" L'acédie fut pour l'Eglise ce que le burn-out est au monde de l'entreprise : un affect redouté qui touche l'individu, mais qui sape aussi la foi dans le système, ce qui explique qu'il soit pris au sérieux... L'acédie... surprend, parmi les moines, les perfectionnistes de la foi aux tâches réglées et aux prières quotidiennes, qui ne reculent ordinairement pas devant un jeûne supplémentaire, ni devant un office plus matinal encore, mais qui, parfois, s'effondrent. ..
Le burn-out est une nouvelle acédie. Les analogies sont frappantes. Mais la plus marquante est que les deux affections débouchent sur le même état : la perte de foi. Si l'Eglise, en tant qu'entreprise de croyance, a tant redouté l'acédie, c'est parce qu'elle inclinait le moine à douter de l'existence de Dieu... De même, le burn-out a sur l'entreprise contemporaine un effet dévastateur. Les valeurs sont remises en question. L'omniprésence du stress est perçue comme une tentative de manipulation. Le goût du travail disparaît, lui qui était le moteur de l'activité. La motivation s'érode. Comme le moine ne parvenant plus à prier un Dieu qui ne le réconforte plus, le travailleur baisse les bras, faute parfois de reconnaissance... La croyance dans le système est définitivement ébranlée. Le burn-out est toujours une remise en cause des valeurs dominantes : il génère les nouveaux athées du techno-capitalisme."
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