Violaine Ripoll vient de publier aux éditions Sulliver son premier roman, Le syndrome du caliméro dans la société postmoderne. La conviction s'ancre en moi qu'un écrivain, un vrai, vient de naître. L'histoire est banale, cruellement, mais rien n'est plus difficile en littérature que le rendu de la banalité. En 2009, le personnage principal claque la porte de son conseil d'administration en rêvant de trucider ses collègues aux " cigares tétouillés ". Il se réfugie dans la maison de ses parents, inhabitée depuis leur mort. Les souvenirs sont aussi dépareillés que le décor où " il avait été décidé de laisser vieillir l'usure ". On y tourne sans même savoir que le temps passe, sans même deviner qu'il existe.
Notre homme rencontre Sami qui subsiste de menus bricolages pour des propriétaires de villas souvent indélicats. Une nouvelle vie commence, qui le mène jusqu'au bassin d'Arcachon transformé en vaste parc de loisirs ultra sécurisé. Une existence en mobil home près de l'autoroute rebaptisée autoway par la modernité financière. Les chantiers sont de plus en plus difficiles sous le contrôle des sbires de Seacity, de plus en plus mal payés. Seule l'amitié permet de supporter la mouise, autour d'un mauvais plat de gargote et d'une bière déjà tiède. Mais les années se mettent à peser. La fatigue et les accidents du travail broient les corps sans qu'on puisse les soigner. En 2064, sonne le glas de la maison de retraite. Une lente, très lente mort va commencer...
Violaine Ripoll signe avec Le syndrome du caliméro dans la société posmoderne un ouvrage de Social Fiction qui dénonce les dérives meurtrières du capitalisme sans visage. Oeuvre de militante ? Certes oui ! Mais pour replacer au centre du monde l'humain et non le profit. L'humain dont Camus disait qu'il y a plus de choses en lui à admirer qu'à mépriser. Il faudra bien, un jour, tenir compte de ces voix qui résistent. Loin de toutes les modes, loin de tous les faux semblants.
Lisez sans tarder ce bref roman dont le style bousculé, heurté, proche souvent de la rupture, marque, je le répète, la naissance d'un écrivain. Les quarante dernières pages, notamment, sont admirables... et suffocantes...( Et rendez visite aux éditions Sulliver sur leur site. )
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