On dit : " Il (ou elle) a pleuré toutes les larmes de son corps. " Justesse de l'expression. Comprendre toutes les larmes déjà pleurées et qui reviennent, auxquelles se mêlent les houles nouvelles des humeurs mises à mal. Un ressac parti du bas-ventre qui ondoie jusqu'à la gorge : expectorant. Avec ses compressions et ses dilatations d'organes et de vaisseaux. Eau. Sel. Sang. Morve. Glaires.
On dit : " C'est tout qui remonte. " Justesse encore de l'expression. Les spasmes du corps sont aussi les spasmes des souvenirs, des regrets, des désirs, des frustrations, des émotions, des sentiments, des illusions même.
Un chaos dans le goulet d'étranglement de la poitrine qui se soulève.
Ce n'est pas du chagrin. Ce n'est pas du malheur qui suinte. En un quart d'heure c'est fini.
Reste un regard hébété dans une tête lourde. Même la transparence des choses devient quasi matérielle. Comme si tout l'être s'était épaissi d'une substance plâtreuse qui déséquilibre les mouvements.
On tituberait presque.
On reste vide un temps. Sec enfin. Quelques douleurs infimes passent. Dans le corps réel et le corps inventé.
On écrit cela. On l'écrit automatiquement. Cliniquement. On ne pense pas. La pensée aussi a été pleurée.
On l'autopsiera également, quand on aura la prétention de faire de la littérature.
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