge avancé.
C'est mon cas. Bientôt soixante-deux ans. Mais je rencontre un problème avec cette liste. Je peux éventuellement désirer faire trente-six choses avant le gong final (manger une deuxième fois de la lamproie bordelaise mitonnée à la maison par une excellente cuisinière, visiter le musée de l'Ermitage en mettant mes pas dans ceux de Dostoïevski, revoir tel ou tel copain de collège...)
En revanche, s'il s'agit de figer dans le grain du papier une volonté, une volonté presque dernière, ma liste n'atteindra pas le numéro trente-six. Loin de là. Est-ce à dire que, fort peu désirant, enclin qui sait au renoncement, ma volonté se réduit chaque jour davantage ? C'est probable. Mes proches connaissent mes penchants crépusculaires. La lucidité sur le monde et sur soi a un prix lourd à payer. L'amenuisement déjà me ronge. Dans quinze ans, il n'y aura plus rien. Alors voilà ma liste. Forcément tragique.

1 - Aider ma compagne à guérir de sa maladie
2 - Aider mon vieil ami à guérir de sa maladie
3 - Aider mon frère à guérir de sa maladie
4 - Publier un autre roman chez Gallimard
5 - Retourner à Venise avec ma compagne
6 - Donner le goût de la lecture à mon petit-fils adoptif
7 - Trouver des héritiers pour nos livres et nos tableaux
8 - Publier un dernier recueil de poèmes
9 - Faire un voyage à Amsterdam avec ma compagne
DSCN4640

Si vous souhaitez en savoir plus sur l'entreprise des éditions Pré carré fondées en 1997 par Hervé Bougel, visitez leur site precarrediteur.fr

Image precarrediteur.fr

mardi 18 octobre 2016

Prendre en soi les angles morts

Prendre en soi les angles morts du paysage
Où se trame la durée des solitudes
Deviner l'éclat séparé de la pierre
Et les ombres dérobées sous les fenêtres
Un assemblage serait possible
Si la lumière ne brouillait
Pas les lignes
Une heure déjà a passé
Comme un mauvais grésil
Je ne peux rien délivrer
Pas même le silence

*

D'autres veilleurs se sont tenus entre ces murs
Ils ont nommé les oiseaux
Au passage des pluies
Murmuré à l'unisson des cheminées
Ils ont demandé aux solives
Le secret fourbi par le bois
Aux serrures rouillées
Le vieux corps des passions
J'entends mon souffle dans leurs mots
Je ne sais plus qui signe mes frissons

*

Quel inventaire pour les marques dans la
Pierre
Comment assembler la veine
Creusée au couteau
Et la coulure ocre d'un pochoir
Un enfant aura voulu tromper
L'ennui
Avec une découpe d'étoile
C'est loin en moi
Quand mon corps n'était pas encore fait
Que je trouverais les mots
Qui diraient les gestes
Le tremblement des impatiences
Et la mémoire de mes empêchements

*

La tentation d'imaginer un autre paysage
Accordé à ce qui a manqué
Au corps des enfances
Le limon ne gagnerait pas les berges
Où les rêves reposent les fatigues
Aucune bête noire tapie sous les allèges
Les cheminées penchées vers l'oiseau
Sauraient la part du chant 
Dans le silence
Mais quelle durée pour cette image
Si les mots ont trop de fièvre
Si la pauvreté leur fait défaut

*

Ces textes font partie d'une sauce que j'allonge à la façon de monsieur de Béchameil. Vous pourrez goûter le plat en juin ,prochain si le cours des légumineuses ne s'envole pas prou. D'ici là, j'ai encore bien des habillages à modifier, par pincées légères.

vendredi 28 juin 2013

Dans la violence du calme

La rumeur des voix ne porte plus d'écho le long du parapet. Un lacet défait courbe sur le sol une ombre déjà fatiguée. Quelques boîtes rondes, cabossées par l'ennui, ont de vains roulements dans la mouise du caniveau.

Le vent retrousse un peu la Garonne qui vire au gris. Une pelle mécanique entame l'autre rive comme un gâteau de trois jours.

Un nourrisson pousse un cri qu'on pourrait croire sorti de la gorge d'un paon. 

Mais le paysage tient debout cependant. Les jambes des passants lui servent encore de béquilles.

Il faudra beaucoup de temps pour s'apercevoir que l'effondrement est déjà là.

P.S. : La violence du calme est un concept socio anthropologique de je ne sais plus qui.

mercredi 29 mai 2013

Petites coupures # 6

Je regarde le jardin
Son abandon
A la joie des herbes sans nom
Le muret pourrait s'ouvrir
Sous d'invisibles poussées
Un chat traverse la lumière
Qui ne tient pas debout le paysage
Une plainte mais venue d'où
porte le soupçon au coeur du bois
Décomposé
Mes yeux cherchent une image introuvable
Mais comment appeler le poème
A leur secours
Avec des mots qui ne savent rien

vendredi 10 mai 2013

Je ne sais pas

Je ne sais pas ce qui travaille le poème
Quelles humeurs le font trébucher dans la langue
Je ne sais pas de quel corps
Il puise sa matière
Un paysage peut-il en advenir
Et comment le composer
Avec des mots mal jointoyés
Je ne sais pas
Jusqu'où me conduira sa fatigue

*

La tentation de renoncer
A ce qui s'assemble malgré soi
Sur la page
Qu'on ne reconnaît pas
Aussitôt qu'il a posé ses menaces
Mais comment se retourner 
Sur un chemin sans horizon

mardi 1 mai 2012

Petites coupures #5

Une rue un caniveau
Quelque chose bat
Dans l'eau immobile
Ma peau déjà pressent une chimère
La lumière couche la rue
D'un gris sans grain
Qui pourrait m'échapper
Le trottoir frissonne avec ma peur
La chose est un chiffon rien d'autre
Épointécomme une aile
Et le vent le change en oiseau 

 
Un enfant de l'autre côté
Qui n'a rien vu
Promène son insouciance
Dans ses jambes
La lumière est moins basse

 
S'approcher enfin de la chose qui bat
Constater un pigeon
La mort le façonne encore
Fait de ses plumes un tissu mou
Relever de toute urgence
Les yeux vers l'enfant
Qui a tourné

jeudi 19 avril 2012

Peties coupures #4

Une bicyclette hors d'âge
Contre un mur dans un jardin
Image de carte postale
Revenue avec ma fatigue
Des flambées de capucines
En tortillaient le cadre
Faisaient claquer la lumière de mars
Sur le guidon rouillé
Mais le chien du voisin
Aboyait son ennui 
De l'autre côté du mur
Déchirait déjà
La perspective du souvenir 

 
Poser de toute urgence
Une méchante boîte de coca
Sur la bicyclette transformée
En vélo
 
Se méfier de toutes ces enfances
Qu'on aura repeintes
Un soir de petite joie
Garder en soi l'ennui du chien

lundi 9 avril 2012

Peties coupures #3

Une silhouette sur un pont
Elle ne dit aucune présence
Aucune solitude
Dans la lumière montée du contrebas
Son ombre fait des hachures
Longtemps après mon passage
Mais comment les rassembler
Pour dessiner un homme
 
Ce ne sont pas mes yeux 
Qui voient les plis du paysage
Pris dans la vitesse du train
Ma pensée ne sait pas les arranger
Je les sens pourtant qui traversent mon corps
Leurs fragments me pétrissent
Comme un limon 

D'autres ponts sur le chemin
Chacun son parapet de bure ou de dentelle
Dans la lumière mal dépliée du jour
La silhouette aperçue
Me ressemble enfin
Je peux dormir
 

lundi 27 février 2012

Petites coupures #2

Un éclat de lumière
Et sa patine contre un tronc
Qui ne dit rien
Pas même le jour venu
Qui me tiendra pourtant
Jusqu'au soir


Les heures me traversent
Sans dépôt
Comment m'étonner
Avec ce vide


Mes gestes sont d'un autre corps
Mes mots d'une autre langue
Aucune ombre dans leurs traces
Qui désignent mon absence
Je n'ai pas besoin d'être


Abolir en soi
Ce qui pourrait rester du paysage
Dissoudre l'éclat de lumière
Dans son silence
Passer plus léger
L'épreuve du retour

samedi 18 février 2012

Petites coupures #1

Un oiseau mort dans la boue du chemin
Le poser sur l'herbe
Êtrelui avec ce geste


Souvenirs d'eaux et de brumes
Dans la gorge des fossés
Et mes enfances de peupliers
Qui n'attendaient rien
Déjà


Le vent rebroussait les prés
Quand l'eau remontait des puits 
Des voix recherchaient les berges perdues
Qui ont fourbi ma langue


Revenir on ne sait comment
A l'oiseau
Sur un autre chemin