Lu Le Grondement de la montagne de Yasunari Kawabata. Relu Manazuru de Hiromi Kawakami. Du Japon des années 1950 aux Japon des années 2000, un sentiment de permanence dans l'attachement aux rêves flottants, poreux. Et cette question récurrente de la disparition, dans un Japon qui aurait pu sombrer sous le feu nucléaire. Dans un Japon où tout un chacun, encore aujourd'hui, se demande si la réalité existe.
Le Grondement de la montagne évoque un homme vieillissant. Il se perd dans ses gestes et ses souvenirs manquent de contours. Ses pensées sont confuses. Est-il possible qu'il soit amoureux de Kikuko, la jeune femme au cou fragile de son fils ? Où est donc passé le mari de sa fille ? Et la mort plane, prélève à petits pas sa part du corps. Le paysage même en éprouve le vertige. Les érables. Les cerisiers. Les gingkos. Avec oiseaux et sans oiseaux. Cependant qu'un avion américain traverse l'ombre de la montagne...
Manazuru évoque une femme dont l'époux a disparu à la fin de l'été. Elle le cherche dans une station balnéaire où il s'est peut-être rendu. Elle lit et relit le journal qu'il tenait. Notations ordinaires de la vie au travail et à la maison avec leur fille Momo. Elle interroge les bercements de la pluie, les grondements de la mer sans cesse recommencés. Et il y a cette ombre qui s'emboîte à ses pas. Une ombre et une voix de femme. Elle sait quelque chose mais parle par énigmes. Le mari aurait pris un bateau, là, à cet endroit battu par les vents et les hérons blancs... La marque du paysage encore, pour élucider le flou, l'incertain...
La quatrième de couverture du roman de Kawabata dit cela : " Le style de Kawabata s'apparente aux peintures d'Extrême-Orient où la trajectoire d'une ligne courbe arrive à recréer la profondeur d'un paysage."
Cette remarque s'applique aussi bien à l'écriture de Hiromi Kawakami. Une puissance identique dans le trait rapide, presque jeté sur la page, y compris dans les dialogues. Egale profondeur des paysages et des visages, tour à tour disjoints et fondus, pour désigner l'improbable. " Tout n'est qu'apparition, affleurement, illusion, chez cette romancière de l'invisible, attachée à l'énergie ensorcelante des petites choses du quotidien", écrit Marine Landrot du magazine Télérama.
Deux romans à lire en miroir, en se demandant si on existe.
La quatrième de couverture du roman de Kawabata dit cela : " Le style de Kawabata s'apparente aux peintures d'Extrême-Orient où la trajectoire d'une ligne courbe arrive à recréer la profondeur d'un paysage."
Cette remarque s'applique aussi bien à l'écriture de Hiromi Kawakami. Une puissance identique dans le trait rapide, presque jeté sur la page, y compris dans les dialogues. Egale profondeur des paysages et des visages, tour à tour disjoints et fondus, pour désigner l'improbable. " Tout n'est qu'apparition, affleurement, illusion, chez cette romancière de l'invisible, attachée à l'énergie ensorcelante des petites choses du quotidien", écrit Marine Landrot du magazine Télérama.
Deux romans à lire en miroir, en se demandant si on existe.