samedi 25 mars 2017

Viagem a Porto, 16

 Vendredi 17. Soleil. Le restaurant d’une galerie d’art qui donne sur le jardim das Virtudes. Avec Rui Paiva, Maria José Passos et leur amie Carmo qui se débrouille bien en français, qui aime le parler, cela se devine.
A propos de langue, Maria a posé sur la table un dictionnaire portugais/français. Le livre me semble neuf. L’aurait-elle acheté pour faciliter nos échanges ? Délicatesse. Envie de connaître l’autre. Tout cela qui pourrait sauver les hommes si…
Le vin est doux et coule avec les mots cependant qu’un énorme oranger a couvert ses branches de fruits encore pâles. Bientôt, gorgés du soleil de juillet, ils seront une offrande.
Nous parlons de tout. De littérature et d’art. De politique. Nous éprouvons le même effroi de la montée des droites extrêmes, de la corruption qui gangrène aussi bien le Portugal que la France.
Nous parlons du quotidien. Indispensable. Carmo vit à cinquante mètres de l’océan, près d’une chapelle cernée par la houle à marée haute. Jeune retraitée qui préfère la nuit au matin, elle parle de son travail de directrice d’un centre pour handicapés légers. On perçoit l’engagement dans la cause humaine, partagé par Maria et Rui qui, en tant que plasticiens, ont œuvré pendant vingt-cinq ans à ses côtés.
Un très bon moment avec un excellent gâteau à l’orange. Et je me confonds en remerciements car je suis invité. Muito obrigado.
Aujourd’hui samedi, un peu de fatigue. Lire José Saramago. Menus souvenirs. As pequenas memórias. L’enfance et l’adolescence de l’auteur à Lisbonne, dans un milieu très pauvre, voire miséreux. Qui s’élèvera un peu, un peu seulement, quand le père deviendra agent de police. De la tendresse mêlée de rudesse. De la cocasserie dans les anecdotes. Quelques menues cruautés aussi, commises ou subies. Et la découverte des mots à lire et à écrire. Pour sauver en soi ce qui peut grandir d’étrange et généreux.

Je lirai d’autres livres de Saramago. Ses romans. Commencer par cet ouvrage de souvenirs me permet d’apprivoiser l’homme, pour mieux entrer dans sa littérature. Faire corps avec.

première image, oeuvre de Maria José Passos
deuxième image, oeuvre de Rui Paiva

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