L'an dernier, après l'attentat de Nice, j'ai abondamment annoté l'ouvrage de l'historien Jean-Pierre Filiu intitulé Les Arabes, leur destin et le nôtre. Il a été publié en 2015 aux éditions La découverte. Dans l'ordre et sans commentaire, je vous livre les extraits que j'ai soulignés à l'époque.
"A la veille de l'expédition d'Egypte, le monde arabe est, pour sa plus grande part, intégré directement ou indirectement à l'Empire ottoman. Le sultan de Constantinople est reconnu comme le souverain légitime, au nom duquel la prière est prononcée le vendredi, les impôts prélevés et les militaires mobilisés... Le degré de contrôle de la Sublime Porte est variable : elle pèse de tout son poids sur les provinces d'Alep et de Damas, qui gardent l'accès aux Lieux saints de La Mecque et de Médine, ainsi que sur celles de Mossoul, de Bagdad et de Bassora, frontalières de l'Empire perse ; les Mamelouks d'Egypte, représentants officiels de l'autorité du sultan, ont plusieurs fois tenté de détourner à leur profit le pouvoir local ; enfin, les principautés dites "barbaresques", dont l'économie dépend largement de la course en Méditerranée, ont consolidé une autonomie de fait en contrepartie du versement d'un tribut régulier à Constantinople." (pages 19 et 20)
" A la différence des monarchies du Maroc, du Yémen et d'Oman, toutes trois assises sur la légitimité religieuse de leur souverain, l'Arabie centrale voit émerger en 1744 une forme inédite de contestation du régime ottoman. Un "pacte" est conclu entre le prêcheur Mohammed Ibn Abdelwahhab et la famille des Saoud, qui trouve dans l'intolérance agressive de la doctrine "wahhabite" (du nom de son fondateur) la justification de campagnes contre les tribus environnantes. Nul n'aurait alors pu imaginer l'extraordinaire postérité que connaîtra ce foyer wahhabite, enclavé et aride, dans le développement de l'islamisme contemporain.
Les quatre espaces arabes qui se construisent ainsi "hors champ" de la domination ottomane sont à la fois circonscrits et périphériques. Le pouvoir du sultan-calife de Constantinople est en revanche affiché avec faste lors de l'organisation annuelle de caravanes du pèlerinage vers La Mecque à partir de Damas, d'une part, et du Caire, d'autre part (Bonaparte prend soin d'assurer un tel rituel dans une vaine tentative pour enraciner l'occupation française de l'Egypte). Les beys de Tunis et les deys d'Alger envoient chaque année une expédition itinérante, dite mahalla, collecter l'impôt au nom du sultan ottoman dans l'arrière-pays, en un geste d'affirmation de leur pouvoir local comme des soumissions à la Sublime Porte." (pages 22 et 23)
PS : Les cartes importées depuis Google sont illisibles, les légendes notamment. Je conseille vivement leur consultation sur un média approprié.
Image de Mahmoud Darwich, conscience universelle
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