Partir en voyage. Où que ce soit. Ce n'est pas s'apprêter à consommer du paysage comme on consomme des saucisses au supermarché. Ce n'est pas, comme l'écrit Danièle Sallenave dans son beau Passages de l'Est, rendre familier ce qui est étranger mais apprendre à maintenir étranger le familier le plus quotidien.
J'entends souvent cette expression triviale : " J'ai fait le Portugal, l'an prochain je ferai le Maroc." Faire un voyage comme on fait un puzzle. Mettre bout à bout des morceaux de paysage, transformés en cartes postales ou en galeries de photos sur écran. Cela n'est pas voir. Cela n'est pas éprouver. Je propose une inversion de l'expression : " Le Portugal m'a fait, l'an prochain le Maroc me fera."
Demain donc, je serai à Porto pour trois semaines, dans un appartement au 31 rua das Oliveirinhas. Je visiterai bien sûr des sites, des musées, des églises. Je n'échappe pas au lot commun du touriste. J'irai peut-être même regarder l'océan Atlantique. Je me laisserai probablement tenter par un poulpe rôti et un cochon de lait dans quelque gargote populaire. Mais je veux sentir. Je veux éprouver. Dans la lenteur. C'est ainsi que des paysages et des regards voudront se montrer à moi. C'est ainsi qu'ils sauront me dire, me raconter.
Pas autrement.
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