L’existence humaine…
Penser
l’ensemble de l’existence humaine relève de la philosophie. La raison s’offre
pour nous éclairer mais rien ne garantit qu’elle soit la seule voie possible
tant l’homme reste parfois un mystère pour lui-même. Faudra-t-il constater le
caractère insaisissable voire absurde de l’existence humaine ?
Seul
l’homme existe au sens fort :
Exister
au sens fort implique la conscience de
soi. L’homme se représente le cours de son existence, se demande quel sens
il peut lui donner. Il est à la fois
acteur et spectateur.
Essence
et existence :
Le
mot existence (du latin sortir de) qualifie au départ la créature par
opposition au créateur. En faisant
exister les choses, Dieu les fait sortir du néant où elles seraient restées si
telle avait été sa volonté. On peut alors les considérer sous le point de vue
de l’essence (ce qu’elles sont) ou de l’existence (le fait qu’elles sont).
Selon Leibniz, Dieu conçoit ces essences comme des possibles qu’il choisit de
faire exister ou non.
Sartre pense le contraire.
L’existence précède l’essence. Une fois au monde, l’homme doit se faire
lui-même, par ses propres choix, il est donc responsable de ce qu’il est.
La
condition humaine :
Sartre
retient l’idée de « sortir de soi » car la conscience se projette vers
un objet ou un avenir qu’elle veut se donner. Le vertige de la liberté et
l’angoisse de la finitude devant l’imperfection de la conscience incitent à
parler de condition humaine plutôt que de nature humaine.
…Et
peut-on rendre raison de notre existence ?
Pour
Leibniz, seule la métaphysique (au-delà des lois physiques de la nature) peut
répondre à cette question fondamentale : Pourquoi y a-t-il quelque chose
plutôt que rien ? Dieu a créé le
meilleur monde possible parmi une infinité de mondes possibles. Le mal y existe
dans la perspective d’un plus grand bien. Exemple : Judas trahit le Christ
mais Dieu permet cette action pour que les hommes soient sauvés.
Mais toutes les souffrances
peuvent-elles trouver une telle justification ? Dans Le concept de Dieu
après Auschwitz, Hans Jonas montre que les horreurs nazies sont incompatibles
avec toute théodicée (justification religieuse de la bonté par le mal
lui-même).
Plus modestement, on peut essayer
d’expliquer l’existence par les causes objectives de la science. L’homme
n’échappe pas à certains déterminismes (éducation, milieu social, époque
historique). Ainsi Auguste Comte veut rendre compte de l’existence humaine au
moyen de la sociologie.
Merleau-Ponty
préfère évoquer l’expérience vécue, la décrire plutôt que d’en rendre raison.
Selon
Kierkegaard, la philosophie a laissé de côté la difficulté de l’angoisse voire
du désespoir. Il lui paraît assez vain de vouloir rendre compte de l’existence
du monde, il faudrait d’abord donner du sens à sa propre vie.
L’inconscient…
La
psychanalyse désigne l’inconscient comme une partie de notre esprit qui nous
est inconnue. Pourquoi certaines de nos pensées nous paraissent-elles si
étranges ? A quel point l’inconscient détermine-t-il notre caractère et
notre façon d’agir ?
Ce
qui n’est pas conscient :
L’influence
que la société exerce sur nous, dans nos habitudes et nos coutumes, voire
l’idéologie, échappe à notre conscience : on n’a pas besoin d’y penser.
Mais l’inconscient est un terme surtout employé en psychanalyse. Pour Freud, sont conscients les processus
psychiques dont nous avons une perception immédiate. Par opposition, sont
inconscients ceux qui sont actifs sans que nous le sachions.
Ce
qui est refoulé par la conscience :
Le
préconscient peut facilement devenir conscient. L’inconscient reste maintenu à l’écart de la conscience par le
refoulement. Il est un ensemble de pensées non seulement inconnues du sujet
mais refusées par lui. L’inconscient se heurte à une résistance ou une censure.
Freud compare la vie psychique à « une arène où luttent en permanence des
tendances opposées.
Ce
qui nous détermine :
Sartre réfute l’idée que
l’inconscient influencerait notre caractère et nos pensées. Le déterminisme de
la psychanalyse est selon lui exagéré car il remet en cause notre liberté.
…
Et une pensée peut-elle être inconsciente ?
Pour
Leibniz, il faut distinguer
« percevoir » et « apercevoir ». Nous ne nous rendons
pas compte de toutes les perceptions qui ont lieu dans notre esprit.
L’impression ressentie est proportionnelle à celle du stimulus extérieur. Par
exemple, l’habitude d’entendre un bruit constant (comme celle d’une chute
d’eau) fait qu’on ne le remarque plus alors qu’un bruit inhabituel attire notre
attention. On peut donc également penser sans nous en apercevoir, de façon
inconsciente.
Mais
l’idée d’une pensée inconsciente est-elle vraiment pensée ? Le verbe penser signifie former des
représentations : juger, imaginer, désirer, vouloir… Elles supposent
nécessairement une forme de conscience. Selon Descartes, l’esprit est « la
chose pensante ».
Ce que nous faisons sans y penser
relève plutôt du corps que de l’esprit. La digestion et la circulation du sang se font inconsciemment.
De même on fait ses lacets sans y penser. C’est que la pensée
ne se réduit pas à la conscience. C’est dans les moments de crise intérieure ou d’hésitation que nous sommes le
plus conscients mais, le reste du temps, la pensée s’élabore sans attention
particulière car la conscience n’est pas sollicitée.
La
pensée doit être redéfinie comme vie intérieure qui se déroule sans que nous en
soyons informés. Nietzsche considère dans Le
gai savoir que tous les êtres vivants, à leur manière, pensent « même
s’ils ne le savent pas. La pensée désigne une vie intérieure et intime, à la
fois plus confuse, plus profonde et moins contrôlable, car elle est l’expression de l’instinct.
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