" Nous avons tous le sentiment d'être colonisés, mais sans savoir par qui, et les anciens colonisés n'ont pas de conseils à nous donner car, qu'ils le veuillent ou non, ils sont maintenant embarqués dans la même aventure que nous. Avoir peur de l'histoire n'a ni plus ni moins de sens aujourd'hui qu'hier, mais l'enjeu est clair : si nous ne réussissons pas à la vivre ensemble, si nous en excluons une partie de l'humanité, nous ne la maîtriserons pas et sombrerons dans la violence avec ceux que nous aurons exclus. Un seul impératif donc : nous opposer- chacun pour notre part, à la mesure de nos moyens, patiemment, jour après jour, en prêchant d'exemple- à la gigantesque dislocation des forces sociales qui accompagne la globalisation de l'économie. Une volonté individuelle n'est ni plus ni moins dérisoire que mille ou dix mille autres. Où commence et où s'achève le dérisoire dans l'infini de l'Univers ?
On ne peut oublier non plus les grandes concentrations d'exclus à la surface du globe, les camps où s'entassent des réfugiés, des sans territoire chassés par la guerre ou la famine. Leur existence témoigne de l'incapacité des politiques, partagés entre résignation et cynisme, à traiter ces apparentes paralysies de l'histoire qui annoncent pourtant de nouvelles convulsions. Nous pressentons l'urgence, mais constatons l'impuissance..."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire