Héloïse Roquencourt est née en 2001 en Picardie. Après des études en histoire de l'art et en archéologie, elle se destine à une carrière de libraire. La revue numérique Terre à ciel (en lien sur ce blog) l'invite à sa table des anges avec de longs extraits d'un recueil en préparation. S'en suit un entretien où elle se confie sans fard ni détours sur ce qui la hante depuis la naissance. Parmi ses querencias, elles cite Sylvia Plath, Anne Sexton, Violette Leduc et Unica Zürn.
Editrices, éditeurs, allez sur Terre à ciel et lisez ces textes tantôt tourbeux et tantôt incandescents dans l'urgence à ne pas suffoquer totalement. Je ne doute pas que vous aurez envie de publier Héloïse Roquencourt. Elle le mérite grandement.
J'ai jeté ma valise et mes jambes
Dans la première poubelle que j'ai croisée dans la rue
Je me suis défaite du mouvement du monde
J'ai refusé que la terre tourne et que les horloges
battent le temps comme du pain
J'ai refusé la farine du monde
Et ce printemps qui est déjà tombé sur l'été et l'été
sur l'automne
Ca se ramasse en bruit continu et j'ai envie de hurler
car je veux seulement un silence
A tenir dans ma petite poche blanche
J'ai jeté ma valise et mes jambes pour aller nulle part
J'ai voulu quitter le monde en barrant mon nom de
tous les registres
J'ai voulu abolir tous les adjectifs, tous les noms,
la parole même
Et brûler mon corps pour devenir cendres-perdues,
vent-retrouvé,
Vivante et beauté blême
La simplicité absolue - un matin, une nuit, une
lumière
J'ai jeté ma valise et mes jambes
Pour me transformer en draps
Linges blancs, mains de lilas
Roches des rivières
Vivacité
Oh quel beau petit mot dans ma bouche !
Vivacité - mes jambes mouillées
Le coeur en balade
Je vis ! Je vis ! je vis !
*
Je n'ai dans la tête, dans mon désir
Qu'oiseaux, cyprès, grandes - grandes montagnes
Papier jaune pour allumer les doigts
Et du rêve pour jouer à quelque chose
Suis-je malade si je pense souvent
Avec des larmes sur les joues
A l'air pur des montagnes ?
Si seulement je pouvais être ce brin d'herbe, ce
lierre...
Là-haut
Pour boire la lumière
Pour être ivre
*
à mon amour
Les lilas m'ont brûlée
Les chants d'amour m'ont anéantie
Les champs de blé m'ont grignoté le corps
Je t'aime avec des tentatives pleines de vermines
lyriques
Je t'aime avec des poèmes qui ne sont pas les miens
Les calamités m'ont rongé la gorge
L'écorce a envahi ma bouche
Les araignées ont mordu ma langue
La brume m'a pleurée à l'orée du jour
- Enfant malade, tapis des hommes
J'ai voulu me foutre le feu pour me laver
Et me tisser un nouveau corps
De braises grandioses
De scories chatoyantes
Je t'aime avec mon enfance sans nom et sans visage
Avec ma laine, mes bises de vivacité, mes lierres
Mes maisons, mes campagnes
Aimes-tu mon enfance ? ma sauvagerie taciturne,
mes prières païennes ?
Aimes-tu le silence du matin qui bout dans la
bouilloire ? (...)
très chantant et parlant... bravo
RépondreSupprimerBeau beau beau !
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