"J'emprunte la route/qui rend fou l'horizon... Je cherche le lieu qui effraie le vide." Des chimères pour un peu surgiraient sous ma plume, de commencement du monde et d'agonie planétaire. Rien n'est sûr en cette quête où les corps comme " les temps sont à refaire". Ces corps boiteux nés ailleurs que dans un ventre. Ces temps sans destination précise. Lesquels échouent à nommer l'Existence autre. Mais qui est-Elle au juste ? Comment partir à sa découverte ? "Je repense à la terre immense/qu'il m'a fallu piétiner/avant de te découvrir." Ce n'est pas là errance initiatique même si "nous avons été rejetés au monde sans destination précise". C'est à l'instant de l'infirmité en soi, dans [la ville faite de pierres, labourée à même le roc] que l'Inconnaissable peut advenir.
J'ai rarement lu, ces dernières années, un texte aussi puissant, bouleversant que celui d'Hélène Révay. Aussi énigmatique. "Un monde s'ignore au creux d'un autre", écrit encore cet auteur singulier qui [blâme le soleil et adore la pluie]. Mysticisme tellurique, fouissant les arcanes de la bête humaine ? Oui, peut-être. Mais dire cela constitue l'empêchement même de toute élucidation. Le mieux est de lire et de relire cette première oeuvre d'une jeune femme philosophe amoureuse de Samuel Beckett et de Pasolini. Des images de soupe cellulaire l'accompagnent en un grouillement infini de sang et d'étoiles. Et c'est ainsi que notre vertige est total en son branle, jusqu'à la fin et au-delà.
"Un sentiment est étalé sur le lit,
avec ses ombres et ses lumières.
Comme ce membre, posé là
et qui cartographie la rencontre.
Honteux, déjà,
D'avoir aimé avant l'amour,
D'avoir été l'amant avant l'aimé,
D'être, encore et toujours, le philosophe."
Qu'il me soit permis, enfin, d'adresser une amicale suggestion à l'équipe des éditions Recours au poème. Un jour viendra où cette maison ouverte à tous les souffles de la poésie souhaitera se lancer dans la publication de quelques tirages en papier. Alors, ce jour venu, j'aimerais beaucoup que L'écaille de la nuit d'Hélène Révay soit le premier recueil dont les pages battraient dans la lumière, nommable ou innommable.
L'écaille de la nuit, Hélène Révay, éditions Recours au poème, par abonnement ou à l'unité sur le site de la maison.
"Un sentiment est étalé sur le lit,
avec ses ombres et ses lumières.
Comme ce membre, posé là
et qui cartographie la rencontre.
Honteux, déjà,
D'avoir aimé avant l'amour,
D'avoir été l'amant avant l'aimé,
D'être, encore et toujours, le philosophe."
Qu'il me soit permis, enfin, d'adresser une amicale suggestion à l'équipe des éditions Recours au poème. Un jour viendra où cette maison ouverte à tous les souffles de la poésie souhaitera se lancer dans la publication de quelques tirages en papier. Alors, ce jour venu, j'aimerais beaucoup que L'écaille de la nuit d'Hélène Révay soit le premier recueil dont les pages battraient dans la lumière, nommable ou innommable.
L'écaille de la nuit, Hélène Révay, éditions Recours au poème, par abonnement ou à l'unité sur le site de la maison.
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