Brigitte Giraud poursuit son chemin d'écriture en même temps que, bien sûr, elle est poursuivie par lui. Ce recueil inédit s'intitule Le trajet d'une voix.
au silence passé sous silence,
par les claires voies de la fenêtre.
Venir à toi.
Couler mécaniquement
ma tête dans l'anse
de ton coude.
Ce serait commencer cet instant minuscule
qui caresse nos visages,
la voix entre les mots.
*
C'est pareil pour tous, avant de s'endormir
la plume d'un oiseau.
Je suis du doigt la ligne insulaire
à la base du poumon gauche.
Un point encore, un autre.
C'est toujours côté coeur
que ça penche,
pleural comme tout.
Je me demande pourquoi.
*
Le vent et l'eau emportent ma mort
dans ses mailles minuscules.
Le couchant du silence s'envole
du papillon
les ailes si transparentes qu'à travers elles,
je te vois.
*
Le corps de la jouissance est celui de la pluie.
Lignes croisées sur la fenêtre et sur le lit.
Une trace dilatée dans une boîte à couture
où l'outrage à vif déborde
et tombe
dans un mouvement infini. Le rêve
d'une parole mortelle et
consolante.
*
Coudre le ciel ! Ou le découdre. Recommencer.
Toujours un ciel qui manque avant la chute,
dans la cage des côtes, pour voir la mer encore
voir la mer entre les cils encore
et quelques herbes hautes.
Tant tellement enchevêtrées tellement, les mailles du corps.
*
On parle trop. Encore trop.
Des mots plein la langue
qui n'atteignent pas le filet
sur la barrière.
Le jour froisse et défroisse le coeur.
La voix est une friche.
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