La revue Voleur de feu, à parution trimestrielle, est une création de Double Vue éditeur. Elle propose dans chacun de ses plis une rencontre entre un auteur et un plasticien d'aujourd'hui.
Le premier numéro daté de janvier s'intitule Première étincelle. Il présente deux poèmes et deux proses d'Anna de Sandre. Une forte présence des paysages y souligne l'énigme entrevue de l'essence humaine. " Les troncs bouillonnent // Dans la neige couvre-sol // Un merle se plaint au sorbier // Des oiseleurs". La poésie sandrienne, symboliste jusque dans le choix de vocables oubliés, tisse des liens avec les mythologies des vieilles campagnes. Les "glaneuses de simples" dialoguent ici avec les sylphes au mouvement tellurique du pendule. Les âmes des morts sont emplies de colère comme [les racines plantées bas] sont assoiffées. Ce distique enfin, hésitation tremblante entre Lorca et Machado, qui assemble le chant profond d'Anna de Sandre : "Quand on mordille une bouche rieuse // On amende un désir d'argile".
Les peintures de William Mathieu, dont Les yeux du chaos et Quatre coulées de lumière, disent les fragilités de l'immensité cosmique, ses hasards improbables dans le creuset du feu cerné d'un noir absolu. La qualité des reproductions en pleine page et en vis-à-vis des textes contribue pleinement au double jeu des regards. Des regards de voyants qui précèdent le geste, qui précèdent le mot ainsi que Rimbaud les imaginait en ses illuminations.
Le deuxième numéro daté du point vernal, (intersection de lignes imaginaires sur le soleil), s'intitule L'apprivoisement. Il présente un long soliloque de Derek Munn avec en exergue ces mots de Virginia Woolf : " ... we are the words ; we are the music ; we are the thing itself." L'auteur arpente à l'envers le paradigme de la conjugaison, du pluriel au singulier. Ce jeu fort habilement conduit et toujours sensible lui permet d'égrener toutes sortes de moments dans le simple fait d'être. " ... la nuit vous fermez les yeux de votre maison, vous vous sentez isolés, vous ne sortez pas dans votre jardin, la grandeur du noir vous fait peur, vous êtes toujours un enfant, vous imaginez des hordes qui apparaissent à l'horizon, vous leur prêtez une menace, c'est encore une histoire que vous vous racontez, vous ne voyez pas qu'elle est la nôtre..." Le lecteur est séduit par l'absence totale de hiérarchie dans cet égrenage. Manger, se couper les cheveux, sortir une bouteille et deux verres... il n'y a pas de différence avec [l'entretien du silence], [l'éducation à dissoudre] ou "le son écrasé de la cloche". La chose elle-même est bien ce flux de vivre, dans cette langue-là ou dans une autre, lestée ou non d'une pierre, qui portera d'autres idées à la lumière ou à l'obscur.
Les peintures d'Antoine Henry, Service, Fruits, Home... natures mortes et paysages surgis du noir en quelques traits, pourraient s'effacer de nos yeux sans qu'on s'en aperçoive, comme une réalité impossible à fixer, tendue vers l'oubli.
La revue Voleur de feu est disponible à l'achat sur Internet au prix de cinq euros plus deux euros pour le transport ou à l'adresse de l'éditeur : Double Vue Editeur, 19 rue Maurice-Rontin, 47170 Mézin. N'hésitez pas à vous l'offrir et vivement la venue du numéro suivant, en juin avec l'apparition d'un nouveau point à la surface du soleil.
Les peintures de William Mathieu, dont Les yeux du chaos et Quatre coulées de lumière, disent les fragilités de l'immensité cosmique, ses hasards improbables dans le creuset du feu cerné d'un noir absolu. La qualité des reproductions en pleine page et en vis-à-vis des textes contribue pleinement au double jeu des regards. Des regards de voyants qui précèdent le geste, qui précèdent le mot ainsi que Rimbaud les imaginait en ses illuminations.
Le deuxième numéro daté du point vernal, (intersection de lignes imaginaires sur le soleil), s'intitule L'apprivoisement. Il présente un long soliloque de Derek Munn avec en exergue ces mots de Virginia Woolf : " ... we are the words ; we are the music ; we are the thing itself." L'auteur arpente à l'envers le paradigme de la conjugaison, du pluriel au singulier. Ce jeu fort habilement conduit et toujours sensible lui permet d'égrener toutes sortes de moments dans le simple fait d'être. " ... la nuit vous fermez les yeux de votre maison, vous vous sentez isolés, vous ne sortez pas dans votre jardin, la grandeur du noir vous fait peur, vous êtes toujours un enfant, vous imaginez des hordes qui apparaissent à l'horizon, vous leur prêtez une menace, c'est encore une histoire que vous vous racontez, vous ne voyez pas qu'elle est la nôtre..." Le lecteur est séduit par l'absence totale de hiérarchie dans cet égrenage. Manger, se couper les cheveux, sortir une bouteille et deux verres... il n'y a pas de différence avec [l'entretien du silence], [l'éducation à dissoudre] ou "le son écrasé de la cloche". La chose elle-même est bien ce flux de vivre, dans cette langue-là ou dans une autre, lestée ou non d'une pierre, qui portera d'autres idées à la lumière ou à l'obscur.
Les peintures d'Antoine Henry, Service, Fruits, Home... natures mortes et paysages surgis du noir en quelques traits, pourraient s'effacer de nos yeux sans qu'on s'en aperçoive, comme une réalité impossible à fixer, tendue vers l'oubli.
La revue Voleur de feu est disponible à l'achat sur Internet au prix de cinq euros plus deux euros pour le transport ou à l'adresse de l'éditeur : Double Vue Editeur, 19 rue Maurice-Rontin, 47170 Mézin. N'hésitez pas à vous l'offrir et vivement la venue du numéro suivant, en juin avec l'apparition d'un nouveau point à la surface du soleil.
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