mardi 30 avril 2024

la forge, Revue de poésie n°2 - février 2024

Découvrir cela, dès la toute première page d'une revue de poésie, la forge :
 

in memoriam

Maksym  Kryvtsov, poète ukrainien mort au combat le 7 janvier 2024 à l'âge de 33 ans

Lev Rubinstein, poère russe, opposant au régime de Poutine

et le coeur aussitôt se serre. Le lecteur devine qu'il n'entre pas dans une maison comme les autres. Le texte liminaire d'Estelle Fenzy conforte son sentiment. " Et l'Homme a désiré la parole et le chant... Les mots dans la bouche la voix le corps tout entier. Pour traduire la grandeur, la monstruosité humaine. Jusqu'à l'imprononçable. Dans l'effroyable cacophonie du monde, murmurer l'enfant endormi et le fantôme hurlant. Ecouter ce monde se taire, reprendre souffle... Dans son incomplétude et son imperfection, prendre corps, prendre sens."

Et c'est une maison ouverte à tous les ailleurs d'aujourd'hui et d'autrefois avec de nombreux poèmes en bilingue ( latin, chinois, catalan, portugais, turc...). Le Catalan August Bover, en son espoir lucide ou son "désespoir correct" écrit : "La pluie trempe / les rues et les restes / qui vous font survivre. De nouveau, dans les champs, jaunit / le genêt fleuri." Et le Portugais Nuno Júdice lui adresse en écho ces mots : " On ne peut pas encore dire ce qui a valu ou non la peine, sur quels bancs de jardin, autour d'une table, on parlait de choses essentielles qui, l'instant suivait, s'évaporaient avec la fumée d'un café juste tiré, ou d'une cigarette qui s'éteignait." Et le lecteur, qui sait, de se dire que le réel ne tiendrait pas longtemps s'il n'était pas si fragile.

La forge accorde aussi une large place à la poésie contemporaine d'ici. Un ici dont les géographies intérieures ne se calquent sur aucune frontière. Les six poèmes extraits de Prendre la mer - 60 sonnets pour les Boat People, suivi du 7 octobre de Sabine Huynh sont évidemment bouleversants. La grande hache de  l'histoire minuscule et majuscule n'enseigne rien, jamais, quels que soient les hommes. Eprouvée dans sa chair par l'exode vietnamien dans les années soixante et la disparition de son père au point de ne plus pouvoir "manger de fruits de mer", l'auteure revit son drame intime à la ténébreuse lueur des massacres du 7 octobre en Israël : "il y a ces femmes / ou l'ombre de ces femmes / cherchant la clef de sol pour ouvrir / la porte du bout de la rue du 7 octobre". "là où les nazis ont troué des coeurs à jamais, en ont laissé d'autres congelés dans l'indifférence ou la haine, les poèmes peuvent-ils réparer le réel ?" Vingt autres contributions s'en suivent, chacune à sa façon, étirée sur la page ou plus ramassée, tantôt presque lyrique et tantôt presque narquoise, laissant la question sans réponse. Et Lacan de me souffler à l'oreille : c'est parce qu'on sait qu'il n'y a pas de réponse qu'on la pose, cette foutue question !

Aussi, humour caustique en bandoulière, Olivier Liron pratique-t-il l'art poétique en natation synchronisée. Huit poètes sur la ligne de départ dont Ponge, Cendrars, Roubaud et le dénommé Charlot Baudelaire "pour tous ceux qui tètent la douleur comme un produit laitier". Dans une veine aussi moqueuse et à situations burlesques, Etienne Paulin brocarde "une dame furibarde [qui] se rend sous l'évier, se recroqueville toute et dévore un pâté."

Retenons encore, parmi ces voix si diverses, celle de Nathalie Swan, assez proche de la quête psychanalytique : " A quoi rêve l'enfant du ventre s'il / n'a rien vu / du dehors ?" "Où attendre d'aimer / quand demande à vivre / ce qui nous sauve ?"

 Les lettres d'Antoine Emaz à un étudiant dans les années 90 (d'autres paraîtront dans le numéro 3 de la revue) constituent un moment à part dans le cheminement du lecteur. Il y aurait à leur consacrer une chronique entière. Tant de simplicité, tant d'humilité, tant de lucidité, tant d'affection même sous le plume de ce poète majeur trop tôt disparu... Bref ! Aussi longtemps que nous durerons, lisons et relisons sans cesse Antoine Emaz. Et remettons à féconder nos ignorances élémentaires.

Après cette parenthèse, la revue s'ouvre à la voix oubliée de Pierre Morhange (1901-1972). Militant au parti communiste et proche de la revue Philosophie, son oeuvre fut saluée par le critique d'art Gaëtan Picon et le linguiste Georges Mounin. Franck Venaille a dit de lui : "Il y a du granit dans cette oeuvre qui ne s'effrite pas, ne se dilue pas et jamais ne rompt".

Et c'est bien, dans La forge du poème, de matière dont il s'agit. Avec une querelle des anciens et des modernes narrée par Pierre Vinclair. Avec cette liste noire de mots prohibés par l'ultra-moderniste Rim Battal : "Ame / Azur / Horizon / Silence / Monde / Ephémère / Opalescent / Ruines / Beauté / Infini / Semence / Vertige... Et l'humble chroniqueur que je suis a froid dans le dos. La dictature guette les mots, leur peau dure et leur peau tendre , leur esprit d'un jour ou de toujours. Ils se moquent bien des vieilleries qu'on leur prête et, à l'opposé, ont bien le droit de kiffer le méga contemporain. Mots de tous les poils et de toutes les couleurs, révoltez-vous contre les censeurs !


L'arrière-grand-père forgeron d'Olivier Barbarant aurait probablement dit la même chose. Faisant la part mêlée des mythologies et des vérités concrètes, le poète affirme : "Le poème naît quand le langage n'oublie plus qu'il n'est pas qu'un moyen d'évoquer des choses, des faits et des idées, mais qu'il est lui-même un corps, susceptible de porter dans sa chair (une chair nouvelle au regard de celle de l'événement) la chair de ce qui fut vécu.

De toute façon, malgré des bibliothèques entières écrites sur le sujet, on ne saura jamais d'où vient le poème. Cédric Le Penven, qui cite Jean-Louis Giovannoni, dit qu'il "vient pour laisser trace. Pas que des cendres. De la bave aussi". Et il ajoute : "Le poème vient quand je renonce à l'accueillir." Tout aussi lucide, Joël Bastard note son "impression de ne rien communiquer de bien précieux sur la poésie" et se laisse aller à une piquante pirouette : "Le poème est passé me voir ce matin. J'étais à moitié présent. Mon impolitesse l'a fait repartir sans me dire un seul mot."

Et le mystère de se barricader pour l'éternité. Dans le vertige du néant infini.  Oh ! Terreur ! J'ai employé plusieurs mots de la liste noire de Rim Battal. La Stasi ne va plus tarder à frapper à ma porte...

Extraits :

J'ai laissé mes lèvres à l'heure d'hiver

je n'ai pas vu les camélias                                                                  mais un cheval lent qui entre dans la mer 

La mer son bleu de porcelaine, son bleu adorable                                 la mer à l'heure exacte d'y entrer

Je n'aurais pas hésité

Pour retrouver "ce pas ivre au bord du trottoir"                                      et les baisers des rues

Ce pas ivre, trois enjambées et des éclaboussures                                 Et maintenant m'ébrouer et nager, nager

Nager avec les grands fauves (Ida Jaroschek)

*

Ce n'est peut-être que par les mots                                                      que je construis cet espace                                                                        entre fleurs et branches,                                                                    entre ailleurs et ici,                                                                              blancheur et ombre,

et ce sont eux qui me perdent,                                                       dévoilent et effacent                                                                                d'un même mouvement,                                                                  barrent le passage                                                                                    qu'ils avaient eux-mêmes creusé. (Jean-Christophe Ribeyre)

*

On s'était trompés de porte, de note                                                       de mot à la fin de la phrase                                                                       on avait tout dit en fait                                                                              sauf le mot qu'on voulait                                                                    sauf celui qui aurait pu tout sauver                                                   celui qui voulait sortir                                                                               et qui était resté coincé                                                                      avec toute sa lumière                                                                          sous la porte (Coralie Poch)

*

J'aurais dû courir                                                                                  Ne pas voir un seul visage longtemps.                                                  Et j'étais l'herbe aux pieds des monstres                                                 Et je vois que c'étaient des pierres                                                      Qui continuent à rire sous la poussière.

Et moi, je suis chassé, aminci,                                                                  Je sens le sable du malheur.                                                          Comme un couteau de lumière                                                              Je m'en vais trancher tout seul la nuit. (Pierre Morhange)

A lire aussi dans la revue les glaçants passages de Benjamin Guérin, de son recueil Anthropocène et, arpentant les territoires maudits de la planète le Aden Terminus de Sébastien Kérel.

La revue la forge, 269 pages, est accompagnée de dessins d'Astrid de La Forest et d'une photographie d'hommes en noir sur fond de dune avant la mer signée Eddy Verloes. Publiée par les éditions de Corlevour, cette revue sobre et élégante coûte 22 €.

 

mardi 23 avril 2024

Prague, Preparing for darkness

Une promenade au bord de la Vltava et, soudain, écrits en gros sur un mur de la rive droite, ces mots-là : PREPARING FOR DARKNESS. Alors, on ne regarde plus de la même façon les pédalos en forme de cygne ou de voiture ancienne qui glissent au gré de l'onde. On se dit que les images ne vont pas ensemble. D'un côté l'innocence et la joie. De l'autre, le mystère de l'obscurité, que nous devons peut-être apprivoiser. On s'interdit de penser aux cauchemars géopolitiques. On veut rester dans la douceur de la flânerie. Ilona nous dit qu'il s'agit d'une exposition d'art contemporain au musée Kampa et nous y allons. 

La curatrice de l'exposition, Uwe Goldenstein, accueille 13 artistes [qui souhaitent rompre avec l'abstraction post-moderne en renouant un dialogue immédiatement compréhensible entre l'histoire de l'art et leur univers émotionnel. Ils sont unis par la même volonté de ressusciter la mélancolie en redonnant toute sa magie à l'expérience du visible]. 

Uwe Goldstein intitule son texte de présentation (non traduit en français, grr !) : A generation of artists who work in the spirit of melancholic resistance. Autrement dit, la mélancolie est ici une arme pour lutter contre l'obscurantisme qui menace le monde. Pour mémoire, rappelons que pendant des siècles et des siècles, l'église condamnait l'acédie car elle détournait les individus de l'ordre divin. Dieu a été remplacé par la sous-culture du foot et de la "télévicon" et les grands trésoriers des consciences abêties veillent sur leurs troupeaux. Alors, en effet, la mélancolie peut agir comme une résistance aux empêchements d'être soi.

Ces artistes, nés dans les années 70 et 80, sont pour la plupart tchèques, roumains, hongrois ou allemands. Leur vision commune est celle de l'imaginaire historique de la mittel Europa. Entre détachement et inquiétude. Le réel est moins sûr qu'ailleurs dans un pays qui a été plusieurs fois rayé de la géographie physique. La langue même s'en ressent, qu'elle soit ordinaire ou littéraire. 


Nous avons particulièrement aimé les huiles sur toile du Roumain Radu Belcin, né en 1978. Les corps et les regards, cloués dans l'absence de mouvement, figent ce qui apparaît autour d'eux et glacent l'entendement du spectateur. Une bruyante solitude l'étreint. Parfois, et nous avons pensé à Bacon, des visages craquelés annoncent l'inéluctable défection du vivant.  Quel sens alors, peut-on accorder à l'agir de l'humain ? Quelle place occupe-t-il dans les agencements absurdes du monde si les lieux de la vie secrètent un silence assourdissant ?


 

 

 

 


Nous avons également apprécié l'interprétation de la Cène par Nicola Samorì (né en 1977).  La disparition progressive du Christ réduit à un halo évoque aussi bien la corrosion de la matière picturale (le tableau de Vinci fut maintes fois menacé de délitement*) que l'inexorable révélation du vide. Comme un suspens entre l'idée de la vie et l'idée de la mort. Qui désarçonne tous les apôtres dont le regard effacé annonce la disparition du réel.

* Afin de procéder à des retouches, impossibles avec la détrempe utilisé dans la pratique de la fresque, Vinci a utilisé dans le même temps de la peinture à l'huile. Cette technique mixte altéra rapidement son tableau et il fallut recourir à de nombreuses restaurations. Afin que, selon le mot de Goethe, il ne devienne pas un "cadavre".

 

dimanche 21 avril 2024

Prague, trente ans après

Nous étions jeunes lors de notre premier séjour à Prague et la démocratie tchèque l'était encore plus. L'espoir luisait, petit brin de paille dans les yeux et les rêves. Le souffle de la liberté retrouvée ébouriffait les clochers de la ville, ces bulbes fleuris en toute saison. Le pont Charles (Karlův most) ne s'affaissait pas encore sous le poids du tourisme de masse et les promeneurs regardaient les façades colorées, les moirures de la Vltava où les poissons frémissaient encore des anciennes mélancolies.

Aujourd'hui, malgré les menaces qui pèsent sur la Bohème comme sur toute l'Europe centrale, le ciel de Prague n'a pas renoncé aux promesses du velours*. La ville est paisible. La circulation n'assourdit pas le voyageur et les voitures cèdent volontiers le passage aux piétons. Les nombreux tramways, hors d'âge ou ultra-modernes, vont et viennent dans un calme rassurant. Le métro, très propre, ne génère aucun sentiment d'insécurité. D'ailleurs, malgré ses sirènes à l'américaine, la présence policière est assez discrète. 

La relative prospérité économique du pays, taux de chômage à moins de 3%, balance commerciale excédentaire, dette à 30,8% du PIB en 2019 (contre 97,9% en France la même année), explique peut-être en partie cela. On voit à Prague bien moins de sans-abri qu'à Paris et à Bordeaux.


C'est donc dans un climat propice à la flânerie que nous avons redécouvert la ville avec Ilona, marcheuse infatigable et amoureuse de la langue française.  Le café Louvre étant trop bruyant, nous n'avons pas cherché à y retrouver les fantômes de Kafka et de Max Brod. Nous sommes allés nous attabler au café Slavia où Bohumil Hrabal* et Vaclav Havel, parmi d'autres intellectuels, avaient leurs habitudes et leurs conciliabules. Une déambulation littéraire avec cappucinno et croissant fourré à la framboise. 

Un soir, nous avons acheté une bouteille de prosecco  et l'avons bue place Vítězné, en face d'une Bageterie Boulevard où le pain, dit-on, ravit les becs fins. L'ambiance était aussi feutrée que dans un salon. Des jeunes jouaient aux échecs. Des adolescentes entretenaient des murmures amoureux, bercés par le ronronnement des voitures à l'entour et les derniers rayons du soleil. 


Dans le passage Lucerna, nous nous sommes perdus dans les galeries art déco et avons admiré la statue équestre renversée, oeuvre de David Čemý réalisée en 1999 et sobrement intitulée Cheval. Une boutique de tableaux anciens, à peine grande comme une chambre, a étonné notre étonnement. Est-elle vraiment vraie malgré ses dorures ostentatoires ? Aurions-nous osé y entrer si elle avait été ouverte ? Les perceptions ordinaires dans Prague se gaussent bien de l'endroit et de l'envers et on ne sait jamais si ce qui apparaît n'est pas un faux décor. Une cocasserie picaresque du brave soldat Švejk (lire le roman de Jaroslav Hašek), peut-être. 

La ville n'est cependant pas confite dans l'illusion du passé. L'art contemporain, dans les musées et les jardins, sur les îles de la Vltava, y témoigne d'une vie culturelle vibrionnante. Et c'est ainsi que nous l'aimons.

* Allusion à la Révolution de velours du 16 novembre au 29 décembre 1989, qui marque la fin de l'autocratie communiste.

* Bohumil Hrabal est l'auteur de romans dont je conseille ardemment la lecture : Une trop bruyante solitude, La petite ville où le temps s'arrêta, La chevelure sacrifiée... Plusieurs de ses livres ont été censurés par la dictature communiste.

jeudi 4 avril 2024

Mon p'tit journal sur la poésie, 11 juin 2021 - 13 décembre 2022

 

Vendredi 11 juin 2021

Relu Entrevoir de Paul de Roux, préfacé par Guy Goffette. La lumière, les saisons et leurs couleurs d'arbres et de feuilles, toutes sortes d'animaux traversent une douce mélancolie hantée parfois par Dieu ou un visage de femme aperçu. Et le Temps, avec majuscule, s'amenuise. Ecriture simple, presque nue, mais avec des enchâssements comme des apartés. Beau.

Samedi 19 juin 2021

Terminé Le livre de la neige de François Jacqmin. Une poésie philosophique de l'effacement de la pensée et du sujet.

Mercredi 11 août 2021

Terminé Regain du sang* d'Emmanuel Damon. Une poésie symboliste orientée vers la joie à l'épreuve des éléments premiers du monde. Beau.

Vendredi 17 septembre 2021

Terminé Les mots étaient des loups de Vénus Khoury-Ghata. Une écriture à nulle autre pareille. Et un univers où les morts croisent les vivants dans l'ordinaire des jours cependant que tous les éléments et toutes les choses prennent aussi bien la parole que les entités. Une poésie qui conte et raconte avec le secours de toutes les mythologies païennes et religieuses, orientales occidentales.

Mardi 21 septembre 2021

Terminé Les coupures invisibles de Natalia Litvinova. Une Ukrainienne écrit en espagnol depuis Buenos Aires. "Ecrire, c'est aller vers la blessure pour la soigner avec du poison." 

Vendredi 6 mai 2022


Terminé Conspiration du réel* de Grégory Rateau. Très bien, souvent rimbaldien. 

Jeudi 7 juillet 2022

Terminé Ceux qui vont par les étranges terres les étranges aventures quérant* de Claude Favre. Sur les migrants, tous les miséreux de la terre. Souvent bouleversant dans la langue même, suffoquée. 

Mercredi 3 août 2022

Terminé Tant suivre les fuyards de Jacques Vandeschrick. Toujours ce lyrisme premier voire inaugural.

Dimanche 6 novembre 2022

Terminé Corps habitable* de Michel Bourçon. 

Vendredi 18 novembre 2022

Terminé Cavale russe de Célestin de Meeus. Un voyage de retour plutôt que d'aller, de Vladivostok à Ostende. On pense évidemment à Cendrars  mais c'est très contemporain et beau.

Jeudi 8 décembre 2022

Terminé Territoires approximatifs* de Jean-Christophe Belleveaux. Beau.

Mardi 13 décembre 2022


Terminé le très beau Contre-fugue* de Mila Tisserant.

Les titres suivis d'une étoilette sont chroniqués sur ce blog.

 

lundi 1 avril 2024

Claude Favre & Roxana Crisologo, La débâcle du monde

Les poètes le savent aussi et le disent sans détours. L'humanité souffre de plus en plus dans notre monde à la dérive.  Les fêlures à la longue deviennent des brèches impossibles à réparer, le gouffre déjà s'ouvre au regard qui a la volonté de garder les yeux ouverts.

Dans son recueil Thermos fêlé, Claude Favre  tient la chronique des jours de guingois du 29 décembre 2014 au jeudi 19 mars 2015. Avec, en exergue, cette question terrible de Federico García Lorca : "Est-ce qu'un homme peut jamais cesser de l'être ?"  

Le lecteur retrouve les innombrables avanies qui défigurent le visage des hommes depuis les commencements de l'histoire, majuscule et minuscule. L'effet d'accumulation le mène au bord de la suffocation : réfugiés syriens sous "l'horizon engorgé", attentat contre Charlie Hebdo, génocide au Congo, agressions contre des musulmans, agressions contre des juifs, déroutes à Port-au-Prince... Puis, ici, à Ploucville où "on espère il n'y aura pas de vent", statistiques et faits divers à l'appui : la misère sociale, la faim et la soif dans les nuits froides et sans sommeil, cette horreur-là sans cesse répétée (plus de 30 000 enfants sans domicile fixe, en France, en mars 2015...)

La langue de Claude Favre, en ses proses heurtées, va et vient entre l'énoncé ordinaire et la grammaire implosée. "un peu comme un thermos fêlé - impeccable extérieurement, mais dedans rien que du verre brisé". Et l'implosion, dans le même souffle dévastateur, explose toutes les figurations. Comment se recomposer dans la banalité du mal ? Comment ne pas avoir une "tête à hurle" ? 

 

Dans son recueil Un día me iré sin llevarme nada / Un jour je m'en irai sans rien emporter, la Péruvienne exilée à Helsinki Roxana Crisólogo dresse un constat identique, de Lima à Istanbul où "quelque chose va sauter avant que la lumière vacille", de Taormina en Sicile peuplée d'enfants errants sous le soleil gluant d'huile à bronzer à Ramallah dont la moitié des oiseaux ne sont plus. Et l'auteure, non sans ironie amère, "raconte l'histoire de l'inégalité" avec, sur sa peau, les traces visibles de ses parents migrants. Cependant que dans les savanes africaines, des "chasseurs octogénaires" au ventre confortable paient de petites fortunes pour photographier des animaux qui fuient [les saisons sèches et les pesticides]. Et que, à Helsinki,  les centres commerciaux et les spas affichent leur opulence. Malgré le manque de lumière qui fait tomber les ongles.

La lucidité, cette blessure dite aveuglante, conduit Roxana Crisólogo à questionner la poésie elle-même. Sans concessions. "j'ai honoré le temps que la poésie m'avait imparti pour faire briller la vaisselle / j'ai honoré mon quota de mots de chagrin / j'ai fait malgré la poésie / et si la poésie m'avait abandonné dans la steppe / pour que j'apprenne à me défendre ?"

La langue de Roxana est magnifiquement décrite par la poétesse et cinéaste Véronique Kanor dans sa préface. "De vers libres en vers évadés", entre effacement et dévoilement, les mots ont des fulgurances suspendues qui disent oui "aux rêves des enfants" et "non au massacre du vivant". Parfois, ils "sont les chaises sur lesquelles  elle assied le monde". Pour qu'il tienne un peu. Encore un peu.

 

Extraits :

 mardi 20 janvier, si mal, n'être que, n'être pas, perdue la folie, tuer ces dessinateurs, des êtres seulement humains et leurs proches ou ceux qui les défendaient ou des Juifs pour être Juifs, ou êtres humains, on peut tuer des hommes qui rient cibles, attentats, exécutions, sale guerre des civiles délations se débarrasser de, il prenait toujours la place de parking dire qu'il n'est, qu'il a, blasphémé, c'est-à-dire, non tué, mais parlé trop de chiffres et nombres / de bouches à rire, pas le droit de vivre n'a, même mal, de guingois mon devoir le leur dois, ne jamais ni en rabattre ni en lâcher les mots, surtout pas, pour, tous ceux qui comme Charlie Hebdo, même contre, pensent libres (Claude Favre)

 

J'aime à savoir qu'il y a une personne de plus qui chemine en moi

comme un chien ancre sur mes traces

une âme accolée qui foule le sol et tousse après moi

qui tombe et se relève

qui me corrige qui me nourrit 

qui me voit dans l'avenir forcé

[son défilé de poussières]

mon côté fossile

je me tenais à la porte de ma maison dans l'attente de ce décollement

le contact visuel avec l'autre partie de moi (Roxana Crisólogo)

 

Thermos fêlé de Claude Favre est publié aux éditions L'herbe qui tremble avec des peintures de Jean Dalemans. Il coûte 15 €. 

Un día me iré sin llevarme nada / Un jour je m'en irai sans rien emporter de Roxana Crisólogo, traduit de l'espagnol du Pérou par Patricia Houéfa Grange, est publié en bilingue par l'association Kaléidoscope Laboratoire Culturel (KLAC). Il coûte 12 €. 

* Claude Favre vient de remporter le prix de poésie du Bellovidère 2024 pour son recueil Ceux qui vont par les étranges terres les étranges aventures quérant, publié aux éditions Lanskine (et chroniqué sur ce blog).

jeudi 28 mars 2024

Collectif Pour Le Moment, Du menuisier de Nevers à Lorca et Darwich

Le mercredi 26 mars au Marché des Douves à Bordeaux, le collectif Pour Le Moment a réuni une quarantaine de personnes autour de la poésie. Une belle réussite pour ce premier événement grâce à Rémi Letourneur, organisateur, interviewer et...barman.

Dinah Ribard a ouvert la soirée avec une communication simple et enjouée autour de la poésie ouvrière du 17ème au 19ème siècle. Son dernier livre longuement médité, Le Menuisier de Nevers (conjointement édité par Le Seuil et Gallimard) croise habilement histoire et sociologie, anthropologie et littérature.  Le menuisier de Nevers s'appelait Adam Billaut et sa poésie, publiée à Paris sous Louis XIV, a été célébrée jusqu'à ce que la IIIème République soit-disant égalitaire la fasse disparaître... A la même époque, la très libérale Angleterre accordait à ses poètes-ouvriers (oeuvriers pourrait-on dire) une place significative dans les manuels scolaires. Dinah Ribard démontre ainsi que "la littérature n'enregistre pas le mouvement de l'histoire : elle est une forme d'action qui transforme les voies d'accès à la parole publique et façonne l'histoire des classes sociales".

La figure haute en couleurs de Jacques Boé, dit Jasmin, (1798-1864), poète et coiffeur qui déclamait ses textes en langue d'oc devant un public nombreux est également évoquée. Ce qui permet à Dinah Ribard de tordre le cou à une idée reçue : le "petit peuple" n'était pas systématiquement analphabète. L'historiographie "officielle" du XXème siècle s'est longtemps fourvoyée en faussant la perception des inégalités... Les gens d'en haut, clercs patentés par la bénédiction divine, veillaient à ce que ceux d'en bas soient maintenus dans la crasse de l'ignorance. Les travaux de déconstruction/reconstruction de Jacques Rancière, parmi d'autres, ouvrent de nouvelles voies à nos représentations et s'avèrent salutaires à notre époque plus que jamais menacée par la misère sociale...

 

Après une courte pause arrosée de bière et de vin, les membres du collectif ont lu les textes des uns et des autres, nus ou accompagnés au piano, sans préciser le nom de l'auteur. Lequel s'efface derrière les mots. Une volonté séduisante loin des postures clinquantes à la mode et des batteurs de planches vermoulues. Le public, toutes générations confondues (autre souhait du collectif), y a été sensible.

 

Enfin, dernier moment de la soirée, un duo fascinant. Julien Gobin  à la guitare et Antoine Ricouard à la voix (espagnol, arabe et français) pour célébrer l'Andalousie. Celle du royaume de Grenade et du romancero gitano. Portée par le chant profond de Federico García Lorca, Antonio Machado et Mahmoud Darwich qui, rappelons-le, disait sa poésie devant plusieurs milliers de personnes sur des stades. Voici quelques-uns de leurs vers :

 Tierra seca, / tierra quieta / de noches / inmensas. // (Viento en el olivar, / viento en la sierra). // Tierra / vieja / del candil / y la pena...

Terre sèche, / terre sage / des nuits immenses. // (Vent sur l'oliveraie, vent sur la montagne). // Terre / vieille / de la lampe / et de la peine... (Federico García Lorca, Poema de la Soleá)

 

Muerto se quedó en la calle / con un puñal en el pecho / No le conocía nadie. / Cómo temblaba el farol ! / Madre. / Cómo temblaba el farolito de la calle !...

Il est resté mort dans la rue / un poignard dans la poitrine / Personne ne le connaissait. / Comme tremblait la lanterne ! Mère. / Comme elle tremblait la petite lanterne de la rue !... (Federico García Lorca, Poema de la Soleá)

 

Era un niño que soñaba / un caballo de cartón. / Abrió los ojos el niño y el caballito no vio. / Con un caballito blanco / el niño volvió a soñar ; / y por la crin lo cogía... / Ahora no te escaparás !...

C'était un petit garçon qui rêvait / d'un cheval en carton. / Le petit garçon ouvrit les yeux et ne vit pas le petit cheval. / D'un petit cheval blanc / le petit garçon se remit à rêver ; / et par la crinière il le prenait... / Maintenant tu ne t'échapperas pas !... (Antonio Machado)

 

Une rue lisible. / Une fille / Sortie illuminer la lune. / Et des pays lointains, / Et des pays sans traces... // Un rêve salé. / Une voix / Qui creuse la hanche dans la pierre. / Va, mon amour, / Sur mes cils... ou sur les cordes. (Mahmoud Darwich, Air gitan

Le collectif Pour Le Moment, tout à la joie de ce premier succès soutenu par le Poquelin théâtre, prépare déjà une autre soirée. Rendez-vous au mois d'avril. 

* Julien Gobin est également auteur d'un essai récemment paru chez Gallimard,  L'individu, fin de Parcours ?.

* Le poème de Mahmoud Darwich n'est pas de ceux dits par Antoine Ricouard mais correspond bien à la mythologie andalouse, d'une rive à l'autre.

* La traduction de Lorca, copiée sur internet, laisse un peu à désirer mais qui suis-je pour retraduire ce génie de la littérature espagnole ?

 

mercredi 27 mars 2024

Tom Saja, Cette main qui tient le feu

Les premiers émois, les premiers vertiges dans le partage ou la malédiction du feu n'ont pas changé depuis le temps des cavernes. Le futur annoncé est aussi un brasier, une débâcle. "Des milliers de siècles plus tard / il bruine / sur le monde en ruines / il pleut / sur le monde en feu", écrit Tom Saja dans Cette main qui tient le feu.

Les mégalopoles, ces cocons trompeurs, ont remplacé les cavernes et il faut les quitter. Il y a urgence. Le temps n'attend pas. Le corps non plus, dont [l'oeil est en vrac et le poumon déforesté]. Mais l'amour est là ; il sauvera du mal. Commence un long voyage à deux dans un décor en déroute qui évoque les grands romans de l'avenir fracassé, (La Terre demeure de George R. Stewart par exemple). Après bien des péripéties dans une guimbarde bambocharde, avec pour unique boussole les "épaules caramel" de l'aimée, un havre enfin se profile. Défini ainsi dans le recueil, sur deux pages :

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Puis, encore :

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Il s'agit d'un lac à flanc de montagne dont l'eau "épouse la terre comme un jour nous épouserons aussi la terre", avec d'infinies patiences pour que l'amour porte des fruits pleins de promesses. Dans l'ardeur des [mains  qui tiennent le feu]. Et Tom Saja, tantôt presque bucolique et tantôt presque trash, de nous livrer une écriture où émotion et humour ont de beaux tutoiements.

Et l'enfant paraît avant que de naître, comme aux premiers souffles du monde, à mille lieues "du monstre aux dents de macadam".  Il cogne du poing dans la matrice alors que des "carpes imaginaires" brouillent la ligne du lac. La vie désormais s'organise à trois, dont il faut avitailler le corps et l'âme. Et l'inquiétude affleure entre les joies ordinaires des gâteaux et du chocolat. "l'amour est dans chaque recoin / la mort dans chaque angle mort". 

                                °                 °

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Et, plus tard, l'enfant aura grandi, le désir en lui comme "un dard invisible" portera loin ses regards et ses rêves. Avec toute la mémoire diffuse des ancêtres de ses ancêtres. Et sa main tiendra le feu. 

Cette main qui tient le feu de Tom Saja est un ensemble qu'on peut apparenter au récit et nous en aimons le mouvement qui déplace les lignes, en surface et en profondeur. A la faveur des étincelles que le lecteur ne manquera pas de saisir.

 

Extraits :

 

L'aube s'était drapée d'évidence

les oiseaux se découpaient dans les pointillés de la 

nuit

et les heures baignées de miel coulaient le long de nos

gorges endolories

 

le silence m'a laissé comprendre seul

qu'un matin tu partirais

*

Nous offrions la sueur du jour aux rivières vagabondes

avalions des boîtes de conserve froides

avant de dormir sous la chaude lune

dans le murmure des créatures

*

Chacun avait quitté sa campagne d'enfance

rejoint la digestion de la mégalopole

troqué l'ocre du chemin pour les bris de verre

fientes de pigeons et molards en attente

d'évaporation

 

nos pompes encore parsemées de la poussière d'antan

nos têtes à poux étrangères aux ciseaux d'argent 


L'ouvrage est publié aux éditions Exopotamie dans la collection Eclats avec une superbe huile sur toile en couverture signée Xarli Zurell. Il coûte 17 €.

 

samedi 23 mars 2024

Fiction politique, 12/09/2030, Les nouveaux dictionnaires


Les nouveaux dictionnaires de langue française sont arrivés. Ils comptent 250 pages. En version physique et numérique, cela représente une économie substantielle de Co2. Le gouvernement de Jordan Bardella se félicite de ce résultat qui démontre sa volonté de promouvoir une écologie ardente au service des citoyens français. 

Sous la présidence de Marion Maréchal, ministre de l'Education civique et morale, la commission de lexicographie a efficacement oeuvré pour le plus grand bien commun. Après avoir banni dès 2027 les vocables concernant l'écologie, elle a éliminé les champs sémantiques suivants :

Philosophie, Sociologie, Psychologie, Sexologie, Psychanalyse, Linguistique, Pédagogie, Economie, Droit des affaires, Presse, Anthropologie, Islamisme, Judaïsme, Communisme, Socialisme, Luttes sociales, Histoire coloniale, Féminisme, Etudes de genre, Poésie.

Ont été également supprimés les vocables d'origine arabe, soit 5% du lexique. L'éradication des vocables issus des autres pays africains est également prévue en 2031, sous la haute autorité de Pascal Praud, ministre de la Culture française populaire. 

Les citoyens ayant en leur possession l'ancienne version du dictionnaire sont aimablement priés de la ramener  au Comité de district du parti. Elle sera brûlée dans des incinérateurs à récupérateur d'énergie. Laquelle sera destinée à limiter l'impact environnemental de la glorieuse entreprise de déforestation conduite par Bouygues en Auvergne et dans le Vercors.

En son infinie bienveillance, Pascal Praud promet de n'engager aucune poursuite judiciaire contre les citoyens réfractaires sauf en cas de prosélytisme  pour l'un ou l'autre des champs sémantiques mentionnés ci-dessus. Une peine de travaux d'intérêt général de trois semaines est alors envisagée dans le cadre des activités du ministère de la Jeunesse et des Enfants de troupe. Les récidivistes seraient enrôlés pendant une année dans les grands chantiers extérieurs de la nation : construction de l'île artificielle de Bernard Arnaud, bienfaiteur de la Patrie, transformation du Cameroun en complexe agro-alimentaire robotiquement assisté, terraformation de la mer Méditerranée le long des côtes africaines... 

Enfin, à la demande de notre chère Christine Boutin, ministre de du Travail, de la Famille et de la Patrie, les contrevenants les mieux faits de leur personne devront s'acquitter de divers services lors des soirées libertines qu'elle organise avec Geoffroy Lejeune, notre très estimé ministre du Christ-Roi ressuscité...

Image : L'Espoir en lambeaux

 

jeudi 21 mars 2024

Fiction politique, 3/04/2029, Exécution de Aya Nakamura


La révolutionnaire ultra-gauchiste et wokiste Aya Nakamura a été guillotinée ce 3 avril sur le parvis de l'Etoile radieuse en présence de dix mille spectateurs. La cérémonie, filmée par la chaîne d'Etat Cnews, a été diffusée sur grand écran en toute place de Paris. Le gouvernement de la France   indivisible y a assisté dans son entier. Philippe de Villiers, ministre de la justice et de la reconquête morale et Christine Boutin, ministre du Travail, de la Famille et de la Patrie ont offert au public de beaux et vibrants discours. Le JDD est heureux de pouvoir vous les offrir dans leur intégralité sans supplément de paiement sur justificatif de nationalité française depuis dix générations.

Discours de Philippe de Villiers :

Mes chers patriotes,

La justice a tranché et sa lame ne tremblera pas. Dans quelques minutes, le temps que les baraques à frites finissent d'installer leurs stands, la civilisation de la France éternelle s'enrichira d'un nouveau succès. Je ne m'attarderai pas sur la honte absolue que représente la ci-devant condamnée pour le genre humain. Je vous sais convaincus de toutes les actions courageuses menées par notre gouvernement. Je vous sais réunis dans la même foi pour l'élévation morale. La lame de la justice, ce glorieux airain contre les faibles et les dégénérés, nous rapproche un peu plus chaque jour de l'esprit divin. Dans quelques mois, après un procès équitable et totalement transparent, ce sera au tour de Bilal Hassani de rejoindre en enfer la ci-devant condamnée et les frites, nous y veillerons, seront encore meilleures. Enfin, après la bénédiction urbi et orbi de Monseigneur de La Fraternité sacerdotale, n'oubliez pas que les vendeurs de bière estampillés Puy-du-Fou vous attendent aussi sur la place.

Discours de Christine Boutin :

Mes chers enfants,

Vous connaissez les valeurs humanistes qui guident mon action politique depuis plus de cinquante ans. J'en parlais encore ce matin à l'hologramme de Josemaría Escrivá de Balaguer, mon confesseur, en sirotant quelques coupes d'Arbois. L'exécution à laquelle vous allez assister n'est pas l'expression d'une vengeance aveugle au nom d'une idéologie délétère mais la volonté suprême du peuple qui a porté triomphalement notre présidente au pouvoir après des décennies de chaos. Je sais la valeur de votre courage et la grandeur de votre engagement afin de poursuivre notre entreprise de purification pour transcender notre vivre-ensemble français. Une tête mal faite roulera bientôt dans la poussière et, dans le même temps, une nouvelle étoile au cristal sans tache illuminera le ciel. A genoux mes enfants, et abreuvons-nous de sa sainte lumière. Enfin, je signale, à côté des vendeurs de frites et de bière, la guinguette dédiée au château des Nonnes qui pètent, premier cru de Haut-Marbuzet 2025. Sur présentation de la carte de notre parti, à jour de cotisations, vous bénéficierez d'une ristourne de 50 % et les financiers à l'effigie de feue Sa Majesté Marie-Antoinette sont gratuits. Amen !

Image : L'Espoir en lambeaux

Fiction politique, 28/06/2027, Le RN gagne les élections législatives


Après avoir remporté l'élection présidentielle avec près de 54 % des suffrages, Marine Le Pen et le Rassemblement National ont obtenu 167 sièges lors des législatives du 28 juin. Le Premier ministre Jordan Bardella devra donc trouver une force d'appoint dans les rangs des Républicains (37% des votes). Eric Ciotti, Laurent Wauquiez et Rachida Dati ont déjà donné leur accord de principe. 

Le gouvernement nommé dans la foulée de la présidentielle ne sera pas remanié. En voici les principaux ministères :

Ministre de l'Intérieur et des Citoyens : Didier Lallemant

Ministre des Armées ardentes : Général d'Armée Pierre de Villiers

Ministre de la Justice et de la reconquête morale : Philippe de Villiers

Ministre de l'Education civique et morale : Marion Maréchal 

Ministre du Christ-Roi ressuscité : Geoffroy Lejeune

Ministre de la Culture française populaire : Pascal Praud

Ministre du Travail, de la Famille et de la Patrie : Christine Boutin

Ministre de la Jeunesse et des Enfants de troupe : Bruno Retailleau

Ministre de la Révision constitutionnelle : Charlotte d'Ornellas 

Ministre des relations africaines : Eric Zemmour 

Ministre plénipotentiaire des relations avec la Russie : Donald Trump

Dans la foulée de cette législative unique dans l'histoire de France, Charlotte d'Ornellas a rappelé avec émotion l'engagement de la présidente de la République dans le vaste chantier de la Révision constitutionnelle. En voici les cinq priorités :

- Création de 10 centres de rétention pour les migrants à Calais, Caen, Fréjus, Perpignan, Nîmes, Avignon, Gardanne, Béziers, Toulon et Marseille.

- Création de 10 centres de rétention pour les SDF à Paris, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Nice, Cannes, Rennes, Tours et Orléans.

- Révision de la loi sur l'avortement et les fausses couches.

- Rétablissement de la peine de mort.

- Dépanthéonisation de : Jean-Jacques Rousseau, Voltaire, Emile Zola, Victor Schoelcher, Victor Hugo, Jean Jaurès, Missak et Mélinée Manouchian, Simone Veil et Robert Badinter. Et panthéonisation de : Michel Sardou, Line Renaud, Vincent Bolloré, Jair Bolsonaro et Vladimir Poutine.

- Suppression dans tous les dictionnaires de langue française de tous les vocables concernant l'écologie. 

Image : L'Espoir en lambeaux