Aucun doute là-dessus, Prendre les loups pour des chiens d'Hervé Le Corre est bien un roman noir. Très noir. Tous les ingrédients du genre y sont. La violence de l'argent. La violence du sexe. La violence des regards et des silences. Les trafics de came et de bagnoles. Les règlements de compte au fusil ou à la batte de baseball entre bandes rivales. Les souvenirs de la prison qui collent au coeur et à la peau. La déglingue à petits feux. Cette banalité-là, tellement réelle dans les banlieues balafrées de Bordeaux comme dans les masures de la lande girondine où le paysage écrasé de chaleur vous saute à la gorge avec ses menaces de serpents.
L'histoire est menée au pas de charge par Hervé Le Corre, implacable dans ses engrenages à broyer tout espoir de ciel bleu. Le coup de théâtre final démontre une incontestable maîtrise mais le talent de l'auteur s'exprime davantage encore dans l'écriture souvent poétique et la saisie des personnages.
Frank d'abord, pas un tendre évidemment, mais effrayé par sa propre violence quand il serre de trop près un nourrisson impossible à calmer. Un rêveur aussi, d'une petite vie tranquille, loin des méchancetés ordinaires, des veuleries, des coups bas. Pour les forcenés de son milieu comme le Gitan et le Serbe, capables de défigurer un mec et de lui crever les yeux, une fiotte.
Rachel ensuite, souvent vêtue d'une robe rouge, quasi anorexique et quasi mutique. Ecrasée par une mère qui tantôt l'étouffe de baisers tantôt la tabasse. De quoi souffre vraiment cette petite fille ? Qu'a-t-elle vu et qu'il faut taire ? Absolument taire. Qu'a-t-elle enduré dans son corps et dans son âme au point de faire la morte au fond d'une piscine ?
Frank, qui se souvient de son enfance avec son frère Fabien, s'attache à cette môme inquiétante. L'apprivoise pas à pas. Veut la protéger de ce qui la hante. Car les nuages s'amoncellent sur la masure de la lande girondine. Le paysage devient crépusculaire, hostile, surtout quand surgit des frondaisons le chien de la famille. Un chien ou un loup ? Un monstre assurément et Frank a peur pour Rachel.
Bientôt, mais quand exactement ? l'orage va éclater et ce sera terrible. Le lecteur le devine. Le lecteur tremble. Qu'au moins la gosse échappe au grand massacre ! Tous les autres peuvent bien crever la gueule ouverte mais pas elle, non, pas elle...
Prendre les loups pour des chiens d'Hervé Le Corre, titre évocateur d'un poème d'Aragon, est publié aux éditions Rivages.
image webmarchand.com
Frank d'abord, pas un tendre évidemment, mais effrayé par sa propre violence quand il serre de trop près un nourrisson impossible à calmer. Un rêveur aussi, d'une petite vie tranquille, loin des méchancetés ordinaires, des veuleries, des coups bas. Pour les forcenés de son milieu comme le Gitan et le Serbe, capables de défigurer un mec et de lui crever les yeux, une fiotte.
Rachel ensuite, souvent vêtue d'une robe rouge, quasi anorexique et quasi mutique. Ecrasée par une mère qui tantôt l'étouffe de baisers tantôt la tabasse. De quoi souffre vraiment cette petite fille ? Qu'a-t-elle vu et qu'il faut taire ? Absolument taire. Qu'a-t-elle enduré dans son corps et dans son âme au point de faire la morte au fond d'une piscine ?
Frank, qui se souvient de son enfance avec son frère Fabien, s'attache à cette môme inquiétante. L'apprivoise pas à pas. Veut la protéger de ce qui la hante. Car les nuages s'amoncellent sur la masure de la lande girondine. Le paysage devient crépusculaire, hostile, surtout quand surgit des frondaisons le chien de la famille. Un chien ou un loup ? Un monstre assurément et Frank a peur pour Rachel.
Bientôt, mais quand exactement ? l'orage va éclater et ce sera terrible. Le lecteur le devine. Le lecteur tremble. Qu'au moins la gosse échappe au grand massacre ! Tous les autres peuvent bien crever la gueule ouverte mais pas elle, non, pas elle...
Prendre les loups pour des chiens d'Hervé Le Corre, titre évocateur d'un poème d'Aragon, est publié aux éditions Rivages.
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