"des poches des tuyaux des fibres
image d'une œuvre de Jérémy Liron, La cause des causeuses.
En 1897, Hana a vingt ans. D'une grande beauté et d'un niveau de culture très élevé pour les femmes de l'époque, elle se plie au mariage arrangé par son père et sa grand-mère. Elle descend le fleuve Ki, cloîtrée dans son palanquin orné de poudre d'or. D'autres embarcations suivent avec les proches, les serviteurs en livrée et la dot, qui fait l'admiration des riverains lors des escales. Hana entre dans la famille des Matani et découvre son mari... Keisaku, propriétaire terrien, nourrit des ambitions politiques et entretient à peine secrètement quelques geishas. C'est l'usage. Hana ne s'en plaint pas. Elle se soumet de bonne grâce aux usages de sa nouvelle maison et tolère comme elle peut le frère de son mari, intellectuel ambigu et souvent acariâtre. Cependant, le devoir de l'enfantement accompli, un fils est né, porteur des plus nobles espoirs, Hana prend peu à peu un ascendant discret sur la carrière de son époux...
En 1903, naît Fumio. Ses pleurs et ses cris, d'une ra
e violence, annoncent une personnalité hors du commun. A l'école secondaire, ses tenues excentriques suscitent la réprobation d'autant qu'elle adopte des attitudes de garçon manqué, allant même jusqu'à faire de la bicyclette. Si au moins elle ne revendiquait pas des opinions politiques sulfureuses ! Elle n'a que le mot démocratie à la bouche. Et ses disputes avec Hana sont très âpres quand elle refuse de jouer du koto qui incarne la tradition honnie. Etudiante à Tokyo, elle participe avec ardeur à une revue littéraire qui milite pour les droits des femmes. Comme, notamment, celui de pouvoir choisir son mari. Fumio épouse Eiji Harumi en 1925. Le couple, fasciné par la modernité occidentale et le cinéma américain, part vivre à l'étranger.
Après avoir donné naissance à deux fils dont un mort en bas âge, Fumio accouche d'Hanako en 1931, par temps de neige. Ayant vécu de nombreuses années à New York, la jeune fille ne connaît rien de la culture traditionnelle de son pays quand elle rentre au Japon. Intellectuellement précoce, elle écoute avec la plus grande attention les récits de sa grand-mère. Puis la guerre arrive. Hanako participe à l'effort de la patrie en cousant à la chaîne des cols sur des uniformes. Le déclin s'annonce. Les propriétaires terriens perdent la plupart de leurs biens fonciers. La nourriture même vient à manquer. La mort emporte des êtres chers. L'avenir sera-t-il moderne ? Ou bien...
Sawako Ariyoshi, (1931-1984), a été qualifiée par la presse française de Simone de Beauvoir du Japon. Son roman, Les dames de Kimoto, autant sociologique que psychologique, avec ses violences feutrées (ou pas), est une oeuvre remarquable.
Disponible en folio