On peut penser à un tableau des temps anciens. Une dame, forcément charmante, lit à sa table ou dans un fauteuil un roman qui la fait rêver, empourpre ses joues. Elle porte sur les épaules une mousseline ajourée et son sein palpitant fait frissonner les mailles légères.
Renoir a peint de telles mignardises qu'on retrouve sur les calendriers des Postes et les boîtes de chocolats.
Aujourd'hui, une liseuse est une espèce d'ordinateur dont l'écran rétro éclairé séduit jusqu'aux amateurs de livres en papier. J'en suis. Je n'aurais jamais pensé qu'un jour j'en serais, mais voilà, le pas a été franchi. Grâce à ma liseuse et à sa librairie en ligne qui compte plus de trente mille ouvrages, je dévore les souvenirs de Tocqueville sur la révolution de mille huit cent quarante-huit et les premiers pas de la deuxième République. La plume est mordante, sans pitié pour les médiocres occupés à leurs rentes. De longs passages pourraient être écrits maintenant, dans notre démocratie à bout de souffle.
J'envisage aussi, depuis longtemps, de lire le duc de Saint-Simon et le cardinal de Retz. Je vais le faire, pour une somme modique.
La liseuse est également idéale pour la poésie. Les nouvelles éditions numériques Recours au poème offrent à leurs abonnés deux recueils par mois pendant un an. Cet abonnement coûte quarante-cinq euros et met ainsi la poésie à la portée de presque toutes les bourses. Un acte politique, en fait, qui détourne une technologie de masse au profit du meilleur de la littérature.
Une raison d'espérer.
Absolument nécessaire.
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