jeudi 20 octobre 2022

François Mauriac, Le désert de l'amour (incipit)

 


"Pendant des années, Raymond Courrèges avait nourri l'espoir de retrouver sur sa route cette Maria Cross dont il souhaitait ardemment de tirer vengeance. Bien des fois il suivit dans la rue une passante, ayant cru que c'était elle qu'il cherchait. Puis, le temps avait si bien assoupi sa rancune que, lorsque son destin le remit en face de cette femme, il n'éprouva point d'abord la joie mêlée de fureur qu'une telle rencontre aurait dû susciter en lui. A son entrée, ce soir-là, dans un bar de la rue Duphot, il n'était que dix heures et le mulâtre du jazz chantonnait pour le plaisir d'un seul maître d'hôtel attentif. Dans la boîte étroite où, vers minuit, piétinaient les couples, ronflait, comme une grosse mouche, un ventilateur. Au portier qui s'étonnait : "On n'est pas habitué à voir Monsieur de si bonne heure...", Raymond n'avait donné d'autre réponse qu'un signe de la main pour qu'il interrompît ce bourdonnement. Le portier confidentiel voulut en vain le persuader que "ce nouveau système sans faire de vent absorbait la fumée", Courrèges l'avait considéré d'un tel air que l'homme battit en retraite vers le vestiaire ; mais au plafond le ventilateur se tut comme un bourdon se pose."

Le roman se déroule dans les années vingt, dites folles, au sein d'une famille où on ne parle que d'argent et du bon Dieu. Le docteur Courrèges, la cinquantaine bien frappée, tombe secrètement amoureux de Maria Cross, tellement plus jeune, tellement plus belle, tellement plus spirituelle. Mais il reste sur le seuil de son désir, empêché, voire interdit...

Raymond, le fils, dix-sept ans, tenue vestimentaire négligée, ne supporte plus sa vie étriquée, entre une mère moralisatrice et les abbés castrateurs de son collège. Un soir, il rencontre Maria Cross dans le tramway, puis un autre soir, et encore un autre... Quelques regards s'échangent, quelques mots suivent. Maria Cross finit par inviter l'adolescent dans son "salon étouffé d'étoffes", lui dit qu'elle connaît bien son père...

Le fils restera-t-il aussi sur le seuil de son désir ? Quel en sera, ou non, l'objet ?

Le lecteur appréciera dans cet incipit la fonction du ventilateur. Mouche ou bourdon, il évoque ce qui hante, même quand il s'éteint.


vendredi 14 octobre 2022

Laurine Roux, Sur l'épaule des géants


Le roman Sur l'épaule des géants de Laurine Roux est peut-être avant tout (et nous verrons que ce tout n'est pas rien) une galerie de portraits de femmes au caractère trempé d'argile et d'acier. Elles sont audacieuses. Elles sont généreuses. Et follement passionnées. L'auteure, qui a plus d'un tour dans son sac à malices, observe : "Le respect des convenances était le corset de la raison." Supposons qu'elle aura pensé, en mûrissant son roman longuement médité, à l'impétueuse Pauline de Théus de Giono !
Les hommes du livre se tiennent plutôt dans un retrait fragile, une touchante faiblesse. Hommage au bouillonnement scientifique et technologique de la fin du dix-neuvième siècle à nos jours, ce sont des chercheurs et des inventeurs aux théories parfois improbables. De l'oenologie à l'aviation en passant par l'éthologie, la botanique, l'entomologie et la physique des particules, leurs recherches aboutiront parfois. L'une d'entre elles ravira les palais les plus distingués.
Mais venons-en à ce tout qui n'est pas rien, loin s'en faut. Les chats du livre ont bien du bagout pour guider le lecteur à la campagne comme à la ville. Du domaine des Mûriers dans les Cévennes où vit la famille Aghulon à la capitale et notamment au célébrissime restaurant Le boeuf sur le toit, les aventures s'y succèdent tambour battant au rythme du coeur. Elles sont amoureuses et tous les risques sont pris dans les rues de Paris. Les femmes savent mener la danse de façon cavalière même en voiture. A l'occasion, le piano classique de Rose s'enivre des vapeurs du jazz, applaudi par la bande excentrique d'un certain Salvador Dalí, laquelle en pince pour la folle Eglantine...
De la joie donc, du comique tantôt troupier tantôt raffiné, et les chats Socrate et Erasme ne sont pas les derniers à claquer de la menteuse, mais, mais... La saga des Aghulon traverse le vingtième siècle brisé, martyrisé. Combien de grands troupeaux, clin d'oeil à Giono encore, y perdront leur visage ? Combien de salopards ravaleront l'humain au rang du monstre banal ?

Avec Sur l'épaule des géants, Laurine Roux nous offre un roman populaire où des parfums picaresques (dans la construction même du texte) se mêlent aux saveurs de la haute gastronomie, tout en virant en ses dédales au polar ténébreux. Et c'est aussi un roman savant. L'histoire des sciences, cette terre inconnue* où l'ignorance féconde la connaissance, est pleine de rebondissements qui amèneront le lecteur jusqu'aux portes secrètes de la bibliothèque vaticane. Parmi d'autres voyages... à déguster lentement comme les mets les plus fins. Avec en bouche un goût de "je-ne-sais-quoi" tout à fait philosophique. 

Sur l'épaule des géants de Laurine Roux, illustré par Hélène Bautista, est publié aux éditions du Sonneur. Il coûte 24 €.

* Allusion à l'essai d'Alain Corbin, Terra incognita : une histoire de l'ignorance

dimanche 9 octobre 2022

Ito Ogawa, La papeterie Tsubaki

 Hatoko, surnommée Poppo par sa voisine Madame Barbara, vit seule dans la papeterie Tsubaki où elle exerce le métier d'écrivain public. Un art autant qu'une profession. Sa grand-mère, dite l'Aînée, le lui a enseigné pendant son enfance tout à l'élevant à la dure. La calligraphie, au pinceau ou au stylo-plume, au stylo-bille même, obéit à des critères et des rituels auxquels on ne saurait déroger sans perdre sa réputation. A cela s'ajoute le choix de l'encre, du papier, de l'enveloppe et du timbre selon le type de lettre demandé par la clientèle.

Hatoko écoute avec attention les voeux de ses visiteurs, autour d'une tasse ou d'un café d'orge frais, et cherche à deviner leur sensibilité. Afin que sa calligraphie s'en imprègne. Elle sera plutôt gaie si le client semble porté à la joie, plutôt rêveuse s'il paraît enclin à la mélancolie. La rédaction d'une lettre de quelques lignes peut prendre plusieurs heures et, dans les cas les plus délicats, plusieurs jours. Hatoko peuple ainsi sa solitude de vies qui ne sont pas la sienne... Celle de madame Calpis dont la requête est pour le moins étrange, celle d'une écolière amoureuse de son maître; celle du Baron aux manières un peu brusques et toujours vêtu d'un kimono. Sans oublier madame Poisson et son enthousiasme généreux. Ces personnes qui sont des personnages se retrouvent à l'occasion pour visiter les innombrables temples bouddhistes de la ville de Kamakura. Et partager quelques plaisirs de table.

Puis, un jour, Hatoko reçoit la visite d'un jeune homme venu d'Italie. Il porte dans son sac à dos une centaine de lettres. Mais ne disons rien de l'émotion qui saisira le lecteur. Une chose est sûre, Hatoko ne sera plus jamais la même.

Ito Ogawa réussit avec La papeterie Tsubaki une belle prouesse de simplicité. Son style dépouillé, presque sec parfois, touche droit au coeur, dans la légèreté comme dans la peine. Les nombreux fac-similés en caractères japonais qui traversent le roman lui confèrent une matérialité si fragile que l'émotion monte encore d'un cran. A quoi tiennent finalement les malentendus de l'existence, anecdotiques ou graves ? La réalité est-elle aussi ineffable que les cerisiers en fleur ou le tintement grêlé des cloches à l'entrée des sanctuaires shinto ?


La papeterie Tsubaki d'Ito Ogawa est publié chez Picquier poche et coûte 9 €.

lundi 29 août 2022

Le parfum de Mathilde

 Le parfum de Mathilde m'apparaît

Avant son visage

Une infinie lenteur monte à mes narines


Quand je regarde les bateaux.

Les échelles de coupée vacillent un peu

Les corps ont moins de portance

Dans l'air qui tremble

Mathilde efface tout sur son passage

Elle appareille vers le grand large

J'imagine qu'elle s'assombrit

Quel rivage pourrait l'attendre encore

Si trop de vieilles passions mais lesquelles

La mémoire aussi a vieilli

Mathilde abandonne ses idées folles

Et s'en retourne petite chose presque

Vers l'oubli qu'elle n'aurait pas dû quitter

Je la suis le long du quai où j'entends des clapots

Sans savoir ce qui de moi disparaît

En elle

*

Emma Constance Nastassia Mathilde

J'en finirai bientôt de marcher

Avec ces visages de passage dans ma mémoire

Ces personnes qui sont des personnages qui sont des personnes qui

Mon corps les porte depuis mes enfances à retardement

Quand j'ai pu jouir enfin d'être naïf

Mais pourquoi me retourner encore

Si la lucidité cloue mes mains

Quel visage de moi ai-je pu composer

Qui ne mente pas

*

Le chemin qui reste

Sa fièvre plus lente et plus profonde

Je devine mieux l'envers de la ville

Des murmures nouveaux chuintent

Dans la gare et sur les quais

D'autres visages m'adviennent avec d'autres romans

Cette beauté-là nerveuse

Saurait tirer sur la foule ou galoper à cru

Si et si dans une tourmente

Je la nomme Pauline et déjà elle s'efface

Une fragile Otoko la remplace

Avec un lac au fond de ses yeux vides

Son amant les a tués

La folie guette encor elle a des griffes

Que le ciel se déchire

Et je n'aurai pas les mots au creux de mon ventre


(Les trois derniers textes de mon recueil inédit Se retourner sur un visage.)


vendredi 26 août 2022

Vers une société plus frugale

 J'ai pleinement conscience que mon propos suscitera çà et là quelques froncements de sourcils y compris dans mon entourage... Le président de la République n'est certes pas le mieux placé pour siffler la fin de la récréation consumériste mais il n'en est pas moins vrai que la surabondance dans les pays dits prospères condamne à moyen terme l'humanité entière.

Une image me vient alors que j'écris : celle du désert d'Atacama au Chili où pourrissent au soleil les surplus de vêtements des marques à bas coût. Cette surabondance relève surtout de la responsabilité des grandes fortunes (jets privés, grosses berlines à gogo, terrains de golf et de tennis...) et des industriels qui manipulent si bien la pulsion d'achat pour écouler leurs stocks via le maillage serré de la distribution. Le troupeau borgne des consommateurs a cependant aussi sa part de responsabilité.

Gaspillage mortifère à tous les étages de l'abrutissement. Débauches d'écrans plats, d'ordinateurs, de smartphones, de jeux vidéo, tout ça dépassé avant même la date de l'obsolescence programmée because y'a un nouveau modèle encore plus great, encore plus giga rapide. Et tant pis si cette quincaille finit dans des dépotoirs en Inde où des mômes affamés cherchent des restes de métaux précieux. Débauche de voitures itou, de plus en plus souvent deux par foyer sans justification par les nécessités du travail, et faut qu'elle soit fessue la bagnole, et qu'elle rutile en sus, pour l'épate, on n'est pas moins qu'les autres, hein ! Et si, quitte à s'endetter, on accède à la pistoche au fond du jardin, (3 200 000 en avril 2022 selon la Fédération des Professionnels de la Piscine), on a vite fait de s'croire au-d'ssus de la mare aux canards. Enfin, sujet délicat, celui des armoires à linge. Pourquoi 15 pantalons sur une étagère quand 6 suffiraient amplement ? Pourquoi 20 robes sur des cintres quand avec la moitié on a de quoi se nipper en toute saison ? Pourquoi toutes ces godasses nikées qui filent des ampoules sous les arpions ?

Entendons-nous bien ou essayons. Il serait infécond de stigmatiser le propriétaire de SUV à cinq mille balles par mois comme la meuf smicarde accro à son dressing. Et je reconnais qu'une piscine au fond du jardin, c'est agréable en juillet de s'y esbaudir. De même, j'éviterai de trop railler le tourisme de masse auquel j'ai moi-même participé quoique modestement. Cependant l'urgence est là. Les vingtenaires et les trentenaires, plus crédibles que notre président adepte du greenwashing, sont de plus en plus nombreux à tirer la sonnette d'alarme : Générez moins de déchets ! Privilégiez les circuits courts de l'économie solidaire ! Voyagez moins loin en avion et choisissez le train si possible ! Mangez moins de viande et de produits gras ! Bref, dépensez moins et mieux pour sauver ce qui peut encore l'être du climat et de la biodiversité.

L'actuelle crise économique et financière dans les secteurs de l'énergie, des matières premières et du transport des marchandises leur donne mille fois raison. Le système capitaliste doit être entièrement refondé mais les consommateurs, nolens volens, en sont aussi les acteurs au nom de l'immédiateté du plaisir. Leur demander des sacrifices, surtout quand on pense aux plus pauvres, engendre des ires légitimes contre la caste des profiteurs. Il serait plus pertinent de les accompagner vers la fin de "la servitude involontaire". Dès le plus jeune âge. Il faudrait pour cela une volonté politique affranchie des lobbys industriels et une volonté ferme des familles. Mais n'est-ce pas trop tard quand les forêts européennes s'embrasent de plus en plus tôt sous l'effet des canicules, avec en perspective des inondations automnales impossibles à contenir ?

De même, il est trop tard pour lancer un plan Marshall mondial à destination des continents les plus démunis, sous mandat onusien doté d'un vrai pouvoir d'ingérence dans le marigot des corruptions. Lequel, si par miracle il était acté, ne produirait ses premiers effets durables qu'à l'horizon 2035. Un voeu pieux, de toute évidence mais, comme le rappelle Jean-Claude Ameisen dans Les chants mêlés de la Terre et de l'Humanité, il ne peut y avoir de transition écologique sans un soutien massif aux populations les plus carencées de la planète, dans les métropoles comme dans les hameaux, urbi et orbi. Des centaines de milliards seraient immédiatement disponibles si la volonté politique en décidait. Nul doute que les fonds d'investissements sauraient y trouver leur compte dans le cadre de Partenariats-Public-Privé sous contrôle parlementaire et ils gagneraient de surcroît un peu de vertu. Alors, une fois terrassées la faim et la soif, le discours sur la nécessité de la frugalité serait audible et partagé par le plus grand nombre, indépendamment des idéologies délétères d'où qu'elles viennent. Et, peut-être, la Méditerranée cesserait de nourrir ses poissons avec des cadavres humains. 

En attendant que ce rêve devienne réalité, des petits gestes dans la vie quotidienne peuvent s'avérer efficaces s'ils se multiplient tous azimuts.En voici, par exemple, quelques-uns pour économiser l'eau, que j'applique :

- Dans les wc, ne pas tirer la chasse si la petite commission est vraiment petite.

- Sauf en cas de grosses chaleurs, limiter les douches à deux ou trois par semaine. 

- Laver ses cheveux sans shampoing une fois sur deux pour économiser le rinçage. 

- Réduire le débit du robinet pour laver cuillères, couteaux et fourchettes et laver aussitôt après usage les plats les plus sales.

- Limiter l'arrosage du jardin à un par jour en été et à 5 minutes en privilégiant les plantes en pot.

Cela dit, je n'adopte pas la posture du donneur de leçons, ayant moi-même des progrès à faire dans ma production de déchets plastiques, mais je maintiens mon propos. La frugalité et la décroissance dans certains domaines (industrie automobile, industrie textile, industrie agro-alimentaire...) sont incontournables. Ce sera l'affaire de tous, riches et moins riches, ce sera contraignant et difficile mais là réside une petite chance de salut, la dernière probablement que nous ayons encore. Sinon, ce sera le grand effondrement, irréversible. Et nos enfants, nos petits-enfants en paieront le prix fort. Même nos chats devront verser leur écot.

mercredi 24 août 2022

Luisa Fernanda Lindo, 1993

 Au petit matin un grand fracas nous a réveillés.

Les fenêtres ont explosé. Du verre partout.

Je suis descendue chercher la mémé. Elle dormait. Elle était sourde.

Mamama, lève-toi, il se passe quelque chose.

C'est peut-être la fin du monde, j'ai pensé.

Maman m'a dit : ne marche pas pieds nus.

J'ai préféré ne pas l'écouter.

J'ai couru à la porte. Suis sortie dans la rue.

Les voisins en pyjama, moi

en chemise de nuit,

le ciel, violet.

C'est la fin du moooonde ! - a crié la mémé.

J'avais treize ans, j'étais vierge et

ne croyais pas en dieu. J'ai couru mettre un pantalon.

Je suis retournée dans la rue. Tout le monde regardait le ciel violacé.

La terre continuait à trembler. La fumée

prenait mes poumons, je ne pouvais presque plus respirer.

Maman, c'est la fin du monde ? demande mon frère 

en traînant par terre un sac à dos plein de petits soldats de plomb.

Maman à genoux, disant :

C'est ma faute, c'est ma faute, c'est ma très grande faute.

Les sirènes de la police, les balles perdues dans l'air.

Cris.

Maman debout enlacée à mémé.

Mon frère debout enlacé à maman.

Premier plan.

Je ne tiens pas debout et mes bras

ne parviennent pas à m'enlacer.

Deuxième plan.

J'ai couru au coin de la rue. Cinquante mètres.

Il n'y avait plus de coin.

Mes pieds ensanglantés.


Hors champ.

*

En la madrugada un estruendo nos despertó.

Las ventanas explotaron. Vidrio esparcido.

Bajé a buscar a la abuela. Dormía. Era sorda.

Mamama, levántate, algo está pasando.

Si esto es el fin del mundo, pensaba.

Mamá me dijo : no andes descalza.

Preferí no escucharla.

Corrí a la puerta. Salí a la calle.

Los vecinos en pijamas, yo

un camisón puesto,

el cielo, violeta.

¡ Es el fin del mundoooo ! - gritó la abuela.

Tenía  trece años, era virgen y 

no creía en dios. Corrí a ponerme un pantalón.

Volví a la calle. Todos mirábamos el cielo purpúreo.

La tierra seguía temblando. El humo 

se apoderaba de mis pulmones, casi no podía respirar.

Mamá, ¿ es el fin del mundo ?- preguntaba mi hermano 

arrastrando una mochila llena de soldaditos de plomo.

Mamá arrodillada en el suelo, diciendo :

Por mi culpa, por mi culpa, por mi gran culpa.

Las sirenas de la policía, las balas sueltas en el aire.

Gritos.

Mamá de pie abrazada a mi abuela.

Mi hermano de pie abrazado a mi madre.

Toma uno.

No puedo mantenerme de pie y mis brazos 

no me bastan para abrazarme.

Toma dos.

Corrí a la esquina de casa. Cincuenta metros.

No había más esquina.

Mis pies ensangrentados.


Fuera de foco.


Ce poème de Luisa Fernanda Lindo se trouve dans l'anthologie Lima escrita, choisi par Carlos Villacorta Gonzales.

mardi 9 août 2022

Luis Fernando Chueca, Conversations avec Clara au printemps (bilingue)

Le premier jour de soleil je l'offre à ton souvenir.

"Le printemps à Lima n'existe pas", je t'avais dit,

Il n'a pas existé. 

Et ni aujourd'hui ni jamais nous ne pourrons trouver les vieux présages

Qui  appellent à le célébrer.

Ma triste cérémonie s'enlise chaque fois que je dis ton nom.

Tes mains avaient planté un jardin immense

Mais les fleurs commencent à pourrir.

Des bâtiments obscurs vont cerner ma raison

Et, surgie de nulle part, Celia la morte,

                    /à rejeter nos questions.

"Tu veux continuer à parler avec nous " ?;

je lui ai demandé c'est quoi la mort et elle m'a dit qu'un homme vient

en été avec un grand manteau noir sur le dos.

Puis tu t'es moquée,

Mais les vieux noms de l'histoire ne changent pas de place,

                    /et toi tu le sais.

Le premier jour de soleil reste dédié à ta mémoire,

Et quelque part, Clara, tu naîtras à mon souvenir.

Nous avons grandi sous le signe mauvais du serpent

Et nous n'avons pas pu supporter les marques de la lune ;

Cela dit, c'est mon histoire et non la tienne

Ma solitude en peine vague lentement dans les rues

J'ai posé de nouvelles questions sur la mort

Et j'ai senti une main sur ma hanche, 

Mais ce n'était pas un signe des dieux

Ni Celia, ni toi souriant sous un masque

Ce n'était même pas une réponse.

Le printemps à Lima n'existe pas, je te le redis,

Et même si nous étions assis des heures et des heures à discuter,

Il n'existerait pas davantage.

Nos chemins sont des durées immuables

Impossibles à nommer avec des mots connus.

Et pourtant, le premier jour de soleil est à toi

Appelons-le comme tu voudras.

*

El primer día de sol lo ofrezco a tu recuerdo.

"La primavera en Lima no existe", te había dicho,

No ha existido,

Y ni hoy ni nunca podremos encontrar las viejas señales 

Que llaman a celebrarla.

Mi triste ceremonia se estanca cada vez que te menciono :

Tus manos habían construido un inmenso jardín 

Pero las flores comienzan a podrirse.

Oscuros edificios se disponen a rodear mi entendimiento

Y de algún lugar llega Celia, la muerta,

                            /a contestar nuestras preguntas.

" ¿ Quieres seguir hablando con nosotros"? ;

le he preguntado por la muerte y me ha dicho que un hombre sale

en verano con una enorme capa negra en las espaldas.

Luego te has burlado,

Pero los viejos nombres de la historia permanecen en su sitio,

                            /y tú lo sabes.

El primer día de sol queda ofrecido a tu memoria,

Y en algún lugar, Clara, nacerás a mi recuerdo.

Crecimos bajo el signo vil de la serpiente

Y no ha sido imposible soportar las marcas de la luna ;

Si embargo, es mi historia y no la tuya

Mi triste soledad deambulando lentamente por las calles.

He preguntado nuevamente por la muerte

Y he sentido una mano en la cintura,

Pero no fue un saludo de los dioses 

No Celia, ni tú sonriendo en una máscara

No ha sido ni siquiera una respuesta.

La primavera en Lima no existe, te repito,

Y aun nos sentemos horas de horas, discutiendo 

Seguirá si existir.

Caminamos sobre un tiempo irreversible

Incapaz de ser nombrado con palabras conocidas.

Si embargo, el primer día de sol te pertenece 

Y es posible llamarlo como quieras.


Poème publié dans Lima Escrita, Arquitectura poética de la ciudad 1970-2020 par les éditions Intermezzotropical.

dimanche 7 août 2022

Lima escrita : arquitectura poética de la ciudad 1970-2020, Carlos Villacorta Gonzales

Ce livre est une anthologie qui visite et revisite l'architecture poétique de la ville des années 1970 aux années 2020. Carlos Villacorta Gonzales en est le maître d'oeuvre et d'ouvrages. 

"Toute ville mérite des poèmes qui parlent d'elle, de ses habitants, de ses bâtiments, de ses rues, de l'expérience urbaine qui va du désir à la réalité puis au rêve. Ce registre porte la marque des citadins qui la traversent et témoignent avec leurs mots de leur cheminement personnel."

L'anthologie est divisée en sept parties : La ville de la grace, Districts, Liméniens, En quelque vieille rue de Lima, Passants, Hors les murs et Saisons

La ville, cette invention chère à Italo Calvino, est d'abord un portrait global de la joie en sa jeunesse malgré la violence du chaos urbain. S'en suit un essai de topographie de quelques quartiers (la ville en compte 43), dans le flou à l'intérieur même des espaces urbains. "Où commence et où finit la capitale ? Quelles sont les voix qui déambulent ?", s'interroge Carlos Villacorta Gonzales. Et pourtant, les poètes y reconnaissent leurs voisins, les gosses qui jouent avec une balle de chiffons ou les chats espiègles du parc Kennedy.

La troisième partie nous montre quelques personnages de l'enfermement urbain, déchus de toute citoyenneté et même du droit de vivre. N'oublions pas que la ville est défigurée par le libéralisme le plus outrancier depuis une trentaine d'années. Les vendeurs ambulants sont chassés des rues, le nouveau Lima doit être propre pour aborder les mirages économiques du vingt-et-unième siècle. Puis des passants passent ou ne passent pas, la déroute urbaine brise les lignes changées en chimères. Ainsi, une voiture tourne inlassablement autour d'un rond-point, folle toupie des rêves impossibles.

Et pourtant, En quelque vieille rue de Lima, des rencontres amoureuses ou simplement érotiques ont lieu sous le "soleil retrouvé" ou [dans le gris silence du soir venant]. Il n'en va pas forcément de même Hors les murs. "On rencontre là-bas les migrants, les exilés, mais aussi ceux qui parlent depuis les lieux invisibles, comme les falaises et les récifs de la Costa Verde ou le désert à l'entour, et c'est, dans la même durée, la ville." Pour accomplir, peut-être, les rêves dont on rêve.

La septième partie de l'anthologie, Estaciones, rappelle ce constat que font la plupart des Liméniens. Il y a une seule saison par an : la brume. Le visage de la ville est si éphémère qu'il semble manquer d'existence. 

Et Carlos Villacorta de conclure pour sortir du labyrinthe. "Lima, la ville du mirage, est un palimpseste de la mémoire où vivent ensemble plusieurs générations familières. Voilà le chant polyphonique dont j'ai voulu témoigner dans ce livre, celui de la ville qui parle et chante, qui tremble et songe, qui aime et désire, qui garde pour elle ses secrets les plus enfouis."

Extraits :

Voilà que s'ouvre la nuit.

Voilà que s'ouvre le temps. 

Voilà que s'ouvre la grande porte de Lima.

Un grondements comme des ciels qui craquent,

comme des hommes qui grincent.

Ecoutez les petits animaux et les hommes bannis, voilà

que s'ouvre la porte de Lima.

Ouvrons les yeux. Un seul cri encore signe unique de l'humaine

souffrance,

et le premier homme sera passé.

Avec son chargement craintif de grigris et d'arc en ciel, eux,

les exilés,

voilà que nous ébranlons la porte de Lima. (Cesáreo Martínez)

*

Le paradis des poètes est plein de femmes qui vont au marché

Et de petits vieux qui t'observent en douce depuis leurs fenêtres

          /comme d'anciens revenants 

Peut-être ont-ils écrit des vers en un temps que je n'ai pas connu

Le temps où ma mère petite fille encore se  promenait en tenant

          /un singe par la main

Il n'y a plus de singe aujourd'hui

Et les rêves sont morts en elle (Victoria Guerrero)

*

Rimbaud est apparu à Lima le 18 juillet 1972. 

Il est venu par la rue basse avec un pardessus noir et une paire de bottines marron.

On l'a vu à la Colmena distribuer des tracts pour la grève des maîtres d'école et marcher tristement avec les ouvriers cordonniers de l'usine ElDiamante Y Moraveco S.A., réapparaître

sur la petite place

San Francisco à donner à manger aux pigeons et dans une cafétéria où il émiettait du pain dans un café au lait alors qu'il relisait un journal du soir entre étonnement et stupéfaction. Les gens qui l'ont vu affirment qu'il était fatigué et qu'il fumait comme un condamné cigarette sur cigarette. (Jorge Pimentel)

*

Avoir 30 ans ne change rien sauf qu'on se rapproche de l'attaque cardiaque ou de l'ablation de l'utérus. Maladies mises à part

Nos intestins coulent et passent de l'être au néant.

Voilà que je me réveille de nouveau à Lima, femme encore à mesurer sa taille dans les vitrines et préoccupée comme beaucoup par le va-et-vient de son cul transparent.

Lima est une ville comme moi une utopie de femme. (Carmen Ollé)

*

L'anthologie Arquitectura poética de la ciudad 1970-2020 a été publiée en novembre 2021 par Intermezzotropical au Pérou. Le prix n'est pas indiqué.

intermezzotropical@gmail.com

PS : Je suis le traducteur/adaptateur des poèmes et des citations de Carlos Villacorta Gonzales.




mardi 2 août 2022

Alain Damasio, Les furtifs

Disons-le d'emblée ! Les furtifs d'Alain Damasio restera un roman majeur du vingt-et-unième siècle. Et peut-être le plus grand roman musical jamais écrit.


Mais qui sont les furtifs ? Voilà des créatures bien difficiles à définir. Assurément métamorphiques car hybrides, tenant à la fois de l'animal, du végétal et du minéral. Assurément intelligentes puisqu'elles communiquent par glyphes et toutes sortes d'émissions sonores très complexes à décrypter. Mais elles sont obligées de se cacher des hommes, un simple regard peut les tuer. Elles constituent de ce fait un univers parallèle où rien pourtant n'est vraiment sûr. Le mystère des furtifs ne sera jamais totalement élucidé. Le lecteur en gardera longtemps un frisson...

Le roman appartient donc pleinement à la littérature de l'imaginaire. Tout en relevant aussi de la politique fiction de proximité. Il se déroule en 2040. De recul en recul, l'Etat a remis la plupart de ses prérogatives entre les mains des multinationales. Plus d'écoles publiques. Plus d'hôpitaux publics. La police elle-même est privatisée. Les grandes villes françaises sont la propriété de grands groupes économiques et financiers. Ainsi, Paris a été acheté par LVMH et Marseille par Orange. Les citoyens sont divisés en trois forfaits : Standard, Premium et Privilège. Tous sont équipés d'une bague multifonctions qui trace leurs déplacements par reconnaissance faciale, mais aussi leurs émotions et leurs désirs. C'est l'avènement du bonheur instantané où les besoins de chacun sont anticipés. Exemple : un individu marche dans la rue en boitant et un drone (ou un bourdrone, de la catégorie des intechtes comme les cigales en carbène, fleuron de la surveillance civile) lui indique la pharmacie la plus proche pour acheter un baume de telle marque. Les dits citoyens peuvent évidemment déconnecter leur bague, on n'est pas en dictature hein, mais la déconnexion est immédiatement enregistrée par les multiples structures de contrôle. Cependant, comme dans le précédent roman de Damasio, La zone du dehors, les ostracisés qui n'ont pas pu se payer le forfait standard organisent des réseaux de résistance. Les anarchitectes construisent partout où c'est possible des logements alternatifs avec des matériaux de récupération. Les proferrants dispensent gratuitement des cours aux oubliés du système en veillant à ce que les miliciens du consortium Educal ne viennent pas les arrêter. Des centaines de micro-sociétés auto-gouvernées (ZAG) essaiment sur tout le territoire et pratiquent la démocratie participative.

Venons-en maintenant à l'action. Le Récif (Recherches, Etudes, Chasse et Investigations Furtives) est un département à vocation pédagogique à peine toléré par la hiérarchie militaire dont il dépend. Son organisation est elle-même furtive. "L'implantation du bâti et des places", "la répartition programmatique", "la distribution entre espace intime et public" changent toutes les semaines. Ainsi "se forme l'élite des chasseurs", dans un mouvement perpétuel où rien n'est jamais stable, pour assurer leur protection et le secret de leurs missions. La population générale ignore tout des furtifs, les polices et milices aussi. L'amiral Feliks Arshavin, aristocrate amateur de grands vins, veille amoureusement sur ses recrues de haute volte.

La dernière en date s'appelle Lorca Varèse. Son humour est décapant : "J'ai quarante-trois ans, j'ai gagné vingt ans ma croûte en sillonnant des communes autogérées pour les aider à vivre ensemble, j'ai une expérience des collectifs épaisse comme un boeuf de Kobé, une culture alternative plutôt überfournie, je connais dix-huit mouvements pirates, une cinquantaine de hackers IRL qui te font des bleus quand ils checkent tellement leurs mains sont blindées de bagues - mais en réalité, je ne sais pas me servir du Nut ! J'arrive au maximum à passer trois niveaux de profondeur en me luxant le poignet et en traçant des cercles de beurre sur ma table, pour tomber invariablement sur des plasmaps, ces sortes de cartes rhizomatiques qui ressemblent à des amas de synapses sur lesquelles il faut zoomer en les faisant pivoter dans l'espace pour suivre les bons axones et trouver ce qu'on cherche. Donc souvent rien."

Mais cet humour est une défense bien fragile pour ne pas sombrer dans le désespoir absolu. Lorca est marié à la proferrante Sahar. Leur fille Tishka a brutalement disparu de sa chambre à l'âge de quatre ans. Il n'y a pas d'explication. Le deuil est donc impossible. Le couple se déchire quand Lorca émet l'hypothèse qu'elle est peut-être partie avec des furtifs. Puis se ressoude lentement lors des incessantes recherches qui les mèneront jusqu'à l'île de Porquerolles. Les furtifs est un roman d'amour dont les rebondissements émeuvent à en pleurer. 

L'impossibilité de résumer brièvement un livre de plus de neuf cents pages m'oblige à taire bien d'autres personnages attachants, Saskia Larsen notamment, qui est traceuse sonore et joue magnifiquement de son olifant. Alors considérons le style. Alain Damasio le porte au plus haut niveau qui soit. Il violonne, slame, rappe, danse la capoeira et fourmille de mots-valises, (vendiants, périféeries, baraques à fric...), de trouvailles poétiques tantôt burlesques, tantôt romantiques. Parfois, truffé de signes diacritiques envoûtants, il fait de l'écriture une furtivité qui sidère le lecteur au point qu'il pourrait bien se transformer en céramique...

Lisez et faites lire Damasio, ce fin connaisseur de Debord, Deleuze, Sloterdijk, au service de l'humain qui résiste à l'hydre de la rationalité managériale. 

Publiés initialement aux éditions la Volte en 2019, Les furtifs ont paru en Folio/SF en 2021. (11, 90  €)

samedi 9 juillet 2022

Ceux qui vont par les étranges terres les étranges aventures quérant, Claude Favre

 "Imagine. N'imagine. Imagine. N'imagine. Imagine l'enfant cherchant sous les décombres ses deux parents, qui s'évanouit. Quelques images, les fièvres, les forêts en marche".

La misère du monde est inimaginable. Elle n'a pas de nom, pas de lieux dont on pourrait esquisser une cartographie sûre. Elle est, pour reprendre les mots de Chrétien de Troyes qui font le titre du recueil de Claude Favre, une errance et une quête dans l'étrangeté des terres inconnues.

Ceux qui vont par les étranges terres les étranges aventures quérant sont les "proscrits jetés...au cul-de-basse-fosse...les poursuivis, les contrôlés...ceux qui connaissent les zones grises...les oubliés, péris en mer...sous les essieux...sans papiers, sans espoir..."

Du massacre de la Saint-Barthélémy à la boucherie d'Alep en passant par l'extermination des Cherokees au dix-neuvième siècle et la sidération après Hiroshima, la grande Hache de l'histoire n'en finit pas de mettre à jour son registre funèbre. Jusque dans les bas-fonds de la Méditerranée. L'imagination tiraillée peine à susciter les histoires minuscules de ces millions de "fantômes de nos récits".

Claude Favre écrit : "Alors, dire, les noms, ou sinon les noms, les mots, ou sinon les mots, les souffles de ceux qui, sous le galop d'un siècle devenu fou, fou, par d'étranges terres, dansent, tanguent, bandent et dansent." La parole de l'auteure, impuissante à nommer, à désigner, prise dans l'étau de l'indicible, est une suffocation. Une suffocation de la pensée et de l'émotion, de l'imaginaire. Sous les bombes à fragmentation de l'épouvante, le réel tout entier se disloque dans l'éparpillement des traces. C'est "la perte de tout". Les chevaux des errants rompent leurs jarrets et la fièvre est un éteignoir quand l'espoir se dérobe et que la quête n'a plus d'horizon. Quand "l'azur est porteur de cendres", le vertige hallucinatoire guette aussi bien l'exilé sous les ponts de Paris que le chevalier ténébreux de Dürer ( couverture du livre)  en ses combats perdus.

Et pourtant. "Qui possède une langue ne se perd pas", note en aparté Claude Favre. La langue de la mémoire et de l'oubli, dans le flou qui s'ouvre au souvenir. A sa nécessité. "Te souviens-tu", répète l'auteure tout du long. "Te souviens-tu que les ombres appellent les métamorphoses." Les enfants de Deligny* le savent bien avec leurs "mots constellés de désirs" même quand ils sont muets "dans l'arrière-crâne". Les rêves alors peuvent raconter. On dit que. On raconte que. Imagine. Il y aurait.......................................

Extraits :

"Pour les autres nous avons un nom, et avec ce nom nous avons une histoire. On dit rentrer dans l'histoire. Comment le nom donné à un déjà mort se partage. Où vont les noms. Le nom des morts au réveil. Qu'est-ce que vous dites.

*

On raconte qu'il existerait un peuple n'existant pas encore, une civilisation à venir, un peuple ne voulant pas être peuple. On raconte qu'il existerait dans des écuries clandestines des juments carnivores, des chevaux chimères, des chevaux parlant, ils précèdent le soleil. On entendrait grabuges et baroufs, des cris rauques, des chants étranges, des souffles doux."

Ceux qui vont par les étranges terres les étranges aventures quérant de Claude Favre est un livre qui impose le silence après qu'on l'a lu. Un assourdissant silence. Peuplé d'images qui fuient. Comme, par exemple, dans le film de Werner Herzog, Aguirre la colère de Dieu, ou certains romans de Leo Perutz, La troisième balle, notamment.

Publié aux éditions Lanskine, ce magnifique ouvrage coûte 14 €.


* Pour mémoire, Fernand Deligny fait référence dans l'univers de l'éducation spécialisée et la prise en charge des enfants autistes dans des structures alternatives. Gilles Deleuze, parmi d'autres, s'est particulièrement intéressé à ses travaux.