Comment définir l'existence ? Quelles limites séparent la vie de la mort ? Comment définir le temps ? Le passé et le futur ont-ils des frontières ? L'identité est-elle une ou multiple dans le grand bain de l'univers où la matière même manque de contours ?
Voici quelques-unes des questions qui hantent l'écriture d'Anise Koltz dans Un monde de pierres publié par les éditions Arfuyen. Nous lisons là une poésie nue, d'une froide lucidité en son constat philosophique. Dans la note biographique à la fin de ce volume, Roger Brucher évoque ainsi l'oeuvre d'Anise Koltz : [ Elle élabore, par brefs à-coups, une sorte de rêche continuum vital tissé en contrepoint de sa propre vie, fait peu à peu éclater, par traits et par griffes, par plaintes aussi, les schémas de l'identité...]
Ma naissance n'existe pas / c'est un nombre / qui ouvre le ventre de ma mère / comme un coffre-fort // Ma mort n'existe pas / c'est un mirage / j'ai existé avant moi / le temps m'a plagiée // Avec le ciel et l'enfer / sous mes ongles / je marche / vers mon inconciliable éternité
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Je marche à l'intérieur / de moi-même / comme à travers une forêt vierge / envahie par ses ombres // Mon sang tourne / comme un fauve encagé
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Où se cache le jour / quand s'installe la nuit / qui nous enlève nos noms / nous fait perdre nos ombres ? // Nous la traversons / comme une épreuve
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La nuit / j'entends les morts / traverser ma chambre // Venus d'un passé lointain / ils ont oublié la parole // Recouverts de plumes / tachetées de sang / ils arrivent // Devenus frères des vautours / ils me réveillent / par le claquement de leurs ailes
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