Mais que faisait donc la dernière livraison de Marguerite Duras, C'est tout,
parmi les
Vargas-Mankell-Simenon-Parot eux-mêmes entremêlés au fatras des
philosophes que je m'évertue encore, tenace, à essayer de comprendre ?
Je me souviens très bien du moment où j'ai acheté ce livre, un matin chagrin d'octobre 1995 au salon du livre
de Bordeaux qui se tenait alors au hangar 5.
Je me souviens qu'à picorer çà et là quelques mots, j'ai eu les larmes aux yeux. J'avais quarante ans, je
venais de publier mon premier livre, et j'aurais pu être heureux.
Sans doute, la veille au soir, m'étais-je adonné plus que de raison à du vin trop pisseux.
Aujourd'hui, mon émotion est intacte à relire les derniers mots de la Marguerite, aussi magnifique que
tyrannique :
Caressez-moi.
Venez dans mon visage avec moi.
Vite, venez.
*
Je suis un bout de bois blanc.
Et vous aussi.
D'une autre couleur.
*
Je ne peux plus du tout tenir.
Je ne crois pas qu'on puisse nommer cette peur.
Pas encore.
Donne-moi ta bouche.
Viens vite pour aller plus vite.
Vite.
c'est tout.
vite.
*
Je crois que c'est terminé. Que ma vie c'est fini.
Je ne suis plus rien.
Je suis devenue complètement effrayante.
Je ne tiens plus ensemble.
Viens vite.
Je n'ai plus de bouche, plus de visage.
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